Apparence, la traque a commencé...

Chapitre 46

Émie se réveilla sous la lumière du soleil, son dos lui faisait mal et alors qu'elle essayait de se lever, elle entendit quelqu'un ricaner. Elle essaya de se retourner pour voir qui rigolait, mais les longs épis de blés dans lesquels elle était allongée lui cachaient la vue. C'était le rire d'une fille. Elle avait l'air heureuse et Émie voulait à tout prit voir pourquoi. Elle se leva donc, peut-être un peu trop vite. Sa tête lui tournait. Quand elle eut reprit ses esprits, Émie aperçue la jeune fille.

C'était Rose, s'amusant avec son petit ami, Sacha. Émie eut un pincement au cœur en la revoyant. Weiss l'avait retrouvé! Émie était heureuse et une chose était sûre, elle voulait aller voir son ami, quitte à les déranger. Elle se précipita donc sur Rose et Sasha. Mais arrivée à leur niveau, ils continuèrent de tourner et de se chamailler comme si elle n'était pas là.

Dans un froncement de sourcil, la jeune fille se planta entre les deux tourtereaux et fixa Rose. Mais elle ne la regardait pas, non, elle regardait Sacha. Émie commença à paniquer, à se demander si elle n'était pas morte comme ces fantômes. Elle cria pour, peut-être, espérer attirer l'attention, mais pas un ne tourna la tête dans sa direction. Cependant, Émie ne voulait pas abandonner. On lui avait rendu son ami et voilà que maintenant, elle était transparente! Elle s'approcha des deux adolescents qui avaient fini par se retrouver l'un dans les bras de l'autre, quand soudain, à quelque mètre d'eux, un vent glacial gela tout ses membres. Elle repensa soudain à Shard et son pouvoir. Elle risqua un coup d'œil derrière elle, mais elle ne vit que les énormes nuages gris se précipiter sur eux et le blé se fendre au bon vouloir du vent. Rassurée, elle se retourna, mais son cœur rata un battement quand elle découvrit Rose la regarder à moins d'un mètre d'elle. La colère, la tristesse, la peur et la frustration se lisaient dans ses jolies prunelles noisette. Le vent soulevait ses cheveux et sa veste qui laissa paraître ses poings serrés.

- Tu m'as abandonné! Déclara Rose.

Ces paroles lui brisèrent le cœur. Jamais elle ne penserait l'abandonner...

- Tu croyais pouvoir te débarrasser de moi si facilement? Qu'est-ce que je t'ai fait?

- Rien... rien, je t'en pris arrête! On te cherche et je fais tout pour te retrouver!

- En couchant avec Allec? Hurla la petite brune.

- Quoi?

- Pendant que moi, je me les gèle dans ma petite cellule à attendre que Satan vienne me chercher pour me tuer, toi, tu prends du plaisir! Tu crois que c'est en faisant ça que tu me retrouveras?

- Non! Je...

- C'est de ta faute si je suis ici, c'est toi qu'il veut, pas moi! Tu me fais souffrir alors que ça devrais être toi!

Là, Émie porta sa main à sa bouche pour réprimer un hoquet de stupeur, mais le cœur fissuré, elle laissa couler quelque larme. Puis se fut le sanglots.

Elle n'avait même pas remarqué que le décor avait changé tellement elle était prise de tristesse. Le champ avait laissé place à un espace clos, où les murs étaient en pierre et humides. Le sol était poussiéreux et des barreaux longeaient le mur gauche. Elle se trouvait dans une prison.

- C'est ici que je passe mes journées, mais ça devrait être toi, pas moi! Tout ça pour quoi? Pour pouvoir tomber dans les bras du premier mec venu! Tu n'es qu'une égoïste!

- Émie!? Émie!? Chuchotait une voix qui lui était familière. Émie? Réveille-toi!

La jeune fille ouvrit les yeux en sursaut. Le front humide et les joues trempées par les larmes. Elle tourna la tête et découvrit Allec appuyé sur un coude, la regardant effrayer puis son regard s'adoucit. Il posa une main sur la joue d'Émie et s'approcha d'avantage. Puis juste avant de toucher ses lèvres, il s'arrêta et chuchota:

- Tu l'as abandonné!

Son cœur fit un triple saut périlleux avant qu'elle n'ouvre pour de bon les yeux et se réveille. Elle se redressa sur son lit et scruta sa chambre. Le souffle cour, elle alla dans sa salle-de-bains et se passa un coup d'eau sur le visage. Il faisait presque jour dehors et pourtant, on voyait à peine dans sa chambre. Au retour, elle se prit tout ce qu'elle avait réussi à éviter à l'aller et dans un râlement, elle se rallongea dans son lit. Les cours commençaient dans deux heures et elle ne n'allait jamais réussir à se rendormir avec tout ça...

« Je ne l'ai pas abandonné, je ne l'ai pas abandonné, je ne l'ai pas abandonné... »

Elle se le répéta pendant un bon moment avant d'arrêter voyant que ses efforts ne menaient à rien. Elle eut l'idée d'aller voir Allec, mais elle ne supporterait pas de se faire plaisir alors que Rose, elle, souffre.

Elle en vint à une conclusion qui la désolait: elle devait arrêter pour le moment avec Allec. Bien sûr, elle l'aimait, plus que tout, mais elle se sentirait moins coupable. Elle ne pourrait pas en profiter comme il se doit et la meilleure solution serait de faire une sorte de « break ». Et puis en toute logique, ils n'avaient rien à faire ensemble. Mais elle l'aimait et rien que de penser se séparer de lui la tracassait et la rongeait. Même si ce n'était qu'un rêve, il l'avait bien traumatisé! Elle se frotta le visage. Ça allait être dur, mais elle devait parler à Allec. Il comprendra sûrement, dans le cas échéant, il serait en colère. Mais il comprendrait! Elle le savait!

Toute la matinée, elle prépara un plan d'attaque pour lui dire sans trop le faire souffrir. Mais à chaque fois qu'elle s'imaginait la scène, elle avait un nœud au ventre et presque les larmes aux yeux. Ses baisers allaient lui manquer. Tout de lui allait lui manquer en fait! Ça allait être dur, elle ne voulait pas le faire, mais elle le devait. Elle se leva enfin pour se doucher et se préparer. Elle fit son nœud de cravate seule. Car si elle allait le voir maintenant son plan échouerait.

Elle descendit sans passer par la chambre de Mila, ni celle du garçon et se rendit au réfectoire presque vide à cette heure si matinal. Les personnes ne tardèrent pas à arriver et parmi elles, Allec et Mila s'approchaient de la table où elle était. Son cœur se serra en le voyant dans son uniforme qui lui allait parfaitement, sa marche était gracieuse et ses cheveux bruns ébouriffés le rendaient incroyablement sexy. Il avait de petits yeux susurrement parce qu'il était encore fatigué.

« Mon dieu, il est magnifique... »

Mais elle devait se ressaisir et ne pas se laisser aller. Pour Rose!