Apparence, la traque a commencé...

Chapitre 72

Émie n'était plus tracassée par la haine qu'elle éprouvait pour Elthan.

Soudain, alors que plus aucun son ne se faisait entendre, un énorme bruit sourd vînt faire trembler chaque mur et surtout perturber le calme intime qu'ils avaient allègrement placé entre eux. Puis quelqu'un toqua frénétiquement à la porte. Elthan bondit alors sur ses longues jambes et braqua son arme sur la porte, près à l'utiliser si l'intrus venait à entrer. S'il était tendu, seule sa mâchoire le trahissait.

- Identification! Hurla Elthan.

- C'est moi! C'est Allec, laisses-moi entrer!

- Identification!

- Putain Elthan! Ouvre cette foutue porte ou je la pulvérise avec le Soïl! S'énerva Allec de l'autre côté de la porte.

Émie ne savait ce qu'était ce Soïl, mais il n'avait pas l'air d'être un petit jouer qu'on offre à un enfant, vu le regard horrifier qu'Elthan lança à la porte ou plutôt à Allec derrière.

Un long moment se passa. Elthan fixait la porte avec attention. Ça tournait vite dans son cerveau apparemment... Mais Émie n'avait pas le temps de réfléchir, si Allec était pourchassé par les Andralyms et qu'il venait à ce faire attraper, elle s'en voudra toute sa vie de ne pas avoir ouvert.

Elle contourna Elthan et tira le lit et le fauteuil qu'il avait placé devant la porte pour la bloquer. Elthan ne bougea pas, comme s'il était coincé, il dévisageait le sol à présent.

- Merci Émie! Qu'est-ce que? Émie? Mais tes blessures?

- Je... je ne sais pas!

Soudain, Émie eut un mauvais pressentiment. Rien de bon... Allec remarqua sa détresse et pour confirmer ses doutes, il dit à voix basse:

- Les Andralyms sont parties, on ne reçoit plus le signal du biper de Mila...

Émie perdit l'équilibre. Elle ne voulait pas y croire. C'est pourquoi, elle arracha le Tolki-wolki des mains d'Elthan et dit d'une voix frêle:

- Ici Émie Loas, répondez...

Aucune réponse, elle était pourtant bien branchée sur le signal de Mila.

- Répondez!

Rien. Seul le crépitement des ondes conversait avec elle.

- Mila Réponds!

Elle dut se rendre à l'évidence. Son amie avait disparu, comme Rose.

Elle se mit alors dans une rage folle. Le Tolki-wolki qu'elle tenait dans la main rencontra violemment le sol... dur comme première rencontre... il s'éclata en mille morceaux.

Le petit fauteuil à sa droite se prit une vague de coup de pieds nus acharnés, sous le regard fébrile des deux garçons.

Le mur subit le même traitement. Le lit puis la pauvre chasse qui osait la défier du regard.

Soudain, elle sentit des bras passer autour de sa taille et la serré. L'odeur d'Elthan monta dans ses narines. Il l'enlaçait de toute sa puissance. Il luttait contre les points d'Émie qui volaient et percutaient qui le voulait.

Elle ne souhaitait pas qu'Elthan l'enlace, qu'est-ce qu'il lui prenait? Un câlin? S'il croyait que ça pourra ramener son amie!

Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses joues étaient recouvertes de larmes, ses pieds étaient endoloris, et ses poings saignaient. Mais elle n'y faisait pas attention.

Elle le repoussa, mais il resta les bras fermés autour d'elle. Une nouvelle tentative et il plongea sa tête dans son coup, lui procurant des frissons.

- Lâche-moi! Gronda-t-elle.

- Il faut que tu te calmes d'abord!

- Lâche-moi, j'ai dit!

Tout à coup, la sensation de paix l'envahie. Émie n'eut même pas le temps de protester. Sous la colère, son pouvoir débordait et elle ne pouvait plus le contenir. Avant que la sensation ne l'englobe complètement, elle put apercevoir ses mains entourées du fluide noir qu'elle avait vu sur elle lorsqu'elle tombait du toit.

- Elthan bouge! Hurla Allec.

Le jeune homme n'eut pas le temps de s'écarter. Il se prit toute la puissance d'une sorcière (ou du moins de l'être qu'elle est) de plein fouet. L'onde de choc avait tout dévasté, les deux garçons avaient été propulsés en arrière et avaient fini leur voles en percutant un mur. Les lits étaient déchirés et de la mousse sortaient des matelas. Les fenêtres avaient éclaté, les lumières avaient été brisées et Émie propulsée, elle aussi, à l'autre bout de l'infirmerie. Un bruit aigu résonnait dans chaque oreille. Le même sifflement qui se fait entendre après qu'une bombe est explosée juste à côté de vous.

Ils mirent du temps à reprendre conscience, mais pas Émie. Elle s'était relevée depuis un bon moment et avait constaté, avec horreur, les dégâts qu'elle avait causés.

"Comment ai-je pu faire une chose pareille?"

Ensuite, elle était sortie en s'assurant que les deux jeunes hommes étaient encore vivant. Elle avait avancé une main tremblante et ensanglantée vers le cou d'Allec puis vers celui d'Elthan. Leur cœur battait, ils s'en sortiraient, ils n'avaient aucune blessures graves. Encore heureux, si non elle ne s'en serait pas sortie!

Après cela, elle avait filé dans sa chambre. Il fallait qu'elle retrouve le démon. Si quelqu'un pouvait faire quelque chose, c'était bien lui!

De plus, il fallait qu'elle voie de ses propres yeux que Mila était partie... Rien qu'en y pensant, les larmes montèrent, mais sa colère prit le dessus sur la tristesse. Elle était à bout de nerfs, cette vie n'était pas faite pour elle! Pourquoi avait-il fallu que Weiss l'emmène ici? Sa vie était beaucoup moins compliquée avant! Elle voulait retrouver ses parents, sa famille, ses amies... Parfois elle s'imaginait ce qu'aurait été sa vie si elle serait restée sur terre. Elle serait peut-être devenu musicienne? Ou journaliste? Qui sait?

Cependant, elle ne devait pas s'apitoyer sur son sort. Ses amis l'attendaient dans les Limbes et elle avait bien l'intention d'aller les cherches, seule ou accompagnée...

Arrivée à sa chambre. Elle bondit sur sa porte et l'ouvrit d'un coup sec.

Si elle s'attendait à voir le démon sur sa chaise, gentiment installé, elle se trompait! Personne sur la chaise, ni ailleurs...

Elle claqua sa porte.

Si les Andralyms l'avaient récupéré, sa colère grandirait davantage et il ne fallait mieux pas que quelqu'un se trouve dans les parages à ce moment, cela risquerait de provoquer les même dégâts que dans l'infirmerie... Elle gardait, toutefois, espoir et ouvrit la porte de Mila.

Elle poussa un soupir de soulagement avant de se reprendre. Élias était là, tranquillement allongé sur le lit de Mila.

Il n'était pas menotté. Il était libre, dangereux et elle le sentit en croisant son regard sournois.

Il allait l'attaquer...