Chapitre 11

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Alors que le professeur, Monsieur Rewhen, expliquait le cours de langue, Émie s'était plongée dans ses pensées.

La veille, ils étaient restés jusqu'à ce que la nuit tombe, et par chance, Weiss n'y avait vu que du feu. Ils étaient rentrés pile poile pour le dîner qui s'était avéré très copieux.

Avec tout ça, elle n'avait pas eut le temps de repenser aux derniers jours. N'empêche qu'ils s'étaient éclatés avec cette bataille de nourriture! Qui avait plutôt mal fini... D'ailleurs elle se demandait comment elle avait pu ne pas voir Mila et Rose sortir de la cuisine? Puis la course-poursuite entre Allec et elle lui revint en mémoire, puis ce qu'il s'en suivit... Elle piqua soudain un fard se rappelant le désir qu'elle lisait dans les yeux du jeune homme et qu'elle éprouvait elle aussi... La sensation qu'elle avait eut en l'approchant d'aussi près et le désespoir qu'elle avait ressenti quand la porte s'était ouverte sur son oncle, arrêtant toutes tentatives!

Soudain, elle fut tirée de ses pensées par un sursaut dû au claquement de la règle de Rewhen sur sa table. Elle releva doucement la tête vers lui et découvrit le regard noir de ce professeur qui la détestait tant. Elle ne savait pas pourquoi, mais depuis le début de son année, il l'avait dans sa ligne de mire. Peut-être parce qu'elle était arrivée en retard à son premier cours, qui sait?

M. Rewhen tapait sa règle dans le creux de sa main, le regard direct et froid, les cheveux, les yeux et le costume, noirs... Tout en ce professeur laissait à penser qu'il était fou amoureux du règlement intérieur!

- Alors Loas? Pouvez-vous répondre à la question que je viens de vous soumettre?

Sa voix crave retentit dans toute la classe. Et alors que tous les regards étaient posés sur Émie, on entendit ricaner, c'étaient encore ces quatre pestes.

De leurs ricanements, elles avaient détourné l'attention de Rewhen et avec une lenteur angoissante, il se retourna, droit et implacable, comme un chasseur entendant un nouveau bruit.

Les quatre filles se raidirent, Rewhen se rapprochant lentement suivi par le bruit régulier de ses chaussures vernis.

Il s'arrêta devant Gabrielle et la scruta de haut en bas.

- Vous avez la réponse Mademoiselle Adhis?

La classe fut soudainement calme à tel point que l'on pouvait entendre les mouches voler. Pour la première fois, Émie était heureuse que cette fille existe!

Elle se détendit et s'écroula sur sa table comme un chamalow tout juste fondu, ce qui amusa Allec.

La matinée se passa calmement pour le groupe et comme chaque midi, ils se donnaient rendez-vous dans le réfectoire des élevés et mangèrent ensemble. Quand ils furent tous installés, on leur apporta des plats qu'on disposa avec soin sur la table. On pouvait y distinguer l'entrée, le plat principal et le dessert, tout étaient mis au centre de la table, il n'y avait plus qu'à se servir. Puis le regard d'Émie se posa sur le plat principal, une assiette de pâtes recouverte d'une sauce bizarrement verte et gluante, enfin bizarre, seulement pour elle puisque ses amis avaient sauté sur le plat avant même que le cuisinier n'énonce le menu. Tel des rescapés affamés... Puis le chef vint se placer au milieu de la pièce sur une petite estrade et déclara:

- Menu du jour: tomate aux deux huiles des gnomes, pâtes à la sauce de chenilles accompagnées de sa viande de shroups et en dessert, yaourt de fruits terriens... bon appétit!

D'un coup, le brouhaha des fourchettes et des couteaux qui grinçaient contre les assiettes se fit entendre.

Alors que tous les élèves se servaient et mangeaient, Émie resta un moment fixant les trois plats qui s'offraient à elle.

- J'adore la sauce de chenilles, c'est super bon! Goûtes Émie! Proposa Mila.

- Euh... Tu sais, j'ai encore beaucoup de mal avec votre nourriture, répondit Émie, je crois que je vais me contenter de manger la viande et le dessert... 

- Comme tu voudras! Dit-elle la bouche pleine. 

Émie esquissa un petit sourire à Mila qui replongea aussitôt dans son assiette.

Le déjeuner passa à son tour, puis la soirée enfin, et vint le lendemain. Nous étions mercredi, le jour que détestait Émie, car toute la mâtiné était réservée au cours de maîtrise de magie...

Dès huit heures du matin, tous les élèves de sa classe étaient rassemblés dans un endroit gigantesque, tel un grand gymnase sur terre. Situé dans les sous-sols du château, quelques petites fenêtres en haut des murs laissaient entrer la lumière mais seuls les néons blancs éclairaient vraiment la pièce. On leur avait donné des tenues spéciales pour ces entraînements, car certains pouvoirs non maîtrisés (ou maîtrisé) étaient trop dangereux pour les pratiquer sans protections.

Le cours se divisait en deux parties, l'une sous forme de réflexion, trouver de nouvelles méthodes d'attaques, etc... et l'autre, consistait à les appliquer, quatre heures de cours en tout.

À chaque début de cours, leur professeure calculait leur flux magique en leur prélevant une goutte de sang. Ensuite, il la plaçait sur un petit boîtier et un chiffre apparaissait: le flux magique.

Alors qu'ils étaient dans la queue pour le prélèvement, après avoir revêtis sa tenue, Émie se retourna vers Allec et le regarda fixement. Quelque chose la tracassait.

- Pourquoi sont-ils obligés de calculer notre flux magique? Chuchota Émie. C'est pas si important!

- Ils surveillent juste si tout va bien, c'est pour notre santé. Répondit Allec.

- Ouais... moi je trouve ça bizarre! Rétorqua Émie.

- De toute façon tu vois le mal partout... Enchérie Allec.

- C'est normal! Il est partout! Pour quelqu'un qui depuis son enfance vie sur terre franchement...

- Tu devrais parler plus fort histoire que tout le monde t'entende! Ironisa Allec.

Elle lui tira la langue et avança en même temps que la file. Puis vint son tour. Elle tendit son avant-bras dégagé à son professeur qui lui attrapa d'une main ferme. Quand l'aiguille rentra dans sa chaire, elle eut un petit sursaut et une petite douleur apparue, mais à force de prélèvement, la douleur diminuait petit à petit. La goutte de sang prélevée, le professeur la posa sur le boîtier. L'objet émie un son strident et le chiffre apparu. Son professeur fronça les sourcils à la vue du résultat puis il redressa la tête

- Émie, tu viendras me voir quand tout le monde sera passés. Avait-il dit de sa voix grave et limite effrayante...

Elle hocha la tête et avança pour laisser place à Allec qui la regardait d'un air pleins de questions qu'elle ne put répondre que par un haussement d'épaule...



Apparence, la traque a commencé...Where stories live. Discover now