Chapitre 84

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Tandis qu'elle se dirigeait vers la porte qu'elle présumait être celle de l'entrée, l'homme l’arrêta de sa voix:
–J'allais oublier! Il te faut le code! Ne le donne à personne, c'est clair?
–Oui bien sûr...
–Deux mille huit cent trente-cinq, c'est le code, vas le taper et tu auras de l'eau.
–Vous avez besoin d'un code pour boire?
–Vas donc boire et arrête de poser des questions! Prends le vase avec les fleurs sur la table, remplis-le elles vont se dessécher sinon.
–Je sais j'y vais... Merci.
Et sans demander autre chose, elle attrapa le vase où les violettes reposaient fièrement et sortie sous le regard interloquer de l'homme.
Un code pour boire de l'eau? Personne ne devrait avoir de code pour assurer ses besoins vitaux! Et puis qui disait code, voulait à coup sûr, dire restrictions...
De son château duquel elle n'était jamais sortie, Émie n'aurait jamais soupçonné un tel endroit! Il y avait un brouhaha ambulant dans ces petites ruelles et un certain mélange étrange entre, technologie poussée et bâtisses faites avec le strict minimum... La rue étroite sur laquelle débouchait la sortie de la petite maison à l’allure de cabane, était recouverte de sable. Tandis qu'à chaque coin de maison, il y avait des lampadaires gris d’un style plutôt futuriste. Des lanternes de toutes les couleurs étaient suspendues entre les toits des maisons, ce qui donnait cet aspect convivial malgré le fait que la ferraille crise autour de chaque fenêtre et chaque porte, aurait rendu un autre lieu tout de suite austère et froid. De chaque cheminée, en sortait une fumée délivrant différentes odeurs tout aussi enivrantes les unes que les autres. C’était un incroyable mélange de technologie et de ruralité…
Soudain, alors qu'Émie inspirait une grande bouffée de cet air chaud, une énorme boule bleue translucide passa à quelques centimètres d'elle, manquant de peu de la faire tomber. Elle se rattrapa in-extrémiste sur les pans en bois de la petite maison et tourna la tête vers l'origine de ce qui avait bien failli la faire s’écraser ridiculement au sol. Là, la rue de sable orange, débouchait sur une sorte de stade où des enfants jouaient. Un d'eux accourut pour s'excuser auprès d'elle et récupérer sa balle. La grosse boule bleue translucide était en fait un jouet... Elle plissa les yeux. Elle n'en n’avait jamais vu auparavant... En même temps, les cinq ans passés enfermée dans un château ne l'auront pas beaucoup ouvert sur cette planète qui était encore un grand mystère pour elle... D'autant plus qu'une fois remise de sa frayeur, elle eut beau chercher autour d’elle, elle ne trouvait pas la fontaine dont il avait parler...
Puis, sortant de la maison d'en face, une vieille dame au dos courbé et les bras chargés de récipients bizarrement fluides, se dirigea vers le bout de la rue. À l'opposer du stade. Si ces récipients servaient à contenir de l'eau, cette vieille femme devait sûrement vouloir les remplir.
Émie décida de discrètement la suivre. Bien sûr, Émie était sur ses gardes. À tout moment, un sbire de Weiss pouvait débarquer et la ramener au château… et c'était la dernière chose qu'elle voulait!
Les regards des passants ne la rassurèrent pas. Ils la dévisageaient tous, sans exception. Les femmes passaient à côté d'elle en faisant un écart considérable pour ne pas la toucher et les hommes la détaillaient de haut en bas d'un air mauvais qui ne disait rien de bon à Émie. En même temps dans cette tenue, elle ne pouvait pas passer inaperçue... Tout le monde était protégé du soleil par des couches de tissus et des chapeaux volumineux, tandis qu'elle n'avait que sa simple chemise de nuit blanche, déchirée et sa peau aux trois quarts visible...
Mais Émie fit abstraction de ces regards et essaya de ne pas perdre de vue la vieille dame qui pour son âge, marchait plutôt vite.
Elle observa encore autour d'elle, il fallait qu'elle découvre tout d'ici... Cette rue étroite et aux petites habitations, était d'une longueur extraordinaire, un peu comme le tunnel des sous-sols du château... Quelque fois, il y avait des boutiques, et à la place des portes en bois, il y avait des vitrines où était mis en valeur des objets qu'Émie se promit d'admirer quand elle n'aura plus personne d'autre à suivre. Elle désirait voir une boutique de préférence: la Taverne d' Ogrès. Ce nom lui rappela aussitôt les consignes d’Élias:
« - … Tu y chercheras « l'auberge des trois Ogres ». Là-bas une femme viendra à ta rencontre, dis lui qu'Elthan t'envoie, elle te nourrira, te logera et t’habillera. Toutefois, rien n'est gratuit ici, tu lui rendras quelques services, Elthan lui a demandé d’être tendre avec toi, elle ne devrait donc pas te donner à nettoyer toutes les toilettes de la maison! »
Mais comment allait-elle faire si elle ne savait pas où elle était? Un problème à résoudre en plus! Cependant, elle faisait tout pour se situer. Elle cherchait des noms de lieu sur les panneaux de fer, qui ressemblaient fortement aux lampadaires futuristes, et sur les maisons qui se ressemblaient toutes. Émie s'en voulu de ne pas avoir écouté en cours de langue sorcelière parce que maintenant que ça lui était utile, elle ne savait pas lire un panneau... Toutefois, elle n'avait pas le temps de s’attarder sur eux car la vieille dame s'était arrêtée à une fontaine. Une fontaine très particulière parce qu’aucune goutte d'eau ne coulait. C’était plutôt un énorme robinet… Émie s'en approcha et observa la vieille dame faire. Elle tendait la main vers une sorte de clavier sur lequel des signes étranges étaient gravés, de la même couleur que les lignes bleus turquoises des armes de l'école. Émie reconnu aussitôt les signes, parce que c'était la seule chose qu'elle avait apprise durant ces cinq ans: les chiffres. De ses doigts fins et ridés, la vieille dame tapa son code et un bruit strident raisonna. La tablette qui surplombait le clavier s'alluma et une voix numérique en sortie:
–Bonjour, madame Zverta, combien de litre d'eau désirez-vous?
Puis d'une main tremblante de vieillesse, elle appuya sur un chiffre du clavier et un clic suivi d'un autre se firent entendre. D'un tuyau de métal, de l'eau dégoulina dans les récipients moues de madame Zverta. 
Il y avait trois autres claviers surplombés de la tablette et suivis d'un tuyau par lequel l'eau s'écoulait. Aucun n'était pris, pourtant, Émie attendait celui de madame Zverta. Elle-même ne savait pas vraiment pourquoi… elle était comme absorbée par les récipients que la vieille femme tenait. Son blocage sur cet objet lui valu un regard suspect de Zverta qui tendait toujours ces récipients, grossissant à mesure que l'eau s'y glissait. Mais Émie ne fit pas attention à ses regards interrogateurs et observait toujours ces gros bidons se remplir. Elle était captivée par leur étrange matière. Ils ressemblaient à du chewing-gum pourtant ils avaient l'air extrêmement solides.
–Il y a d'autre salve, ma petite, t'es pas obligée d'attendre la mienne..., dit madame Zverta en sortant Émie de ses observations.
–Euh... oui désolé, bredouilla-t-elle en essayant de détourner le regard des bidons chewing-gum.
Madame Zverta lui sourit et tandis que son premier bidon était plein, mais avait l'air cependant très léger, elle commença à remplir l'autre. Quant à Émie, elle se dirigea vers les autre salve et tapa le code que lui avait donné l'homme. La machine refit le même bruit strident puis la même voix électronique en sortie:
–Bonjour, monsieur Dalki, combien de litre d'eau désirez-vous?
À l'entente du nom de son voisin, madame Zverta dévisagea Émie d'un air menaçant. Soit elle devait croire, que son voisin c'était transformé en femme, soit elle pensait qu'Émie était une voleuse, et vu son regard, son choix devait s’orienter vers la deuxième hypothèse.
Émie se sentait extrêmement mal à l'aise face à cette femme qui avait dû faire tourner pas mal de tête avec ce regard si direct. Toutefois, Émie n'en démordit pas et tapa l'eau qu'elle voulait. Aussitôt le liquide sortit du tuyau et glissa dans son verre qui, une fois rempli, laissa la place au pot de fleur.
Puis l'eau s’arrêta de couler et Émie fit demi-tour jusqu'à la maison de Dalki, ignorant les regard appuyés de Zverta. Tout de même, Émie avait des remords, elle pouvait aller aider cette vielle femme, mais elle, elle fuyait ses regards perçants.
Alors, elle se reprit et fit demi-tour. Prenant son courage à deux mains, elle s'avança vers Zverta qui la scruta d'un air effrayé, comme si Émie allait la violenter. En même temps, l'air décidé d'Émie aurait très bien pu passer pour autre que ce qu'il était...
Quand Émie se baissa pour attraper un des récipient de Zverta qui les avait remplie à rat-bar, la vielle femme, se mit à frapper Émie frénétiquement .
–C'est mon eau sale p'tite garce! Ah, j'le savais! En te voyant regarder mes bidons j'ai tout de suite sût que t'allais m'les piquer! T'as pas honte de t'en prendre à une vielle dame comme moi?
Émie qui ne voulait juste qu'aider, ce résigna et posa ses deux points sur ses hanches. À ce moment, Zverta s’arrêta et défia du regard Émie qui devait faire au moins une bonne vingtaines de centimètres de plus qu'elle.
Au bout de quelques minutes de regard défiant -frôlant l'air hautain- Émie se décida à parler -vu qu’apparemment, cette vieille bique ne comptait pas dire un seul mot de plus temps qu'Émie ne serait pas partie.
–Je voulais vous aider! Je ne compte pas vous voler puisque j'ai ce qu'il me faut! Quoique grâce à vos coups, la moitiée de mon verre est vide...
–Ah ça ma p'tit, il fallait y penser avant!
–Vos bidons avaient juste l'air de peser lourd!
–Par les cornes de Lucifer! Mais d'où tu sors? S'exclama-t-elle en se baissant pour les attraper. Ils ne pèsent rien ces bidons ma p'tit !
Zverta les souleva si facilement qu'Émie en fut déconcertée... pourtant, la vieille dame était fine  comme une brindille.
Puis Zverta devança Émie qui resta là... sans bouger, elle était sous le choc... c'était donc ça le monde des sorciers? Des avantages? Le moyen de faire des outils facilement utilisable pour les personnes comme Zverta? Si oui, elle adorait ce monde! Peyrosse n'est qu'un ramasser d'hypocrites! Ici, c'était la vraie vie! Peut-être que toutes ces petites maisons se ressemblaient, mais les personnes qui y habitaient étaient toutes différentes et sincères... Du moins, c'est ce que cela laissait croire en voyant cette rue aux airs de décors Hollywoodien! Oh combien donnerait-elle pour revoir un film américain? Chers sûrement!
Sa gorge sèche lui réclamait de l'eau et même si elle était à l'ombre des maisons, il faisait rudement chaud. Zverta n'était pas encore sortie de son champ de vision quand la vielle femme se retourna et se fit entendre:
–Viens par là gamine!
Émie sentit son rythme cardiaque accélérer. Qu'avait-elle fait encore pour attirer les foudres de cette sénior parano?

~ Je vous aime, ne me tuer pas pour cette absence, la fin est proche! 😘~

Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant