Chapitre 86

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Ainsi, elle vagabondait dans les rues de Onia. À dire vrai, ce n'était absolument pas l'image qu'elle s'en était faite. Certes, c'était très différent des villes terriennes, mais -dans ce quartier du moins- toutes les battisses étaient pauvres. Elles ne tenaient, pour la plupart, que grâce à des grandes planches de bois ou des pierres entassées. Émie avait l'impression qu'un seul coup de vent suffirait à tout détruire. Mais parfois, au milieux de toutes ses battisses fragiles, de grandes structures s'élevaient, dépassant les petites maisons. Sur la façade et en grosse lettre, était écris, de ce que Émie comprenait: « Chef lieu du quartier 5 ». Émie en avait vu plusieurs comme celle-ci. Tantôt, quartier 1, tantôt quartier 6, tantôt quartier 3. Plus les chiffres augmentaient, plus les maisons avaient un aspect moderne, et plus l'enthousiasme des quartiers aux chiffres inférieurs à cinq disparaissait.
Cela étant dit, Émie ne savait toujours pas où elle devait aller pour trouver cette foutue taverne!
Soudain, alors qu'elle marchait paisiblement tout en scrutant les insignes des bâtiments, quelqu'un lui rentra dedans. Elle maudit aussitôt ce type maigre, au nez pointu qui venait de la sortir de ses pensées. Il était resté planté là, à la dévisager d'un air nié, comme s'il regardait quelque chose d'extraordinaire. Il ne s'était même pas excusé.
« Super... merci! foutu pouvoir d'apparence, je suis sûre qu'il ne me lâchera pas celui là! »
Heureusement que la collision n'avait rien fait tomber, sinon, la scène aurait vite tourner au stéréotype...
Bref, le jeune homme n'avait toujours pas dit un mot, la scrutant encore. C'était vraiment très gênant pour Émie qui elle était plutôt rester coincée sur... sur sa façon de la fixer.
– Ça va? Avait-elle finit par dire doucement.
– Je... oui ça va, désoler, se reprit-il, je m'appelle Sada.
Il lui tendit une fine main. Émie n'attendit pas et lui serra. Mais elle ne devait pas révéler sa vrai identité, Dalki ne lui avait pas demander son prénom, mais s'il l'avait fait elle lui aurait donner un faux nom, comme maintenant:
– Moi Amé...
Oui Amé, cela lui plaisait.
« Je suis Amé... Amé Sela et je viens d'une ville au alentour d'Ornia. J'ai... j'ai dix-sept ans maintenant. »
– Enchanté, tu avais l'air perdu, tu cherches quelque chose?
Émie vit alors ce Sada, comme une chance de trouver son chemin. Elle n'hésita pas une seconde pour lui dire où elle voulait aller et lui, s'émerveilla aussitôt:
– Magnifique! J'y vais aussi! Tu n'étais pas loin! Suis-moi!
« super... Il va me coller au bask' je le sens... »
Il était grand, peut-être même plus qu'Allec qui était, lui, déjà une perche. Des cheveux bruns, lisses, une silhouette des plus fines, presque squelettique... Il devait avoir un peu près son âge. Alors qu'elle le suivait, non sans mal -il avait vraiment de grandes jambes-, il ralentit et s'adressa à elle avec un grand sourire.
– Tu viens d'où comme ça?
– Je viens d'une autre ville.
Elle mentait avec de plus en plus de dextérité, ce qui l'effraya... Elle voulait pouvoir vivre une vie sans devoir mentir toutes les deux secondes...
– Ouah, t'as dû en faire du chemin jusqu'ici!
– Ouais...
– Et pourquoi tu cherches cette auberge en particulier?
– On me l'a conseillée...
Après ça, il n'avait plus dit un mot. Il avait raison, l'auberge était à quelque pas d'où elle se trouvait. Cependant, elle lui aurait été difficile à trouver. Elle se situait dans une toute petite ruelle qui débouchait sur une grande place en pavé.
– C'est quel quartier ici? Demanda-t-elle.
– Le septième. On est plutôt bien loti ici, on à l'eau sur la grande place que nous venons de passer, les transports qui traverse la rue adjacente...
– Attend, tu habites ici?
– Oui, pourquoi?
– Nan pour rien. Se ravisa-t-elle.
La façade ressemblait à toutes les autres, seulement une pancarte se balançait au dessus de leur tête où trois ogres s’enlaçaient gaiement surplombés par des inscriptions en langue sorcelière. Pas de doute, c’était ici!
Quand Sada poussa la porte, une cloche retentit et un brouhaha sortit de l'auberge. L'air y était saturé. Toutes les tables étaient occupées d'hommes baraqués ou barbu.
Une cinquantaine de Dalki en puissance se retournèrent quand Sada et elle eurent mit un pied sur le pallier de l'auberge. Un long silence s'installa. Émie eut l'impression que leur silence dura une éternité... alors qu'en réalité, les hommes avaient juste fait volte-face vers eux, et juste après avoir identifié l'inconnue entré, étaient repartis dans leur discussion animé.
Mais franchement, dans quoi s'était-elle encore fourrée? À chaque fois qu'elle passait devant une table, des sifflements lubriques se faisaient entendre. Elle n'était pas à l'aise dans cet atmosphère plus que masculine, emplie de machos en manque de cuisse... Les seules femmes étaient les serveuses qui couraient presque pour ramener les commandes de tous ces hommes.
Émie continuait de suivre de très prés Sada qui s'était arrêté au bar et avait dit quelque mot à la bar-girl, habillée d'une tenue très peu garnie en tissu... Aucun des mots qui étaient sortis de la bouche de Sada ne parvinrent pas jusqu'aux oreilles d'Émie tant le brouhaha des hommes, presque ivres, était fort.
Tout en hochant la tête de haut en bas, la bar-girl la jugea du regard. Elle astiquait lentement un verre, comme s'il avait été la chose la plus fragile qu'elle n'ai jamais touché. Puis sans qu'Émie ne s'y attende, elle sortit de son champs de vision, embrumée de hautes et imposantes silhouette.
Là, elle se sentit emportée entre tous ses hommes par une main brûlante. C'était Sada qui la tirait. Où est-ce qu'il l'emmenait? Elle n'avait pas d'autre choix que de le suivre à travers la foule. Mais petit à petit, le nombre d'homme diminuait et l'air revenait. Maintenant, elle voyait parfaitement à deux mètres autour d'elle.
C'était une auberge un peu comme celle qu'on pouvait trouver sur terre. À sa gauche il y avait un grand escalier dans lequel deux personnes s’embrassaient langoureusement. Émie détourna aussitôt les yeux et suivit Sada qui l'avait à présent lâchée. La bar-girl était à ses côtés et jetait des coups d’œil furtifs à Émie mais la jeune fille était bien trop préoccupée à regarder autour d'elle pour porter attention à cette femme au regard méprisant.
Un homme sortit d'une pièce  qu'Émie n'avait pas aperçu et ne s'attendant pas à ce qu'il déboule comme ça, elle lui rentra littéralement dedans.
« Aïe... il va peut-être falloir que je fasse plus attention où je mets les pieds...»
Aussitôt l'homme l'examina du regard et avec un air lubrique l'enroula d'un bras puissant pour la rattraper avant qu'elle ne tombe.
– Qui es-tu jeune fille? Je ne t'avais jamais vu ici... pourtant j'aurais dû.
Il avait lentement descendu ses yeux d'un bleu glacial le long du corps d'Émie avec un vieux sourire en coin qui ferait fuir la plupart des filles ne serait-ce qu'un peu sensée.
– Lâchez-moi! Gueula-t-elle.
Émie était dégoûtée, cet homme était répugnant et son allène puait l'alcool mélangé à ce qui pourrait ressembler à du tabac. Mais elle avait beau se débattre, il la tenait trop fort pour qu'elle puisse se décoller de ses muscles trop gros pour être agréable. Il était répugnant.
– Hé! S'exclama Sada. Écoutes ce qu'elle te dit Horton! Lâche-la, elle est à moi! C'est trop tard!
– Oh tu fais chier Sada! Tu te tape toujours les meilleurs! Protesta le grand type à l'allène horrible.
– Je t'emmerde! Rétorqua Sada.
Là, Horton la lâcha et d'un regard défiant, elle s'écarta de lui pour aller rejoindre Sada. Une fois à ses côtés, elle l’interrogea du regard.
– Ne t’inquiète pas, j'ai dis ça pour qu'il te lâche.
– Que ce soit clair, je ne suis pas une prostitué ou autre, ok? Je cherche juste du travail et on m'a conseillé de venir ici!
– Quel type de travail? Demanda la bar-girl d'un air des plus méprisant.
Émie la mitrailla du regard. Cette femme était détestable... elle avait tout pour elle et en plus elle était d'une folle arrogance.
– Je vais te laisser avec Kila, dit Sada à Émie, elle va t'emmener voir la patronne, si tu as été envoyée, c'est forcement par une de ses connaissances. On se revoit plus tard!
Puis il partit avec un grand sourire.
Émie s'était retournée vers Kila, cette grande brune trop parfaite était déjà à l'autre bout du couloir...
Émie n'avait pas eut un bel aperçu de cette femme et maintenant, c'était sûr, elle la détestait. Pour qui elle se prenait, à la toiser du regard comme si elle n'était rien?
Bref, Émie rangea sa colère dans un coin et accouru vers Kila qui toquait à une porte. Une forte voix en sortit et Kila fit signe à Émie d'entrer.
Inspire, expire.
Émie était stressée. Qu'allait-elle trouver? 

Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant