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Mon appelle avec Ken date de y a trois semaines maintenant, il m'avait longuement expliqué pourquoi il avait mal prit que je ne lui annonce pas pour ma tournée, j'avais partagé mon point de vue et au final j'avais fini par m'excuser, après tout c'est moi qui étais en tord, pas lui. Depuis je l'avais appelé quelques fois comme ma famille, les gars et les filles pour prendre des nouvelles mais les appels ne duraient jamais longtemps, tout le monde ayant des choses à faire.

Mon regard était planté depuis des heures sur le plafond blanc de l'hôtel ibis de Montpellier. Après le concert l'équipe avait décidé de sortir en boîte si ce n'est Elite et moi qui avaient décliné l'invitation, lui voulant appeler Annie et moi voulant soit disant me reposer. La vérité est juste que je souhaitais prendre un peu de temps pour moi et réfléchir. À croire que je ne réfléchissais déjà pas assez de base.

Au fond j'étais perturbé par quelque chose mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Ce mal-être je l'ai de temps en temps depuis mon adolescence, à croire que je suis destiné à être suivi par mes démons. Avec Ken en Grèce j'ai pensé que ça allait être finit ses vieilles sensations horribles dans mon estomac, mes remises en questions perpétuelles et les idées noires qui reviennent bien trop souvent laissant toujours un arrière goût d'enfer dans ma bouche.

Je me leva de mon lit, attrapa une cigarette dans mon paquet ainsi que mon briquet et me dirigea vers le petit balcon de la chambre d'hôtel. Une fois accoudé à la rambarde j'observa Montpellier de nuit, cette ville avait son petit charme mais actuellement c'était Paris de nuit que j'aimerais analyser. Avec à mes côtés le brun en train de gratter sur son carnet, dans un silence apaisant qui serait seulement brisé par ses coups de crayon. Je tira une taf pour essayer de me faire sortir cette envie de la tête; il ne faut pas que je commence à être dépendante et à presque rêver de moments aux côtés de Nek alors que je suis à des centaines de kilomètres.

J'écrasa rageusement ma cigarette à peine consumée contre le garde-corps avant de la jeter par dessus pour qu'elle s'écrase sur le sol tandis qu'une pensée me vient en tête en voyant le mégot s'écraser contre la terre ferme : ce poison qui atterrit comme un déchet sur le sol ça aurait pu être moi bien trop souvent. Je soupira d'agacement et rentra de nouveau dans ma chambre en fermant la porte-fenêtre derrière moi.

Une fois mes affaires posé sur le meuble télé de la chambre je me glissa dans les draps après avoir seulement enlevé mon jean. Mon regard se braqua une nouvelle fois sur le plafond et profita du silence qui régnait dans cette chambre. Après de trop longues minutes à me demander pourquoi je suis autant dans un bad mood et à en arriver à la même conclusion : tout avoir ne fait pas pour autant le bonheur, j'attrapa mon téléphone et alla dans l'application message.

À Ken : Tu me manques.

Une fois envoyé je mis en silencieux mon téléphone pour ne pas être dérangé et le posa sur la table de nuit, mettant la face de l'écran contre le meuble pour ne pas être tenté de m'en servir. Au fond le problème est là, je me suis pas mal rapproché de lui et j'ai l'impression d'avoir perdu un pilier. Comme si il m'avait presque abandonné alors que la réalité c'est que c'est moi qui suit partie comme une voleuse de Paris.

J'attrapa mon carnet que j'avais abandonné sur un coin du lit, attrapa un stylo et me mis à gratter des lignes avec comme but de soulager mon âme.

Couplet écrit à l'instant : La grandeur du ciel de ce soir, enveloppe deux corps qui se séparent brutalement
Est-ce que ce sont les nôtres ? Est-ce que ce sont les leurs ?
J'aimerai te répondre plus calmement
Ecrire ces mots, c'est comme dessiner des rêves
Et plus les mots sont noirs, plus les rêves nous illuminent
J'ai déjà cru avoir mérité l'échec
Jamais que tous mes efforts étaient inutiles
Je suis ce fou à lier qui, pour devenir un jour paisible vit dans la tension
Je suis certain que ton regard posé sur moi est ta plus fidèle attention
L'avertissement de l'inévitable fin, la terreur de nos regards tremblants
La brutalité des sons qui traversent tes silences me font l'effet d'une lame tranchante
(Des rêves inexaucés - Lonepsi)

Un léger sourire s'afficha sur mes lèvres, fière de ce que je venais d'écrire mais je ne m'y attarda pas plus longtemps et referma mon carnet avant de le jeter dans un coin de la pièce. Je me connais, si je reste trop près de ce que j'ai écrit je vais vouloir tout re écrire et au final je vais perdre l'authenticité de mon texte ainsi que la fierté que j'ai pour lui.

Pour ce qui en est du message que j'ai envoyé à Ken, en y repensant, je regrette déjà. J'aurais pu envoyer ça à n'importe qui, mais non, c'est presque automatiquement que je lui ai envoyé. Voilà ce qui arrive quand on écoute peut-être un peu trop notre coeur au lieu de notre raison.

LyhanaWhere stories live. Discover now