Chapitre 9 Luisa 1/2

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Ça fait maintenant vingt-et-un jours que je suis au Portugal, dans cette jolie ville. ça fait également trois semaines que j'essaye d'écrire et rien. Je commence vraiment à douter de mes compétences. Quand je crois avoir une idée de sujet et que je tente à taper quelques lignes, je me retrouve très vite bloquée en plein milieu d'une phrase, à croire que je ne sais plus écrire le français.

Et aujourd'hui, ne fait pas exception. Cela fait plus d'une heure que je cherche un début d'histoire à la terrasse d'un café, contemplant la magnifique vue sur les toits de la Baixa de Lisbonne. Tout ce qui me vient en tête n'est pas du tout ce que j'imaginais pour un prochain départ. Je reste trop ancrée sur ma situation chaotique. Je voudrais redonner espoir en la vie à mes lecteurs, après les avoir fait plongés dans le monde obscur de mon existence. Mais comment m'y prendre ?

J'ai beau retrouvé un semblant de vie en moi, mais cela reste très éphémère. Les nuits persistent à être sombres. Tout ce que je refoule en journée me revient violemment le soir lorsque je ferme les paupières. Je suffoque, au point de me faire atrocement peur. Plusieurs fois, j'ai eu le doigt sur le numéro d'urgence. Je ne sais pas par quel miracle, je n'ai jamais eu à l'enclencher.

Quel va être mon avenir ? Ce voyage devait me redonner de l'élan pour continuer à vivre. Mais tout ce que je constate, c'est que je suis toujours rattrapé par le passé. Il revient toujours au galop. C'est impressionnant !

Je commence sérieusement à douter de mes compétences à aller mieux un jour. Il ne suffit visiblement pas de le vouloir pour arriver à s'en sortir. Il faut énormément de volonté. Où vais-je la dénicher ?

Je ne crois pas en avoir la force. Ce maudit accident qui a coûté la vie à mes proches et a détruit en partie la mienne, a également démoli le peu de confiance que j'avais pour le futur.

A présent, je ne prévois jamais rien à plus de vingt-quatre heures, à quoi bon ? Je ne sais pas si je serais encore de ce monde d'ici là. Inutile de faire des projets ou tirer des plans sur la comète. Le carpe diem est devenu ma devise.

C'est bien joli de réfléchir à la vie, mais cela ne m'aide pas à avancer sur mes objectifs, dont le premier est de me remettre à l'écriture. Loin de moi de penser à autre chose tant que je n'aurais pas écrit tout un chapitre qui en vaille la peine.

Je dois arrêter de m'égarer. Je dois me concentrer sur le pourquoi de ma venue dans ce si joli pays. Mais ce n'est pas évident. Surtout quand on a comme voisinage, un gars qui sort tout droit des magazines de mode.

Eh oui ! Ça fait aussi trois semaines, que j'essaye en vain de ne pas croiser mon crétin de voisin. Mais il n'y a pas un jour qui passe sans que je le rencontre. Rencontrer est un grand mot, je dirais plutôt que je l'aperçois au loin, ou bien qu'on s'entrecroise de temps en temps, car à chaque fois qu'il me voit, il me tourne le dos et repart en direction inverse. ça en devient même comique.

Hier après-midi, pendant que je me baladais dans les petites ruelles du quartier, il remontait la rue, au moment où moi je la descendais. Quand il m'a vu, il s'est empressé de rebrousser chemin alors qu'il en revenait, au lieu de tout simplement de changer de trottoir. Cela m'a fait rire aux éclats tellement la situation en était absurde.

Mais j'ai beaucoup moins ri cette nuit, car quand je m'apprêtais à me coucher vers deux heures du matin, après avoir tenté à plusieurs reprises d'écrire, ne serait ce qu'un seul chapitre, en vain, j'ai eu la désagréable surprise d'entendre des gémissements de plaisir.

Oui, mon voisin du dessous s'envoyait en l'air. Et ils ont fait des galipettes jusqu'à quatre heures du mat au moins.

Il me rend complètement dingue !

Quand je le vois, je suis heureuse. Quand j'entends sa voix, même si c'est pour m'insulter, je suis contente. Et quand il baise une autre femme, je voudrais tout simplement être à la place de celle-ci.

Je ne sais pas du tout ce qui m'arrive. Il est beau, certes, même carrément canon, mais c'est l'homme le plus égocentrique, méchant, stupide... et j'en passe, que je connaisse.

Et dire qu'il me plaît... C'est complètement fou, non ?

Je ne me reconnais plus.

J'ai fini par m'endormir très tôt ce matin avec mes deux coussins sur les oreilles afin d'atténuer le bruits des cris, ce qui ne m'a pas empêché de rêver de lui.

Je perds la tête, je sais ! Je suis folle !

Qu'on vienne à mon secours !

Je dois arrêter d'être mélodramatique. C'est sûrement dû à mon côté écrivain. J'en rajoute toujours un peu, voire considérablement trop, au lieu de demeurer naturelle, humble et simple. 




Publié le vendredi 16 juin 2023

La suite est prévue pour...  MAINTENANT. Tournez la page ! 


L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now