Noir Corbeau.

Chapitre 3

   Cela faisait six jours que j'étais installée au Square Grimmaurd et je n'étais toujours pas sortie. J'aurais dû y penser avant de foncer sans réfléchir, mais le quartier général devait rester secret et donc, personne ne devait sortir seul, en particulier les "enfants" comme ils nous appelaient. En disant ils, je parle de tous les gens qui participent aux réunions. En six jours, j'en avais rencontré ou revu beaucoup. J'ai découvert que le Professeur Rogue venait, parfois. Fidèle à lui-même, il jetait des regards noirs ici et là.

   La femme dont je me souviendrais le mieux, c'est Emmeline Vance. J'ai fait sa connaissance environ deux ou trois jours après mon arrivée. Elle m'a salué en utilisant mon surnom, cela m'a parut étrange qu'elle le connaisse. Je crois qu'elle était très émue de me rencontrer. Je ne comprendrais jamais pourquoi les gens sont émus de me rencontrer. Ce n'est pas moi qui aie une cicatrice...

   Pour en revenir à Emmeline Vance, elle avait les larmes aux yeux lorsqu'elle m'a dit bonjour. Elle m'a expliqué ensuite qu'elle avait été proche de mes parents durant leurs années d'étude. Il est vrai qu'elle, Remus et Sirius avait une certaine complicité presque imperceptible. Elle m'a raconté que James, mon père, une fois en couple avec ma mère, s'était très vite mis à imaginer un avenir. Elle m'a dit :

   — Un jour, il m'a confié que ce qu'il voulait par dessus tout, c'était une fille qui serait aussi intrépide que lui, mais aussi intelligente que Lily. Il m'a dit "Lily aime beaucoup le prénom Elizabeth, mais moi je l'appelerais Lizzie. C'est simple, court et ça fait femme forte. C'est ce qu'elle sera. Ma fille sera très forte, très courageuse. Elle sera aimée de tous, surtout de ses parents. Je le vois d'ici, Em'. Ma future petite Lizzie."

   Je n'avais pas pu m'empêcher d'éclater en sanglots. En réalité, j'aurais tellement aimé les connaître... J'aurais aimé qu'ils soient toujours là, que mon père me dise tout ça de sa propre bouche... Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point leur absence créait un grand vide à l'intérieur de moi. Même si, de Harry et de moi, j'étais consciente d'être la plus chanceuse, le fait qu'il n'y ait aucune famille Potter m'attristait plus que tout.

   J'avais évité d'envoyer beaucoup de lettres à Harry, sachant parfaitement que si j'écrivais trop, je risquais de révéler quelques indices sur ce qui se tramait. Le lendemain de mon arrivée, j'avais reçu un hibou de Dumbledore me faisant promettre de ne rien lui dire avant qu'il n'arrive. Or, je ne savais pas quand son arrivée était prévue. Les adultes de l'Ordre savaient très bien garder le secret. J'avais essayé de soudoyer Sirius mais même lui n'avait rien dit, bien que je lisais sur son visage qu'il était parfaitement au courant.

   Fred et George m'avaient montré dès le premier jour leurs prouesses en matière de transplanage. Je ne cachais pas que j'étais très fière d'eux. Pour ma part, il me fallait encore attendre deux ans avant de pouvoir passer le permis.

   En ce qui concernait mon Animagus, je n'avais mis personne au courant, à l'Ordre. Seule Nymphadora le savait. Enfin, la connaissant, le secret allait rapidement circuler.

   D'ailleurs, le septième jour, elle vint me chercher dans la chambre des filles. Il n'y avait que Ginny avec moi, Hermione aidant Mrs Weasley à préparer le repas.

   — Chérie ?, m'appela Nymph' en passant la tête par l'entrebâillement de la porte.

   — Oui ?, répondis-je en levant la tête de mon livre.

   — Viens voir, s'il te plaît.

   Je jetai un coup d'œil à Ginny, allongée sur le lit d'à côté.

   — J'ai fais une bêtise ?, demandai-je sur le ton de la plaisanterie.

   — Non, non, pas du tout., assura ma sœur en secouant la tête, hilare. Fol Œil aimerait te parler.