Chapitre 52

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- Je suis votre nouveau voisin de pallier! Dit le jeune homme tout enjoué.

- Tu quoi? Demanda Émie, ratant de peu de s'étouffer avec un morceau de viande...

- Je ne vais plus habiter dans le campus, mais aux étages! C'est cool nan?

Indéniablement, Elthan faisait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues... et il en avait l'air plutôt fière! Elle le maudit intérieurement avant de planter son regard dans le sien. C'était quelque chose qu'elle aimait faire pour montrer à quel point elle était énervée... Et là, là elle l'était vraiment! Elle l'était tellement que de la fumée aurait pu sortir de ses oreilles, que son regard aurait pu le tué et surtout, que la fourchette, qu'elle tenait fermement, aurait pu se retrouver plantée dans la cuisse d'Elthan.

Il la dévisagea, peut-être un peu interloqué par ses regards meurtriers, puis il planta sa fourchette dans sa viande, pour en manger un bout, comme si de rien était... Émie le observa un instant, interdite.

- Je suis déçu, je pensais que tu allais être contente... dit-il après quelque minutes de silence.

- Comment veux-tu que je sois contente? Lâcha-t-elle.

- Je croyais que tu aimerais la présence d'un vrai homme dans tes amis! Dit-il assez fort pour qu'Allec, et tout le réfectoire au passage, entendent.

- Tu n'es pas mon ami.

- Ça, c'est dommage pour toi, ma belle. Parce que tu vas devoir me supporter encore longtemps!

À présent, les deux adolescents s'étaient mis debout et se défiaient du regard. Peut-être qu'Elthan était plus grand qu'elle, mais il ne lui faisait pas peur. Au contraire, si elle le pouvait, elle aurait fait exploser sa tête!

Elle replanta ses yeux dans les siens et resta droite comme un piqué. Elle pouvait enfin prendre le temps de les observer. Les yeux d'Elthan étaient vraiment magnifiques, comparés à la personne... Au premier abord, ses prunelles étaient d'un noir profond, mais quand on y faisait plus attention, des petites taches jaunes vives, comme des paillettes d'or, illuminaient son regard et le rendait troublant... Mais la lueur de défi qui y régnait l'a ramena vite au sujet...

Elle détourna les yeux et abonda toute chance de pouvoir retrouver Rose. Si Elthan était à ses côtés pendant les recherches, il ne ferait que la ralentir.

Quant à Allec, il la regardait toujours et elle s'entait le poids de son regard, mais elle ne pouvait pas ignorer Elthan.

Il... ce garçon était vraiment borné... et il lui avait carrément coupé l'appétit. Elle décida donc de l'ignorer et de remonter dans chambre pour y passer le reste de la soirée, seule.


_________


Le lendemain, elle se réveilla au «doux» son de son réveil.

Le rituel devenait lassant: coup d'eau sur le visage, brossage de dents, coiffage de cheveux, maquillage, quand l'envie l'en prenait. Son cœur rata un battement quand elle vit son reflet. Elle avait vraiment maigri ces derniers temps et des cernes c'étaient formées sous ses yeux...

«Pour vu qu'Allec ne me voit plus comme je le suis vraiment!»

Elle soupira et s'habilla. Elle avait fini par savoir faire ce nœud de cravate et se demandait si Allec le referait un jour... Enfin bref, si elle se remettait à débattre sur lui comme elle l'avait fait toute la nuit, elle n'en finirait pas!

Ensuite, elle descendit déjeuner et alla en cour. Allec y était revenu et la tension était à son comble. Et bien sûr, comme il n'y avait pas d'autre place dans la salle, il dut s'asseoir à côté d'elle.

Émie pouvait sentir de sa place, qu'il était crispé. Tendue, elle aussi, elle l'observait du coin de l'œil, se demandant s'il daignerait, un jour, la regarder. Mais il restait stoïque, ne faisant pas un mouvement, seule sa mâchoire serrée le trahissait... Il fixait aussi le professeur, peut-être pour éviter de dériver le regard sur elle ou autre chose.

D'un coup, il se pencha brusquement sur un bout de papier (la faisant sursauter au passage) et y écrivit quelque chose qu'elle n'arrivait pas à lire. Elle espérait que ce ne soit pas pour elle, mais elle perdit tout espoir quand il lui tendit, du bout des doigts, sans même la regarder.

Elle saisit le petit bout de papier entre ses doigts et le regarda un moment sans le lire. Allec avait vraiment une belle écriture pour un garçon... Des lettres rondes et un peu penchées. Elle avait lu quelque part que l'écriture d'une personne donnait beaucoup de renseignement sur elle. Enfin bref, quand elle décida enfin de lire le message, son cœur se mit à battre à la chamade.

"Mila t'attend à 11h30 dans les jardins du château, elle veut te voir, apparemment elle a un truc important à te dire.

Ps: rejoins-moi après ce cours, il faut qu'on parle..."

Pour la première partie du message, elle s'en réjouissait d'avance. Mila devait sûrement avoir des renseignements sur le talisman.

Par contre, pour ce qui était de la dernière partie, elle avait des raisons d'angoisser...

Elle leva les yeux vers lui, mais il ne la regardait toujours pas. Elle rangea le petit papier dans sa trousse et attendit la fin du cours.

Elle ne voulait pas qu'il lui parle. Du moins, elle ne voulait pas qu'il lui demande des explications ni qu'ils soient ensembles. En fait, elle préférait qu'il reste loin d'elle. Mais apparemment, ce n'était pas dans les options du jeune homme... Elle se dit qu'il serait mieux de filer tout droit aux toilettes et de ne pas l'entendre. Elle devait sortir avant lui pour ne pas qu'il la coince.

Voulant être sûre de sortir avant lui, elle regardait l'heure toutes les deux minutes, quitte à paraître agacée par le cours. Ce qui n'était pas totalement faux...

À cinq minutes de la fin du cours, elle avait déjà rangé toutes ses affaires, ce qui lui dut un mauvais regard de son professeur et plus surprenant, celui d'Allec. Elle espérait qu'il ne se doute de rien, mais elle n'était pas discrète et elle savait qu'il avait compris ce qu'elle comptait faire de leur rendez-vous improvisé...

À 9h30, la sonnerie retentit dans toute l'école. Émie se leva d'un bon et sortit sous les yeux étonner de ses camarades. Une fois en dehors de sa classe, elle entendait encore son professeur lui hurler de revenir s'asseoir, mais elle continua de fuir. Quand soudain, il cria le nom d'Allec.

Émie risqua un coup d'œil derrière elle... et en voyant qu'Allec la suivait, le regard plein d'impatience, elle piqua un sprint vers les toilettes les plus proches. Elle s'engouffra donc dans ce qui était certainement les toilettes les plus petites de l'établissement... et elle n'eut même pas le temps de fermer la porte derrière elle, qu'il était déjà entré...

Quand elle se retourna, elle découvrit le visage d'Allec, rongé par la colère et la tristesse. Puis il se rapprocha et dit d'un ton excédé (mais incroyablement sexy):

- Tu m'as fuis ou tu voulais juste que l'on parle ici?





Apparence, la traque a commencé...Where stories live. Discover now