Chapitre 78

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Arrivée en bas de cet escalier lugubre, Émie avait froid. Elle grelottait... Peut être qu'elle aurait dû se changer avant de faire quoi que ce soit?

« Tant pis, je n'ai pas que ça à faire... »

L'escalier donnait sur une sorte de petite pièce où, de là, partait un unique tunnel à l'atmosphère sordide... il ne manquerait plus que les cris torturés des prisonniers... Ce tunnel était d'une longueur qui aurait donner le tournis à quiconque l'aurait approché et les néons suspendus au plafond ne faisaient qu'accentuer cet effet de gouffre sans fin.

Soudain, alors qu'elle découvrait les sous-sols sinistres et humides du château, sa douleur aiguë aux côtes revînt à l'assaut, la faisant se plier en deux.

Elle gémit et retint son souffle.

La dernière fois, la douleur était vite passée, mais là, elle persistait. Émie ne tenait même plus sur ses jambes et avait du mal à respirer. Elle tendit une main tremblant vers le mur humide pour se soutenir, mais elle s'écroula aussitôt au sol.

Elle ne tenait plus. Des larmes coulèrent sur ses joues et se mélangèrent avec des gouttes de sueur.

Un poignard qui se plante dans la chaire était peut-être l'égal de sa douleur. Elle se sentait perdre conscience, mais ne devait pas tomber dans les pommes ici. Si quelqu'un la trouvait dans les sous-sols, il saura très bien que ce n'était pas par hasard qu'elle était ici, mais pour retrouver le démon. Par ce fait, les cachots seraient davantage protégés et presque impénétrables. Elle ne devait pas rester à la vue de tous.

Dans un terrible effort, elle s'aida d'une main appuyée contre la paroi pour la longer et afin atteindre un renfoncement du mur. Mais alors qu'elle n'y était pas encore et que donc elle était à découvert, des voix provenant des escaliers se firent entendre. Le cœur d'Émie se mit à battre à la chamade, à tel point qu'il raisonnait dans ses oreilles. Elle fit pression de son autre main sur sa blessure et se dépêcha d'atteindre le renfoncement. Cependant les voix approchaient et son mal grandissait.

- Tiens, c'est étrange, la lumière est allumée..., dit une grosse voix qui parut lointaine à Émie sous le vacarme que son cœur faisait.

- Ce doit être les gardes qui sont passées avant nous...

Émie les entendait descendre les escaliers qui grinçaient sous leurs pas lourds, mais elle n'était toujours pas arriver au renfoncement qu'elle désirait tant atteindre.

- Où est-ce que tu es ma jolie? Chantonnait l'un des hommes d'une voix trop sanglante pour être attirante. Je n'ai pas que ça à faire moi!

- Oh Marc! Arrête de te plaindre et fais ton boulot, elle ne doit pas être loin cette gamine!

La peur s'empara de chaque membre d'Émie effaçant presque la douleur. C'était d'elle qu'ils parlaient, et elle était sûre qu'elle ne voulait pas qu'ils la retrouvent. Qui sait ce que ses gardes pouvait lui faire?
Cependant, Émie y était presque... mais ils approchaient.

- Non d'un gnome en tenu d'elfe! Jura l'autre, comment fait-elle pour échapper aux caméras sinergétiques, elle ne devrait pas passer inaperçue avec ses deux pouvoirs!

Elle ne s'arrêta pas et se propulsa dans le renfoncement, se mettant enfin à l'abri de leurs regards. Même si la lumière qu'elle avait allumée aurait pu les intriguer, ils ne regardèrent pas une seule fois dans les recoins de ce sous-sol lugubre. Ils continuèrent de discuter tout en passant devant elle.

- C'est que c'est étrange tout ça, Bill! Lança Marc en s'arrêtant comme s'il réfléchissait à quelque chose de troublant. Weiss doit être hystérique!

- T'aurais vu son pétage de plomb ta' l'heure! Ce tarer aurait pu nous tuer!

- Si la gamine s'enfuit, on sera dans le beau drap!

- Ah ça tu l'as dit! Il faut la retrouver.

- Ouais si elle n'a pas crevé dans ses sous-sols!

Puis il reprirent leur marche, comme inconscient, leurs rires s'éloignèrent et Émie put enfin agoniser tranquillement.
Mais une chose la tracassait encore, personne ne lui avait jamais dit qu'il y avait des caméras ici! Qu'est-ce qu'elles venaient faire dans une école? Dans les prisons, Émie comprenait qu'on puisse mettre des caméras, mais pas dans une école! Enfin, le plus important était qu'elle était recherchée. Une fugitive. C'est ce qu'elle allait devenir, si ce n'était pas déjà fait. Mais elle n'était que dans une école, depuis quand ne plus donner de nouvelles, signifie être en fuite?

Après quelque bonne dizaine de minutes assise dans ce renfoncement, sa douleur aux côtes passa...

« Tant mieux! Je n'ai pas que ça à faire! »

Et tandis qu'elle allait sortir de son coin, de nouvelles voix se firent entendre. Deux autres gardes descendaient les escaliers, leurs armes à la main. Elle pouvait les voir maintenant que la douleur n'encombrait plus ses yeux de larmes. Ils étaient lourdement armés, un long fusil tenu par deux mains fermes, prêt à servir, des poignards sur chaque cuisse, des tenues noires munies de gilets par balle, l'arme aux lignes bleues que les protecteurs braquaient sur les Andralyms, à la ceinture. Ils étaient baraqués comme trois montagnes et les cheveux rasés de prêts leur donnaient un air dur.

À la différence des deux autres, eux ne parlaient pas. Ils ne se regardaient pas et ne se touchaient pas. S'ils devaient avoir une relation, elle était purement professionnelle!

Cependant, Émie prit conscience que les gardes faisaient des rondes dans le château et qu'elle avait eut de la chance de ne tomber sur aucune d'entre elle.

Que se passerait-il si jamais elle se faisait prendre? Weiss la réprimanderait sûrement, ainsi que ses protecteurs et il refermerait son étreinte sur elle en engageant plus de gardes pour la protéger. Mais protégée de quoi d'abord? Que risquait-elle? Les Andralyms ne s'en prenaient pas à elle. Alors pourquoi continuait-il de la protéger comme ça?
Émie arriva vite à une conclusion plutôt affolante: Weiss ne la protégeait pas, il la surveillait, il l'enfermait. Et cela lui donnait davantage envie de partir d'ici. C'est pourquoi une fois les gardes passés, elle se faufila dans les couloirs du sous-sol.

Elle ne savait pas vraiment où était ces foutus cachots. Et elle commençait à se poser d'autre question... par exemple, si elle s'était trompée? Et si Élias n'était pas dans une prison, mais ailleurs? Si Allec lui avait dit ça spécialement pour la tromper et lui tendre un piège?

Elle se pausait trop de questions. Elle devait avancer, si elle commençait à réfléchir maintenant et à douter, elle ne sortirait jamais vivante d'ici! C'est donc déterminée, qu'elle s'engouffra sans le tunnel sans fond...

Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant