Chapitre 69

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Furieuse, Émie se pencha pour attraper la gouttière et redescendre. Elle allait trop vite pour faire attention à ce qu'elle faisait, elle voulait partie et ne réfléchir à rien. Mais elle aurait dû parce que son pied glissa sur la gouttière humide et que ses mains lâchèrent toutes prises.

La seconde suivante, elle dégringolait. Elle allait s'écraser par terre, comme un oisillon tombé du nid. Tout son intérieur remontaient sous la pression de la chut.

Elle voyait le corps d'Elthan se pencher au bord du toit et articuler son nom, mais n'entendait pas. Comme si le temps s'était arrêté, ses cheveux flottaient doucement, sa jupe fendait l'air et ses mains étaient entourées d'un fluide noir. Comment d'écrire une émotion pareille? Savoir que l'on va mourir dans quelque seconde et espérer que ce sera bref, ce sentiment était horrible...

Que devait éprouver Elthan à ce moment? De la crainte, de l'épouvante, de la joie dans le pire des cas!

Trop préoccupée par sa chute, elle ne le voyait pas descendre en rappelle du toit telle une majestueuse araignée et se retourner toutes les deux secondes pour voir où en était la chute inévitable de son amie. Son amie qui flottait bizarrement dans les airs.

Le temps passait vraiment lentement, trop lentement. Elle aurait déjà dû toucher le sol depuis un bon moment, elle ne voyait plus défiler sous ses yeux les mètres qui la rapprochaient de la mort.

Elle observa autour d'elle. Elle était dos au sol, ses mains étaient entourées de ce fluide noir qui grimpait petit à petit sur son corps pour venir l'envelopper peu à peu.

Elle comprit. Son pouvoir la retenait, il la faisait léviter.

Mais ce fluide, elle ne l'avait jamais vu. Jamais. Et il était effrayant, peut-être même plus que sa chute...

Autour d'elle: le vide. Le vide. Mais la vie.

Puis soudain, le sons revint jusqu'à ses oreilles. Elthan criait son nom, le hurlait. Allec était à la fenêtre de la chambre d'Elthan, suivie de Mila à la sienne. Ils se essayent de trouver quelque chose pour la sortir de là. Ils avaient l'air paniqué.

Elle aussi avait peur. Parce qu'elle savait, plus que quiconque, que son pouvoir ne faisait pas toujours ce qu'elle voulait. Qu'il pouvait très bien la laisser dégringoler... Comme quelque chose à laquelle on ne tient plus...

Elle devait se concentrer, mais le fluide qui l'entourait était étrange parce que plus il avançait sur son corps, plus la sensation de paix qu'elle ressentait disparaissait.

Tout à coup, une rafale de vent la fit perdre sa concentration et elle dégringola. Elle tombait de nouveau et les mètres qui la séparaient du sol se réduisaient sous ses yeux horrifiés.

- ÉMIE! Hurlèrent ses amis.

Elle ferma les yeux. Elle n'arrivait plus à se concentrer. La chute faisait remonter son cœur et ses entrailles.

Une branche cassa sous son poids. Puis une autre et elle rebondit alors sur une plus résistante. Puis, dans un bruits sourd de craquements de branche et d'os, elle s'écrasa sur la pelouse du jardin.

Elle se pensait morte ou peut-être pas, mais une chose était sûre, elle était seule.

Ventre au sol. Elle tournait de l'œil puis reprenait aussitôt ses esprits.

Perdre conscience, revenir.

Perdre conscience, revenir.

Perdre conscience, revenir.

Petit à petit, elle ressentait ses douleurs. Une au thorax, elle avait du mal à respirer. Une autre à la jambe, elle essaya de la bouger, mais une forte douleur la lui étreignit pour remonter dans le bas de son dos. Une autre à la tête. Elle avait aussi très froid, trop froid pour que ce soit normal...

Elle gémit. Sa main gauche, qu'elle apercevait, avait une drôle de position et flottait dans une flaque de sang.

Son sang.

Elle était, maintenant, sûre qu'elle était en vie... dommage, elle aurait pu retrouver ses parents là-haut...

Le fluide noir avait disparu et l'avait lâchement laisser tomber. Son propre pouvoir ne lui avait pas sauvé la vie...

Elle revit en flash les visages de ses amis la voyant tomber, leur frayeur, leurs cries et leur désespoir.

Elle toussa.

Un goût de fer empli sa bouche.

Son sang.

Pourquoi personne ne venait-il la chercher?

Soudain, des cris, des ordres, des plaintes et des sanglots se firent entendre. Des bruits de pas et des ombres autour d'elle. Elle ne voyait pas qui la dévisageait, qui la pleurait, qui criait sur qui, qui s'accroupissait à ses côté pour prendre son pouls.

- Elle est vivante! S'exclama une voix au-dessus d'elle.

Elle ne reconnaissant pas cette voix d'homme, mais elle lui fit un grand bien. Parce qu'elle lui confirmait qu'elle était en vie.

Puis elle sentit des mains la palper et la soulever. On la mit sur une civière. Tous ces membres lui faisaient affreusement mal, mais quand une main chaude et familière vint se faufiler dans la sienne, elle se concentra dessus et la douleur, même si très importante, laissa place à sa chaleur.

Elle entrouvrit difficilement les yeux. Allec était là. Il lui souriait tendrement en passant une autre main dans ses cheveux pleins de sang.

- Allec..., gémie-t-elle.

Elle ne reconnaissait pas sa voix tellement elle était éraillée. Il la regarda d'un air qui se voulait rassurant, mais qui trahissait plus son angoisse qu'autre chose.

- Qu'est-ce que...

- Chut, ne t'inquiète pas, tu vas t'en sortir, les médecins les plus renommés vont venir à ton chevet, ils vont te sauver.

Elle était sûre, qu'il lui disait ça pour se convaincre lui-même qu'elle allait survivre. Mais elle avait du mal à y croire. Elle saignait de l'intérieur, elle le sentait et puis ses blessures étaient trop grosses pour être réparées. Et même si ses paroles la réchauffaient, elle souffrait.

Allec lâcha une fine larme et elle sentit son cœur se briser. Le brancard avança et plus rien. Elle avait enfin perdu conscience, la douleur la ne tiraillait plus.

Apparence, la traque a commencé...حيث تعيش القصص. اكتشف الآن