Chapitre 79

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Cela faisait, maintenant, une bonne heure qu'Émie parcourait ce couloir. Elle avait les pieds en feu et les jambes tout autant. Quelle idée de partir à la recherche de cachots sans chaussures ni vêtements adaptés! Émie s'en voulait de ne pas avoir prit le temps d'enfiller de trois habits importants... Cependant, elle n'avait pas froid alors que l'hiver battait son plein dehors, plus elle avançait, plus il faisait bon dans ce tunnel.

Émie se rassurait en se disant qu'elle était entre deux rondes de gardes quand tout espoir s'effaça à l'entente d'un frottement qui raisonna dans son dos... Aussitôt son cœur reprit une folle cadence et son souffle se fit plus court. Toutefois, vu que le bruit ne se faisait pas réentendre, elle continua. Non sans rester sur ses gardes... Quelque seconde plus tard, le frottement raisonna de nouveau. Elle se retourna à l'affût du moindre bruit, de la moindre présence. Mais alors qu'elle fixait le vide du tunnel, le bruit raisonna de nouveau, mais cette fois devant elle. Son cœur s'emballa, elle se retourna, elle sentait une présence, quelque chose de malsain. Mais quand elle découvrit ce qui l'avait tant fait angoissé, elle se sentit soudain très bête. Un rat la dévisageait. C'était lui qui l'avait à ce point effrayée... il décrocha son regard malicieux de celui de la jeune fille et s'enfuit dans un recoin des couloirs.

Le rythme cardiaque d'Émie reprit alors une fréquence soutenable et elle put continuer sa marche dans ce couloirs unique qui ne présentait toujours aucun cachots.

« Mais où sont-ils? »

Sûrement pas ici! Mais continues, tu y trouveras peut-être des vieux tas d'os...

Bientôt, le tunnel, qui lui paressait infini, déboucha sur un grand espace clos où le couloirs se divisait en différentes galeries... au centre il y avait une échelle de métal qui montait jusqu'à une trappe fermée perchée à environ dix mètres du sol sableux du tunnel.

Que devait-elle faire maintenant? Continuer dans un des trois passages ou monter à l'échelle? Peut-être que les cachots étaient en faite au dessus de sa tête?

Curieuse, Émie s'avança jusqu'aux différents tunnels. Ils étaient tous identiques les uns des autres, aucuns moyens de savoir si elle partait dans la bonne direction... des panneaux de signalisation n'auraient pas été de refus! Pas plus avancer, Émie observa l'échelle et la trappe.

- Ça ne me coûte rien d'aller jeter un coup d'œil en haut! Songea-t-elle.

Soudain, des jets de lumières dansèrent au fond du couloir duquel elle venait. Des gardes approchaient... elle entendait leurs pas lourds et leurs grosses voix négligentes.

Par réflexe et sans trop réfléchir, elle bondit sur l'échelle et la grimpa à toute allure. Les barreaux de fer froid gelèrent ses pieds nus et ses mains. Cependant, plus elle se rapprochait de la trappe, plus il faisait bon...

« étrange, il devrait faire plus chaud en bas, qu'ici! »

Mais Émie n'avait pas le temps de s'attarder sur la température. Les gardes approchaient... Et tandis qu'elle agrippait la poignée pour ouvrir la trappe, les gardes débouchèrent sur l'intersection qu'Émie dominait en haut de l'échelle, l'empêchant de faire le moindre bruit, ou geste susceptible d'attirer leur attention.
De là, elle pouvait parfaitement voir leurs crânes aux cheveux courts et leurs armes sans qu'eux ne puissent la repérer. Sauf s'ils levaient la tête... Et elle espérait de tout son cœur, qui avait un rythme excessivement rapide en dépit de sa peur, qu'ils continueraient sans la découvrir, perchée à dix mètre au dessus d'eux... Heureusement que le vertige ne la taquinait pas...

Elle décida d'attendre sans faire un geste qu'ils ne passent leur chemin. Mais la position dans laquelle elle se tenait, tirait sur ses muscles et surtout sur sa blessure aux côtes qu'elle avait difficilement mise de côté. La douleur devint bientôt insoutenable et alors que les gardes partaient dans un des tunnels, son pied glissa dans un léger bruit de friction et elle manqua de peu de tomber, mais elle se retint extrémiste. Elle avait fait trop de bruit et immanquablement, les deux gardes s'étaient retournés, les sourcils froncés. Elle avait put voir leurs regards suspicieux se croiser puis sans un mot ils étaient revenus sur leurs pas, inspectant toute l'intersection.

Émie ne bougeait plus, ne respirait plus, ne pensait plus. Chaque seconde était un supplice, mais elle devait tenir. La peur de se faire remarquer était plus forte que tout, et bientôt sa dextérité paya. Après avoir fait un tour, les gardes en déduisirent que ce devait être un rat et ne donnèrent même pas un regard à l'échelle et encore moins à ce qui s'y trouvait suspendue...

« Quelle bande d'imbéciles! »

Quand enfin ils disparurent du champ de vision d'Émie, elle se détendit et doucement, poussa sur la poignée de la trappe ronde pour l'ouvrir. Qu'y avait-il derrière? Aucune idée! Mais sa curiosité était trop grande pour passer outre ce mystère... et dans un grand bruit de grincement, la trappe s'ouvrit. Là, un vent frai, mais pas glacial, s'empara de ses cheveux et de son cou. Cette trappe menait donc à l'extérieur?

Émie, que l'adrénaline poussait à monter les quelques barreaux de l'échelle qui l'empêchaient de voir au delà du passage, fut stupéfaite quand du sable s'invita dans ses yeux.

« Du sable dans Peyrosse? »

Elle se frotta frénétiquement les yeux, consciente que quelque chose ne tournait pas rond. Puis, quand elle recouvra la vue, l'immensité d'un désert de sable balayé par des vents violents, la prit de court.

- Un désert... depuis quand y a-t-il un désert dans Peyrosse?

Des dunes de sable s'étendaient à perte de vue, discrètement coupées par une voie de chemin de fer. Les étoiles brillaient dans le ciel. Mais il y en avait plus que d'habitude. Elle reconnaissait bien les grosses étoiles, mais toutes ses petites, aussi importantes pour la beauté du spectacle, elle ne les avait jamais vues... même sur terre, le ciel n'était pas aussi profond. C'est ce qui la perturba. Le dôme cachait toujours une partie des étoiles, ne laissant que voir les plus grosses. Émie avait toujours trouver qu'il n'y en avait pas beaucoup dans le ciel de l'école et c'est peut-être cela qui la fit tilter. Ce n'était pas le ciel de Peyrosse...

Litteralement captivée des cieux, elle sortit du tunnel et posa un pied sur le sable qu'elle n'avait pas touché depuis au moins six ans. Quelle sensation merveilleuse...

- ELLE EST LÀ! Hurla une voix qui venait du tunnel.

Le sang d'Emie se glaça. Les sbires de Weiss l'avaient retrouvée...

Apparence, la traque a commencé...Место, где живут истории. Откройте их для себя