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Je noircis des feuilles depuis de longues heures maintenant, rien ne m'arrête même pas les cries des enfants qui passent dans la rue ou le couple de l'appartement d'à côté qui s'engueulent depuis bien trop longtemps. Mon téléphone contre la table basse de mon salon à vibrer plusieurs fois depuis que je suis assise sur mon balcon à raturer, le soleil a eut le temps de se coucher aussi mais ce n'est pas pour autant que je me suis arrêté. En rentrant de ma journée entre filles une poussée d'inspiration m'a prit et depuis rien ne peut me l'enlever. Vue dans quel élan je me suis lancé je risque d'en avoir pour la nuit entière mais ce n'est pas grave, j'ai besoin de relâcher mes sentiments sur feuilles ce soir.

Après cette nuit on sera Lundi, et mon album sort Vendredi je soupira suite à cette pensée, posa mon stylo et laissa mon regard se perdre dans la nuit Parisienne. Le bruit des voitures en fond sonore me fait me perdre un peu plus dans mes pensées sombres me remémorant une période de ma vie que j'aurais totalement préférée oublier. La période où me faire malencontreusement renverser était devenu une obsession, voir un rêve. Mes idées noires étaient devenu malsaines et me hantaient un peu plus chaque jours, engendrant mes démons avec elles. Ce foutu cercle vicieux qui m'aura presque eut au final.

Lorsque de nouveau des vieux souvenirs reviennent à la charge je décida de rentrer dans le salon et d'attraper la bouteille de Jack's à peine entamé de la nuit derrière et l'amena avec moi sur le balcon. Une fois rassise, mon plaid sur mes jambes j'ouvris la bouteille et bus a même le goulot. Si ma mère me verrait elle dirait sûrement que je vais finir comme mon grand-père, alcoolique et que cette obsession aura ma mort, cette pensée me fit lâcher un rire presque sadique. De toute manière si ce n'est pas l'alcool qui aura ma mort ça sera la musique, et dans tous les cas, ça reste une addiction.

J'ai plus côtoyé la mort de proches que de naissances dans mon entourage et cela me glaça pas le sang comme ça aurait pu en être l'effet y a quelques heures non, j'en ricana, j'en ricana froidement. Comme si plus rien ne me toucher. Je me sentais immortelle en avalant une nouvelle gorgée de ma potion magique. Foutu alcool qui agit bien trop vite sur mon corps à cause de mon ventre vide.

Je posa la bouteille sur le côté sans la fermer, sachant pertinemment que dans quelques minutes le goulot allait de nouveau se retrouver en contact avec mes lèvres. Je continua d'écrire, de raturer et de recommencer à rédiger un futur couplet sur mon carnet sans m'arrêter. À croire que de l'encre peut me sauver de mes démons.

Couplet écrit à l'instant : J'ai connu le bling-bling, les galas, les pires décalages, les souffrances inégalables
Le manque de Dieu quand il est pas là
Heureu-heureusement, j'm'en sortirai par l'rap, les joints c'est pour empêcher les larmes de couler
Le scotch, c'est pour les choses irréparables
Hé m'man, tu veux un double scoop ? Quand j'prends ma mob alors qu'j'suis pété à la mort, c'est pas d'l'inconscience, non
C'est qu'j'en ai rien à foutre, mourir, j'en ai rien à foutre
J'touche du bois quand vient le feu, j'touche du fer quand vient la foudre
J'connais mieux la faucheuse qu'un infirmier en soins palliatifs
Si elle m'emmène, c'est sans regret, on verra c'que mes cendres créent
Car il paraît qu'j'suis un artiste, c'est quoi un artiste ? Un bon à rien qui touche les autres
Tu veux un chef d'œuvre ? Allez c'est parti, et puis quoi j'vais m'faire sauver par qui ?
Dix ans qu'j'attends seul comme un gosse oublié sur un parking, merde
(Sur le sol - Lomepal)

Je lâcha mon stylo et attrapa la bouteille, je la fixa pendant de longues minutes. En me demandant qu'est-ce j'ai bien pu foutre pour en arriver là. J'ai 24 ans et je suis là, assise sur mon balcon, dans une des plus belle ville du monde à me morfondre sur mon sort alors que dans quelques jours mon album sort, je suis sensée être heureuse de réaliser un rêve mais non, cela m'enfonce. J'ai l'impression d'avancer à reculons, mais pas par la faute de quelqu'un, non, par ma faute. Je me mets moi-même des bâtons dans les roues.

Je repensa à une des punchs qu'avait lâché Dinos un freestyle : "Réveillez-vous, on crève nos propres pneus et on cri au grand Dieu qu'on a des battons dans les roues". Repenser à cela eut le don de me faire soupirer d'agacement car c'est exactement mon cas actuellement.

Je leva le regard vers Paris qui commence à s'endormir réellement vue qu'il est bientôt 2h du mat'. Du moins, s'endormir est un grand mot pour cette ville, je ne sais même pas si on peut parler de sieste à son sujet. Je soupira doucement et réfléchi, encore et encore, à croire je ne sais faire que ça, me
prendre la tête.

En repensant à comment ma semaine va se déroulé je soupira d'avance; tous les soirs je me devrais d'être dans les studios de Skyrock pour mon Planète Rap certes j'apprécie pouvoir dire que je vais faire mon Planète Rap mais avec mon humeur et mes pensées actuelle disons que je ne suis pas au top de ma forme.

Quand on est artiste on a pas le choix, il faut savoir porter un masque des fois et faire abstraction de nos sentiments le temps d'une soirée ou d'une journée et c'est forcément ce que je vais devoir faire lors de cette semaine mais après m'avoir retenu de tous mes sentiments je risque de tomber de haut, très haut quand je vais m'y attarder.

D'un sens ça m'apprendra à vouloir tout gérer, je le sais, je vais encore me faire avoir à mon propre jeu mais c'est loin d'être la première fois que ça m'arrive, et ça risque pas d'être la dernière.

LyhanaWhere stories live. Discover now