Chapitre 81

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Plus elle avançait, plus les sables tournant s'apaisaient et plus les énormes bruits sourds qui les accompagnaient ralentissaient à leurs rythmes.

Puis après quelques minutes qui lui parurent une éternité, elle sortit des sables tournants et put enfin se poser à terre. L'atterrissage n'était pas aussi propre que le décollage. Son pouvoir l'avait lâchée à quelque mètre du sol et elle était lourdement tombée sur le sable froid du désert endormi. Et même si l'idée de s'assoupir ici était tentante, elle s'était redressée et avait contemplé à nouveaux ce paysage qu'elle ne cessera jamais d'admirer, même s'il allait bien finir par la tuer.

Finalement elle avait réussi à sortir de ce foutu dôme... Pour une fois que sa curiosité ne l'avait pas menée dans des situations horribles! Quelle serrait la tête de Weiss quand il apprendra ça? Il passerait sûrement par toutes les couleurs! Émie pouffa. Elle était enfin libre... cependant, la réalité la rattrapa... Courir vers Onia? Ok et après? Que faire? Vu la distance, elle devait bien marcher une journée pour y arriver! Elle n'avait aucun vivre, aucun vêtement adapté et puis elle avait tout de même abandonné Elthan et Allec!

- Ne pense pas à eux, ils sont avec moi. Ils vont m'aider à sortir de là, vas en ville on te rejoindra.

Elle sursauta avant de comprendre que la voix était celle d'Élias.

- Mais je ne connais rien de cette ville! Qu'est-ce que j'y ferais?

- J'y viens! Tu y chercheras « l'auberge des trois Ogres ». Là-bas, une vielle dame viendra à ta rencontre, dis lui que je t'envoie. Elle te nourrira, te logera et t'habillera. Toutefois, rien n'est gratuit ici, tu lui rendras quelques services. Je lui ai demandé d'être tendre avec toi, elle ne devrait donc pas te donner à nettoyer toutes les toilettes de la maison!

- Merci mille fois!

- Je ne fais que remplir ma part du marcher ma belle, plus tard, tu me serras redevable...

Il avait fallu une seule phrase de la part d'Élias pour qu'Émie remette tout en question, son pacte avec lui et tout ce qu'elle avait fait...

S'enfuir pour de vrai et ne plus se retourner ou faire demi-tour et revenir à Weiss?

Oh non ma vielle! Ça fait cinq ans que tu veux te faire la mal ! Alors maintenant que tu en as l'occasion, tu ne te dégonfles pas et tu fonces, bordel!

Cela faisait maintenant six heures peut-être qu'elle marchait vers la ville et malgré la température assez basse, elle avait soif. Trop soif pour continuer... Ô qu'elle était faible! Cinq heures ce n'étaient rien, comparé à cinq ans d'enfermement! Mais merde réveilles-toi !

Cette pensée la motivait davantage, mais bientôt la faim vint accompagner la soif. Cela devenait de plus en plus compliqué, de marcher même si sa conscience lui hurlait de se bouger l'arrière-train... Elle n'avait, d'autant plus, pas l'impression de s'approcher de la ville...

Et puis... pour qui allait-elle passer avec sa chemise de nuit déchirée, ses bleus et entailles aux visages qui n'avaient pas encore cicatrisé, ses traces de sueurs, son odeur de chien errant et ses cheveux complètement décoiffés et gras? Encore une fois, elle ne savait pas si son pouvoir d'apparence allait la protéger des regards indiscrets et dégoûtés de la population sûrement aisée d'Onia... Dans tous les cas, elle espérait profondément que son pouvoir allait coopérer.

Ses pieds lui faisait mal et s'enfonçaient dans le sable fin. Émie s'inquiétait, le soleil se levait maintenant et Élias ne l'avait toujours pas encore contactée.

Elle se sentait seule... c'était étrange comme sentiment... Depuis qu'elle était enfant, elle vivait entourer de monde. Depuis cinq ans, elle habitait en communauté dans l'école et voilà que maintenant qu'elle avait eu sa liberté, elle voulait voir du monde, peut-être même retourner au château...

« la faim doit me rendre folle... »

Émie était à bout de force. C'est dire à quel point, quand à chacun de ses pas, elle croyait s'enfoncer dans le sol, alors qu'en vérité, elle le frôlait juste. Et bientôt, elle rampait... Ce désert était une torture! Il allait la tuer! Elle aurait dû rester au château, elle avait ce qu'il lui fallait, de la nourriture, de l'eau et un bon lit...

Non Émie! Reprends-toi! Tu dois aller en ville! C'est ta seule chance de survivre et de ne pas abandonner tes amies!

- Mais j'ai faim, je ne sens plus mes pieds et j'ai la gorge en feu! Se lamentait-elle comme si quelqu'un pouvait entendre ses plaintes.

Alors que la fatigue ne s'était pas encore installée entre la faim et la soif, elle s'y fit une jolie place qui ne manqua pas de faire chuter le moral de la jeune fille. Maintenant, elle n'arrivait plus à faire un pas sans trébucher. Elle devait ressembler à une sorte de zombie... Bras ballants, tête lasse, jambes lourdes, regard vide ou bien furieusement fixés sur la ville qui vaguait à l'horizon.

La chaleur augmentait aussi vite que le soleil se levait et désormais, Émie était presque semi-consciente. Elle savait qu'elle devait continuer de marcher, mais si elle voulait y arriver, elle devait aussi déconnecter son cerveau... Facile à dire...

Que donnerait-elle pour un bel hum-burger de Terre? Pas ceux d'ici, ils sont vraiment infectes... Les sorciers ont bien essayé de copier la recette, mais leur viande n'est pas la bonne... Enfin bref de penser à cela ne fit qu'augmenter son envie de manger et surtout de retourner sur Terre. Cependant, elle était tellement fatiguée que chaque pas qu'elle faisait était voué à la faire trébucher...

Est-ce donc comme ça qu'elle allait mourir? Dans un désert, la ville rêvée devant ses yeux, mais trop loin pour l'atteindre... c'était si pitoyable!
Son envie de dormir était plus forte que tout et elle s'écroula sur le sable qui forma aussitôt un parfait matelas...

Que cette sensation était agréable!
Des nuages vaporeux commençaient à se dessiner dans le ciel orangé de Titrann. Tout était donc artificiel sous le dôme! Jusqu'au ciel bleu! Jusqu'au climat! Tout! Émie n'en revenait pas... c'était un grand tissu de mensonge dans lequel elle avait été enroulée pendant cinq ans.

De drôles d'oiseaux volèrent au dessus de sa tête. Un vent chaud, chargé de sable, obligea Émie à fermer les yeux.
Des yeux qu'elle laissa clos... par envie ou par obligation... qui sait? Son corps ne lui répondait plus alors pourquoi se trouver une excuse?

Elle était si épuisée qu'elle n'avait plus qu'une envie: resté allongé ici à attendre que les charognards de cette planète ne viennent dévorer son pauvre cadavre... Au moins, elle serait libre et elle pourrait revoir ses parents... Une fois morte, plus personne ne pourra l'embêter! Et qui sait? Peut-être que Rose et Mila y seront aussi?

Alors qu'elle ne sentait plus aucun de ses membres et que la faim lui donnait envie de vomir, elle sombra pour de bon, laissant derrière elle, une traînée de pas trop facilement reconnaissables, pour passer inaperçus...

Apparence, la traque a commencé...जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें