Chapitre 47

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Mais elle devait se ressaisir et ne pas se laisser aller. Pour Rose!

Ils s'assaillirent et Allec lui décrocha le plus beau sourire qu'il ne lui avait jamais fait, radieux et chaleureux.

« Pourquoi rend-il la chose plus difficile qu'elle ne l'ai déjà? »

Néanmoins, elle lui rendit son sourire et il mangèrent se qu'on leur avait proposé.

- Tu es debout depuis longtemps? Demanda le jeune homme.

- Plus ou moins. Répondit Émie d'un ton détaché.

- Tu as l'air ailleurs, ça va?

« Bon sang, arrête d'être gentil! Sois méchant, je veux que tu me hurles dessus! C'est pas trop demandé!? Si? »

- Oui ça va! Répondit-elle en se forçant à sourire.

Il posa une main sur sa cuisse en guise de geste rassurant et Émie crut fondre. Ce n'était pas le moment. Elle se crispa et changea de conversation.

- Alors? Comment ça va Mila?

La jeune fille leva la tête de son bol et les dévisagea visiblement surprise d'être interrogée de si bonne heure.

- Je- oui ça va! Bafouilla-t-elle.

- Super! Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui? Math? Science? Langue sorcelière?

Mila la regarda alors avec de gros yeux. Allec avait enlevé sa main et la dévisageait les sourcils froncés. Était-elle si nulle que ça pour changer de conversation?

- Tu es sûre que toi, tu vas bien Émie? Tu parles trop, on n'est que le matin! Lui lança Mila.

- Oui... oui ça va! Marmonna-t-elle en baissant le regard, fuyant celui du jeune homme.

- Émie regarde-moi. Dit Allec, sa voix pleine de crainte.

Elle hésita un instant, si elle le regardait, elle se mettrait à pleurer comme un bébé. Elle devait pourtant prendre sur elle... Parce que si elle ne le faisait pas et qu'elle ne le regardait pas, il allait forcement se douter de quelque chose.

Elle leva finalement les yeux jusqu'aux siens et lui sortit son plus grand sourire. Et à son tour, il planta ses prunelles bleues dans celles d'Émie et elle eut un pincement au cœur rien qu'en voyant son inquiétude. C'était de la torture! Elle n'arrivera jamais à tenir sans lâcher une larme. Elle détourna le regard, finit son bol et se leva.

- Je vais aux toilettes!

Elle préférait fuir plutôt que de les inquiéter. Même si de fuir les ferait davantage penser que son comportement était bizarre.

Émie se rendit aux toilettes les plus proches et se posta devant les miroirs qui prenaient tout le mur. Elle ouvrit le robinet et se posa un coup d'eau sur le visage. Puis elle se redressa et s'observa.

- Arrête de te prendre la tête et dis-lui! C'est pas compliqué bon sang! Se dit-elle.

- Me dire quoi?

Elle eut un hoquet de surprise en découvrant qu'Allec l'avait entendu. Non! Ce n'était pas son plan! Ça ne devait pas se passer comme ça!

Elle le dévisagea un moment, s'agrippant au lavabo pour ne pas tomber. Sa tête lui tournait.

- Je...

C'est le seul mot qui sortit de sa bouche, comme si elle était paralysée...

- Émie qu'est-ce que tu veux me dire? Dit-il, sa voix remplie de panique.

- Il faut que...

Elle n'arriverait jamais à lui dire. Les larmes recommençaient à monter, elle se sentait mal, elle voulait juste une chose, se coller à lui et l'enlacer, l'embrasser et le rassurer. Mais elle ne devait surtout pas céder à la tentation, même si ses lèvres l'appelaient et l'attiraient. Elle fuyait son regard pour pouvoir continuer alors qu'il la dévisageait avec de plus en plus de peine.

- Émie, dis-moi, je serrais toujours là pour tes problèmes, dis-moi.

Il se rapprochait et commençait à tendre les bras vers elle.

- N'approche pas! Dit-elle en levant les bras pour l'arrêter.

- Dis-moi! S'énerva-t-il.

- Il faut... il faut qu'on arrête... sanglotait-elle.

Elle ne devait pas pleurer, mais c'était plus fort qu'elle. Rien que de le dire la détruisait. Et quand elle leva les yeux vers lui, elle fut prise d'un haut-le-cœur. Le regard du jeune homme était plein de peine, de tristesse et d'incompréhension. Mais aucune colère ne s'y lisait. Il était vraiment... renversant!

- Je suis désolée! Je ne peux pas être heureuse alors que Rose ne l'ai pas.

Elle voyait Allec se décomposer sous ses yeux. Il dut lui aussi s'appuyer contre le lavabo pour tenir.

- Mais je... On va la trouver! Je te le promets, mais ne fais pas ça! J'ai besoin de toi!

- Non! Il faut que pendant un moment, on se sépare. Juste le temps qu'on la retrouve.

- Ne me fais pas ça! Ces derniers jours, je n'avais jamais été aussi heureux de toute ma vie! Et puis tu n'as pas le droit de te faire du mal comme ça!

Elle ne pouvait plus supporter ses assauts de gentillesse. Elle sortit en le contournant et se rendit à son cours avant de s'être séché les yeux et les joues. Même si elle avait les yeux bouffis et le nez rouge, elle passa dans les rands sachant que personne ne verrait ses rongeures. Dans un sens, elle se sentait mieux maintenant qu'elle était malheureuse...

Le cours s'était passé sans accros particuliers. Gabrielle n'avait fait aucun commentaire désobligeant et le professeur ne l'avait pas interrogée. Allec n'était pas revenu et elle espérait qu'il ne faisait pas de chose insensée. Les frais pour rénover sa chambre allaient finir par être vraiment conséquents! Elle eut un pincement au cœur rien qu'en y pensant.

Elle sortait de sa salle de cour et se dirigeait vers la prochaine, quand elle entendit le tintement, si particulier, des chaussures de Gabrielle qui se rapprochait d'elle. Gabrielle arriva vite à son niveau et la regarda un sourire béat collé sur la bouche.

- Quoi? Demanda Émie.

- Il s'est passé un truc entre Allec et toi?

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Apparence, la traque a commencé...Where stories live. Discover now