Chapitre 20

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Émie se réveilla dans une grande pièce blanche où la lumière du soleil l'éblouissait presque. Le lit blanc dans lequel elle était allongée était face à cette grande fenêtre. Elle portant une main à ses yeux pour se cacher du soleil quand elle sentit, sous ses doigts, son front brûlant. Puis en regardant autour d'elle, elle reconnut les murs blancs de l'infirmerie et les rideaux qui la séparaient des autres malades qui apparemment se faisaient rare ici.

Comme si elle avait bu toute la nuit, sa tête lui faisait horriblement mal quand elle entendit des voix venant de l'autre côté du mur. C'était Betty et Allec.

- Elle est dans un sal état, Allec, à mon avis, elle a dû attraper un mauvais truc.

- Elle nous a foutu une de ces trouilles! Je suis content qu'elle aille mieux, je peux aller la voir?

- Bien sûr.

À l'instant où Betty lui avait donné la permission, il s'était dirigé d'un pas assuré vers le dortoir où Émie essayait de se redresser sans grand succès... sa tête lui faisait tellement mal, qu'elle ne pouvait faire un geste sans perdre l'équilibre. Voyant qu'elle avait du mal à se redresser, Allec rigola et s'approcha d'elle doucement.

- Reste calme, il ne faut pas que tu bouges trop.

- J'ai remarqué! Qu'est-ce que j'ai?

En entendant sa voix cassée, Émie écarquilla les yeux et regarda Allec, amusé. Puis elle remarqua le coquard qu'il avait à l'œil et sa lèvre ouverte. Elle essaya d'amener sa main jusqu'à son visage, mais à peine avait-elle fait la moitié du chemin, qu'elle était déjà épuisé... Elle la laissa retomber comme si un poids y était suspendu. Il sourit tristement et croisa les bras devant lui.

- Et oui Émie, tu es en train de découvrir la joie d'être malade! Il y a un virus qui rôde dans l'école, plusieurs élèves l'ont attrapé, et tu en fais partie! Félicitation! J'ai parlé avec Betty, tu risques de rester ici une bonne semaine le temps de te ressourcer.

- Où sont tous les malades? Il n'y a personne ici...

- Betty m'a dit qu'ils étaient rentrés chez eux.

- C'est dur de rattraper une semaine de cours, surtout ici... Enfin cela dit, je ne rencontrerais pas la peste de service!

C'était le surnom qu'Émie avait donné à Gabrielle avant de tomber malade. Allec lui sourit alors et se détourna d'elle.

- Je te prendrais les cours.

Elle lui sourit difficilement, l'envie de dormir était tellement forte que ses paupières se fermaient toutes seules. C'est alors qu'elle sentit la main d'Allec sur ses cheveux faisant des aller-retours entre son front et le haut de sa tête. Elle rouvrit les yeux une dernière fois pour l'apercevoir la regardant un petit sourire collé à la bouche. Elle remarqua d'ailleurs sa fossette qui la faisait craquer à chaque fois. Puis se fut le trou-noir.

- Émie, Émie, réveille-toi! Vite!

La jeune fille ouvrit lentement un œil puis l'autre, l'air frai l'entourait et la prit par surprise, lui serrant violemment la gorge. La nuit était tombée et les nuages recouvraient pratiquement le ciel où les deux lunes trônaient telle deux reines bienveillantes.

Elle ne savait pas vraiment comment elle s'était retrouvée ici, mais on essayait de la soulever et de l'aider à se lever. Alors que quelque rayons de lunes parvinrent à traverser les épais nuages, elle découvrit le visage d'Allec rouge de sang, ses habits en étaient aussi immaculés et sa main dans la sienne était moite et chaude. En voyant cette scène d'horreur, Émie poussa un cri et retira sa main d'un geste brusque avant de faire quelques pas en arrière.

- Ton visage! S'écria-t-elle.

- Ne t'inquiète pas tout va bien. Murmura-t-il en observant autour de lui d'un aire trop inquiet. Dépêche-toi de me suivre, s'il nous retrouve, on est fini!

Émie hésita un instant et alors qu'Allec la pressait, elle ne bougea pas le dévisageant de plus belle, comme bloquée.

- Émie! Dépêche!

Soudain un craquement de branches raisonna dans la pénombre. Émie se retourna instinctivement et fixa l'obscurité en attente d'un nouveau bruit. Mais alors que rien ne venait aiguiser ses craintes, une silhouette noire, effrayante, se hissa à quelques mètres d'elle. L'ombre noire se rapprochait d'un pas lent vers la jeune. Et alors qu'Allec lui reprenait la main, la tirant à s'enfuir, la silhouette se précipita vers eux. Elle dut se rendre à l'évidence, elle devait fuir cette ombre menaçante. Ils se mirent donc à courir le plus vite possible dans l'obscurité la plus totale, trébuchant à chaque occasion.

- Émie! Cria la silhouette. Ma fille! Ne t'enfuis pas encore! Je dois de prévenir!

Émie se figea, reconnaissant une voie singulière et surprenant Allec qui lâcha sa main.

Elle se retourna et découvrit son père. Elle croyait pourtant qu'il était mort, il lui avait tant manqué ses dernières années qu'elle accourut dans ses bras. Mais alors qu'elle arrivait à sa hauteur, un poignard venant de derrière elle, vint brutalement se planter dans la poitrine du grand homme bienveillant. D'un gémissement douloureux, il s'écroula, la main à sa plaît, le visage tiraillé par la douleur.

- Je ... t'aime. Fai- fait atten-attention à toi... Émilia...

- Non! Cria Émie en s'effondrant auprès de son père maintenant sans vie.

Elle releva la tête vers l'assassin qui la regardait sans aucune expression.

- Pourquoi? Hurla-t-elle.

L'assassin ne baissa pas les yeux et la regarda même avec d'autant plus d'intensité.

- Réponds Allec! Cria-t-elle en pleure.

- Ce n'est pas de ma faute, on m'a demandé de te protéger contre eux, le jeune homme que les lunes éclairaient marqua une courte pause puis repris comme pour appuyer ses propos. C'est de ta faute...

Émie se réveilla en sursaut poussant un cri strident. Elle regarda autour d'elle essayant de se libérer de sa couette étouffante. Son souffle cour résonnait dans toute l'infirmerie. Elle essuya une goutte de sueur qui coulait de son front et alluma la lampe de chevet suspendu à son lit. Tout devint soudainement plus rassurant. Émie attrapa le vers d'eau sur la table de chevet et le but d'une gorgée. C'était toujours ce même rêve, sombre, apeurant. Mais celui-ci fut plus effrayant que les autres, jamais elle n'avait vu Allec à la place de l'assassin...


Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant