Chapitre 74

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Émie lui avait alors répondu qu'il y avait des bougies dans la salle de bains de Mila. Élias avait presque accouru les chercher. Puis il avait demandé à Émie de s'asseoir par terre et d'attendre. Autour d'elle, il se précipitait, l'encerclait de bougies.

Elle avait peur. Peur de ce qu'elle allait faire. Vraiment peur. Et si Élias lui mentait?

Non ce n'est pas possible, lui répétait sa conscience.

En effet, dans Le livre des Limbes, il y avait un passage sur les pactes entre démon et sorcier qui stipulait que si l'un ou l'autre ne remplissait pas la clause du contrat, il était sur-le-champ brûlé, par un feu pire que toutes les tortures, pires que tout ce qu'un être peut subir.

Une fois qu'il s'est doucement emparé de ton corps, il te consume petit à petit. Au début, il s'attaque à ton pauvre sang qui malgré lui, brûle tes artères car ce feu est malin et le fait bouillir pour que partout où il passe, cela te fasse presque dépérir. Mais quand il voit que rapidement tu t'épuises, il te laisse reprendre tes forces en se faisant discret... Mais il est toujours là, tapi dans l'ombre de tes veines, ou celle de ton corps. Oh... ton pauvre corps... oui... il souffrait lui il n'y a pas quatre mois. Toutefois, tu es heureux de ne plus rien ressentir... Mais ne te réjoui pas trop... car maintenant, il s'attaque à tes muscles, qu'il calcine peu à peu, sans jamais se presser. Dans peu de temps, tu ressembleras à un cadavre... tu seras un cadavre... mais encore un peu de patience... pour l'instant ce n'est pas fini... parce que tandis qu'il te ronge les os, bientôt il s'en prend à tes malheureux organes, à tes poumons, qu'il embrase, te rendant, oh combien! la respiration insupportable. Et pour finir, alors que tu n'es plus qu'un t'as de matière presque sans vie, il se dirige vers ton infortuné cerveau qui ne sera rapidement plus que cendre. Et ton âme? Qu'en fait-il de ton âme qui se demande vraiment pourquoi elle a fait cette erreur de traîtrise? Hé bien pauvre traître! N'en as-tu aucun doute? Comme de l'acide, ce feu dissout ton âme au file de ta dégénérescence. Oh quelle larve que tu es devenu! tu souffres! Tu es minable, tu te morfonds et regrettes... mais c'est trop tard, parce que pendant presque deux ans, si tu n'as pas résisté, le feu noir  t'as consumé avec délice. Oh oui, avec délice...

Par ce fait, elle était sûre qu'il ne la manipulerait jamais. Que tu ne la manipulerais jamais...

Espèce de folle! Tu es en train de faire confiance à un démon qui voulait te tuer, il y a à peine une semaine!

« laisse moi faire ce que je veux! »

Tu es juste inconsciente des risques que tu prends! Je suis ta conscience, c'est mon devoir de te remettre les idées en place!

Dans ce silence, presque pesant qu'ils avaient installé, il s'assit doucement en face d'elle et alluma toutes bougies une par une.

Puis délicatement, Élias prit la main droite d'Émie dans la sienne et la pressa un court instant, ce qui la tira de ses pensées et l'obligea à planter ses yeux dans ceux du démon. S'il avait été tendu, il n'en montrait aucun signe...

- Es-tu vraiment sûre de toi?

Elle hocha la tête.

D'un coup, alors qu'elle fixait les yeux noir d'Élias, une douleur vint lui étreindre la main, puis se propagea dans son bras. Elle détourna tout de suite le regard pour découvrir sa main ensanglantée dans celle d'Élias. Une immense plaie recouvrait sa pauvre paume endolorie.

À son tour, il plaça le couteau dans le creux de sa main et d'un coup sec le retira. Aucun tic, aucun froncement de sourcils montrant sa douleur. Émie se sentait vraiment faiblarde, avec ses larmes qui coulaient et son air sûrement palot.

Lui était vraiment plus coriace apparemment. Plus résistant, plus téméraire et courageux...

Il aura donc fallu un peu plus d'un mois à Émie, pour ce décider à vraiment agir. Peut-être que pendant tout ce temps, elle avait juste peur de prendre son courage à deux mains et de bondir sur son chasseur... quoi de plus normal après tout? Elle allait se getter dans la gueule du loup et elle ne devait ressentir aucune peur? Aucune appréciation? Aucun stress? Aucun tracas?C'était impossible...

L'ambiance n'était pas rassurante, elle était même troublante. Et le regard toujours coincé sur sa plaie béante, Élias prononça:

- Tu es prête?

- Oui.

- Alors répète après moi: Moi, Émilia Loas, je vend mon corps au démon Élias Tarh en l'échange d'un service digne de mon offre.

Il prit doucement la main droite d'Émie dans la sienne, et leur sang se mélangèrent. La douleur était atroce, mais elle essayait de passer outre, il le fallait.

Elle prit donc une grande inspiration et prononça, d'une voix chevrotante, les mêmes paroles qu'Élias, sans trop réfléchir.

Aussitôt, une sensation d'écrasement vint l'étreindre. Comme de longs doigts crochus qui venaient s'agripper à elle. Elle sentait tout un courant étrange la parcourir puis un autre l'écraser à nouveau. C'était étrange. Est-ce que cette sensation était la même pour tout le monde? Elle s'inquiétait réellement.

« Mais qu'est-ce que je suis en train de faire? »

Et sans lui pauser d'autre question, comme si, pour une fois depuis le début il se précipitait il articula:

- Moi Élias Tarh, j'accepte le corps d'Emilia Loas, en l'échange d'un service digne de son offre.

Puis un énorme souffle partit de leurs mains et vint éteindre toutes les bougies, les plongeant dans le noir le plus total.

La seconde d'après, la porte s'ouvrit dans un fracas monstre et deux silhouettes entrèrent. L'une s'approcha furieuse d'Émie et la prit par le bras, l'obligeant à se lever. Elle croisa le regard plein d'incompréhension d'Élias.

Et bientôt, celui qui la tenait, la tira dehors. Elle était trop sous le choc pour pouvoir protester... Était-ce vraiment une bonne idée en fin de compte? Qui la tenait par le bras? Un démon venu la chercher et l'emprisonner à vie?

En passant la porte, elle entendit la voix d'Elthan rugir dans la chambre de Mila, puis la porte claqua dans un énorme bruit sourd.

Elle fixait encore la porte fermée, se demandant ce qu'il se passait de l'autre côté, quand celui qui la tirait, s'arrêta. Des bruits de clefs résonnèrent. Elle détourna alors le regard et le posa sur la main qui la tenait toujours au bras. Elle remonta doucement les yeux pour découvrir qui lavait enlever.

Allec la surplombait de sa carrure imposante.

Son visage était fermé, froid et ses sourcils noirs étaient tellement froncés, qu'elle avait du mal à voir ses yeux... Ça Allait barder pour elle. Elle avait fait une grosse bévue et elle venait de s'en rendre compte. Du coup, son cœur s'emballa.

« Mais qu'est-ce que j'ai fait? »

~~ Voilà! j'espère que le suspense ne serra pas trop insupportable à tenir! Je vous dis donc à la semaine prochaine pour un nouvel épisode des aventures abracadabrante d'Emie Loas! ~~

Apparence, la traque a commencé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant