Chapitre 23 Luisa 3/3

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— Luisa ! Luisa ! m'appelle Maria.

Elle doit se demander pourquoi je ne suis pas venue boire mon café ce matin. Il faut dire que je n'ai pas très envie d'entrer dans la pâtisserie aujourd'hui, j'en ai marre de supporter le mauvais caractère de son fils. Je veux passer une journée tranquille avant mon dîner avec Manu.

— Maria, je vais faire des courses, l'informé-je.

— Attends quelques secondes, tu veux bien ?

Je retourne en arrière et attends qu'elle revienne. Elle ferme la porte de la boutique puis nous nous installons sur un petit banc de l'autre côté de la rue.

— Que se passe t-il, Luisa ? Pourquoi tu n'es pas venue boire ton cappuccino ce matin ? Tu es malade ?

Je ne sais pas quoi lui répondre avec toutes ses questions. Mais je décide d'être honnête.

— Je ne supporte plus Fabio. Je ne sais pas si je vais tenir mon pari...

— Je vais lui parler, m'avertit-elle avec une grande tristesse dans son regard.

— Non ! Ça ne sert à rien. Il est buté et trop bête. Il ne sait pas à quel point, il a de la chance de vous avoir. Je donnerais tout ce que j'ai pour que ma mère soit là auprès de moi.

— Ma chérie, tu dois être forte. Comme toutes les mamans du monde, je pense qu'elle voudrait que tu sois heureuse.

Sûrement. Mais mon cœur saigne tellement que je ne parviens pas à remonter la pente. Si la journée, j'arrive à faire bonne figure. La nuit, dès que je me retrouve dans mon lit avec comme horizon mes souvenirs, ma triste mine revient au galop.

— C'est bien plus compliqué qu'on l'imagine. Et Fabio ne m'aide pas à aller mieux. Il faut que je trouve un autre endroit pour aller vivre.

— Je suis désolée de te causer autant de problèmes, me dit-elle avec les larmes aux yeux.

— Tu n'y es pour rien. J'aime ta compagnie, et j'adore parler avec toi, mais tu dois essayer de me comprendre ? Je suis venue ici pour me reconstruire et je n'y parviens pas, pas avec Fabio dans les parages. Il me rend dingue !

Je lui expose mes maux en espérant qu'elle saisit ma douleur.

— Il a aussi des circonstances atténuantes, souligne Maria.

Je peux accepter qu'elle prenne la défense de son garçon, mais moi je n'ai pas à endurer sa mauvaise humeur permanente. Il est impossible !

Et en plus, j'ai la sensation de devenir son double à force de le côtoyer. Je veux redevenir la fille pleine d'entrain et de gaieté.

— Oui, peut-être, mais ça ne lui donne pas le droit de traiter les gens comme de la merde. Excuse moi. Je ne devrais pas dire ces choses là.

Je dois me calmer. Elle n'y est pour rien dans le comportement abject de son garçon.

— Lui aussi souffre. J'aimerais pouvoir l'aider, mais il refuse d'avoir une vraie discussion avec moi, dit-elle toujours le regard humide.

Ce que Fabio subit, Maria le vit également. Elle le montre moins, gardant pour elle sa peine. Elle est trop émue pour y être indifférente. Que s'est-il passé dans cette famille ? Qu'est-ce qui a détruit ce lien si important entre une mère et son enfant ? J'espère que ce soir, j'en saurai un peu plus à ce sujet.

Je ne veux pas l'accabler davantage avec mes questions. Je sais qu'elle a les réponses, mais elle semble déjà énormément affectée, je ne veux pas en rajouter.

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now