Chapitre 77

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Émie était, depuis peut-être deux ou trois heures, enfermée dans la chambre d'Allec. En sortant, sans lui donner de réponse, il avait fermé sa chambre à clef, la mettant dans tous ses états.

Elle avait tout essayé pour sortir de cette chambre: la barrette plate, qu'elle avait sortie de ses cheveux et glissée dans le petit trou de la serrure, pensant que comme dans les films, la porte s'ouvrirait, mais ce fut un échec. Ensuite, dans un élan de colère inouï, elle avait foncé sur la porte, mais elle ne daignait même pas lui offrir de l'espoir.

« Ah... satanée porte! »

Elle avait même essayé de l'ouvrir avec sa magie, mais comme elle ne savait pas vraiment comment faire, rien ne se passa... seul la porte bougea dans ses gonds.

Émie! La porte ne s'ouvre pas, va voir ailleurs! Il y a bien un moyen de sortir d'ici! Tu en trouves toujours un!

Elle scruta alors la pièce. Un lit, un bureau, un tapi, des livres, une commode, des rideaux... une fenêtre.

«La fenêtre! Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt?»

Peut-être parce que tu as failli te tuer la dernière fois que tu as voulu escalader le château?

N'écoutant pas sa conscience, elle ouvrit la fenêtre. Le froid la revigora aussitôt. Puis sans attendre une seconde de plus, elle passa une jambe après l'autre par dessus la fenêtre.

Il y avait déjà moins de vent que la dernière fois et puis elle savait mieux comment faire et surtout, elle devait juste atteindre la fenêtre du couloir. Ce n'était pas compliqué, en quelques minutes l'histoire serait bouclée et elle serait libre.

De plus, cette façade du château possédait une corniche sur laquelle Émie se dressa. Quand ses pieds nues touchèrent la pierre froide du château, des frissons remontèrent dans son cou et son cœur se mit à battre même si elle était bien plus stable sur cette corniche, que sur les trente centimètres qui la séparaient du vide l'autre nuit.

Doucement et crispée, elle se déporta sur sa droite faisant tout de même attention où elle mettait les pieds.

Elle ne devait pas regarder le vide, sinon elle serait foutue. Et elle espérait surtout que personne ne la verrait d'en bas. Une tâche noire d'un mètre soixante-dix qui se déplace sur un mur de trente mètres de haut ne passerait pas inaperçu!

Se sentant à son aise, elle accéléra et c'est avec bonheur qu'elle atteignit la fenêtre du couloir.

Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur. Personne. Cependant, la fenêtre était fermée.

« Fais chier! »

En résumé, tous ses efforts pour sortir de la chambre seraient vint, si elle ne cassait pas cette vitre de ses propres mains, puisqu'elle n'avait aucun objet sur elle. Il lui fallait donc un bout de tissu pour protégé son poing, c'était peut-être rudimentaire, mais cela ferait l'affaire... Elle arracha, de ce fait, une bande de tissus de sa chemise de nuit, la rendant davantage plus courte, et enroula le bout autour de son poing gauche. Elle devait éviter d'utiliser sa main droite, avec sa plaie qui saignait toujours, si elle y touchait, ça ne cicatriserait jamais.

Une fois sa main gauche bien protégée, elle se positionna pour faire en sorte de ne pas perdre l'équilibre, puis frappa la vitre qui céda du premier coup. Elle avait quand même réussi à se couper, mais la blessure étant petite, elle n'y prêta pas attention.

Elle attrapa le loquet pour déverrouiller la fenêtre, puis sans résistance elle s'ouvrit, docile.

Émie entra alors. La chaleur du château tranchait avec le froid de l'hiver.

À quoi devait-elle ressembler maintenant? Avec sa chemise de nuit déchirée, un bandage ensanglanté à la main, le front plein de sueur et les cheveux ébouriffés...

« Juste à une fille qui vient de perdre la seule amie qui lui restait. »

Une fille désemparée et prête à tout pour pouvoir enfin mener une vie tranquille.

Maintenant qu'elle était sortie de la chambre d'Allec, elle devait à tout prix rejoindre Élias dans les cachots, cependant, elle se demandait s'ils étaient bien dans les sous-sols de l'école...

« Il n'y a qu'un moyen de le savoir! »

Mais rien ne lui disait qu'Allec et Elthan n'y seraient pas.

Soudain, une horde de gardes passa devant ses yeux. Ils couraient et le cliquetis de leurs armes raisonnait dans un rythmes régulier. Par réflexe, elle se cacha et le troupeau s'arrêta à quelque mètre d'elle.

- Aucunes nouvelles de la fille, patron, dit une voix masculine qui devait sûrement être celle du chef de la section.

- Elle n'a pas pu disparaître, nous savons que ce n'est pas elle que veulent les Andralyms, trouvez-là, elle est quelque part.

Cette voix, elle la reconnue tout de suite, c'était celle de Weiss.

- Nous avons vérifiez dans sa chambre et dans les autres, il n'y avait personne.

- Trouvez la! Ordonna Weiss.

- Oui, chef.

Puis le troupeau s'éloigna. Elle jeta un coup d'œil aux alentours. Weiss avait disparue, ainsi que ses sbires, la voie était libre.

Donc, discrètement et le cœur battant, elle se dirigea vers l'escalier et le descendit à toute allure. Comme le premier jour, elle enchaînait les marches. Allec lui avait montré tous les recoins du château durant ces cinq ans, il lui avait aussi indiqué l'emplacement la porte du sous-sol, sans la faire entrer. C'était peut-être le seul endroit où elle n'avait pas encore été... Elle comprenait maintenant pourquoi il ne les lui avait fait visiter. C'était les cachots, elle en était sûre. Sinon, il aurait été plus qu'heureux de lui présenter un nouvel endroit glauque dans ce château! Mais qu'est-ce qu'une école faisait avec des cachots? Elle ne le savait pas, mais maintenant, elle arriva à l'entrée des sous-sols.

C'était une porte des plus banales. On aurait pu la confondre avec une porte de chambre ou une salle de cours. Mais ça n'en était pas une.

Avant d'ouvrir la porte, elle colla son oreille dessus histoire d'entendre si Allec et Elthan y étaient, mais aucun bruit ne se fit ouïr. Rassurer, elle tourna délicatement la poignée et ouvrit la porte.

Un grand courant d'air fit aussitôt voler ses cheveux et sa chemise. L'air sifflant dans ses oreilles lui donnait froid dans le dos. Un grand escalier en bois descendait dans le noir. Elle chercha un interrupteur et l'alluma. Aussitôt, des LED éclairèrent tout l'escalier et le reste d'une lumière blanches. Au pied de cet escalier, il y avait un mur puis un passage à gauche. C'était sûrement par là. Mais cet endroit était glauque et ne donnait pas envie d'y pénétrer. Néanmoins, elle mit ses craintes de côté et entra. Elle ferma la porte derrière elle et descendit doucement les escaliers qui grinçaient à chacun de ses pas.


Apparence, la traque a commencé...Where stories live. Discover now