Chapitre 64

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Après la déclaration d'Allec, qui avait fait des ravages dans l'esprit d'Émie, elle n'était pas allée voir Weiss tout de suite. Elle devait avant tout s'assurer qu'Élias était bien dans sa chambre avec Mila. Elle priait pour que ce soit le cas.

Arrivée dans la sorte de préambule, elle croisa Elthan qui entrait dans sa nouvelle chambre, ou plutôt celle de Rose.

Le seul fait qu'il avait pris la chambre de son amie la mettait hors d'elle... Comme si Weiss l'avait remplacée comme un vulgaire objet sur une cheminée...

Ses pensées s'effacèrent quand elle arriva devant sa chambre. Elle toqua doucement, histoire de ne pas les surprendre et entra. En voyant que le démon était revenu sur sa chaise, les bras et jambes attachées, le soulagement empli tout son être.

Elle entra et ferma la porte derrière elle. Mila était là elle aussi, plongée dans un livre, sûrement emprunté à la bibliothèque.

Émie s'approcha du démon qui visiblement était énervé et qui faisait mine de ne pas l'avoir vu. Elle s'avança calmement vers lui. Même si sa conscience lui hurlait de lui arracher la tête.

- Je pensais que je pouvais avoir confiance en toi..., dit-elle.

- Et bien tu t'es trompée..., lâcha-t-il sans même la regarder.

- Qui t'as libéré? Demanda-t-elle.

- Il m'a dit de garder le secret sur son identité.

- Ok, c'est Elthan...

À l'entente de ce nom, le démon eut un tic et elle fut sûre que c'était bien lui qui l'avait libérée. Cette ordure d'Elthan...

Mila releva doucement la tête pour voir ce qu'il se passait et replongea aussitôt dans son livre.

- Mila, je vais voir Elthan, tu entendras sûrement des cris de douleur... mais ne t'inquiète pas. Ah! Et aussi, Weiss m'attend, j'y passerais avant.

- Tu n'as pas besoin de tout me dire... je te fais confiance... par contre, je reste ici... je le surveille...

- Ok.

Puis Émie sortit. Comme elle l'avait dit, Elthan pouvait attendre, Weiss non. Elle se dirigea donc vers le bureau de son cher oncle. S'il comptait lui faire toute une leçon sur sa façon de se comporter, il pouvait toujours courir, elle n'avait pas la tête à ça!

C'était toujours la même chose, à chaque fois que Weiss la convoquait, elle passait par des humeurs différentes: la perplexité, elle se demandait pourquoi il la convoquait, puis venait le tour du stresse, au moment de toquet à la porte, et puis la colère, en entendant Weiss raconter des bêtises plus grosses que lui.

Et encore aujourd'hui, elle suivait le même processus.

Elle se remémorait tout ce qu'elle avait bien pu faire, repensant soudain au baiser entre Elthan et elle. Si Weiss le découvrait, il péterait un câble, voir pire, il la ferait enfermer! Et pire, si Weiss apprenait qu'elle était sortie avec Allec? Si Elthan lui avait dit la liaison qu'ils avaient eut ensemble? Mesquin comme il est, il en serait capable!

Et encore une fois, elle se trouvait devant la porte du bureau les mains moites et des perles de sueurs qui coulaient sur son front...

Elle y entra doucement à l'entente de la voix grave de son oncle. Ce qui la surprenait à chaque fois, c'était la forte odeur de tabac qui emplissait ses narines dés la première respiration... C'était désagréable, mais cette odeur était devenu quelque chose de commun et paradoxalement rassurant...

Puis sous le regard attentif de Weiss, elle s'assaillit sur l'un des deux fauteuils verts canard qui s'enfoncèrent sous le poids et elle attendit qu'il dise quelque chose.

Le visage tendu de Weiss, en disait long sur ce qu'il pensait et sur ce qui allait suivre. Elle était mal. Elle savait ce qu'il allait se passer, car elle connaissait ce regard: yeux plissés, lèvres serrées, bras croisés, cheveux un peu décoiffés (ce qui était très rare parce que Monsieur avait toujours une coiffure impeccable), pas de cigare allumé ni de livre ouvert sur son bureau. Cela voulait, très exactement, dire qu'elle allait passer un mauvais quart d'heure...

Soudain, il se redressa et prit une grande respiration.

- Émie, dit-il avec un air embêté, j'ai appris que tu avais... broyé le bras d'une de tes camarades... tu peux m'expliquer ce qu'il t'a pris et surtout COMMENT TU AS FAIS?!s'énerva-t-il.

Émie relâcha ses épaules et se détendit d'un seul coup quand elle comprit que Weiss n'allait pas lui parler de ses différentes aventures. Elle se laissa aller dans le fauteuil qui était plutôt confortable au final et après quelque regard perplexe de Weiss, elle se redressa un peu gênée.

- Désolée, je m'attendais à quelque chose de bien pire! Dit-elle sans se rendre compte de la bourde qu'elle avait fait.

- Donc tu trouves que d'avoir brisé le bras de Gabrielle Adhis, est moins grave qu'autre chose!? C'est pire que de nous lancer une bombe! Surtout que maintenant, elle sait que tu es ma nièce! Ses parents vont se retourner contre nous! Tu t'imagines les répercussions que cela peut avoir sur l'école!? Ses parents sont des personnes très élevées dans notre société, tout le monde les écoute! S'ils venaient à dire que toi, ma nièce, tu avais violemment blessé leur fille chérie, ça en serait fini pour nous tous! Et pour quoi je passerais moi? Je ne veux pas qu'on croie que tu es folle ou même que je t'ai mal éduquée!

- C'est elle qui est mal éduquée, pas moi!

- PARDON? S'écria-t-il d'une voix tellement forte qu'elle aurait pu faire trembler tout le bâtiment.

- Je n'ai pas décidé de lui broyer le bras comme ça! Je ne suis pas folle! Elle m'avait cherchée, je me suis défendue!

- Tu veux dire que ce sont les prises que tu as appris avec Allec qui t'ont permise de lui faire ça?

- Non! Laissez-le en-dehors de tout ça! C'est ce deuxième pouvoir que je ne contrôle pas encore! C'est lui qui lui a fait ça, pas moi!

- Ton pouvoir, que tu le contrôles ou non fait partie de toi, si c'est ça qui t'a permis de lui casser le bras, c'est que tu y avais pensé!

- Oui ça m'avait traversé l'esprit, mais juste une milliseconde! Il... mon pouvoir est incontrôlable!

- C'est bien pour ça que je te paye des cours!

Elle haussa les épaules puis il continua de lui passer son savon.

- Ce genre d'accident ne doit plus se reproduire! Je ne sais pas comment les parents de Gabrielle vont le prendre, mais j'espère pour toi qu'ils ne vont pas monter tous les autres parents contre nous! Si non, cette école, telle que tu la connais, n'existera plus!

- Ça, ce n'est pas un souci! Marmonna-t-elle.

- Qu'as-tu dis?

- Oh... euh rien! Dit-elle tout en se rendant compte qu'elle avait parlé à haute voix.

- Je te ferais dire, ma chère petite, qu'ici, c'est ta maison et que je mets tout en œuvre pour te donner une bonne vie! Pour ne pas que tu sois confrontée à ton destin! Tu ne comprends pas que c'est déjà assez dur comme ça! Alors arrête de toujours être aussi égoïste!

Et voilà, c'était le moment où tout dérapait et où Émie s'emportait. Il avait touché à sa corde sensible. Jamais elle ne laisserait quelqu'un dire d'elle qu'elle est égoïste! Et gare à celui qui essayerait...


Apparence, la traque a commencé...Where stories live. Discover now