Chapitre 22 Fabio 2/2

156 25 4
                                    

Mais je rassure tout le monde, ma tête est toujours sur mes épaules. J'ai simplement eu marre de passer d'une entreprise à une autre afin de les redresser. Et voulant m'orienter vers mon cocon familial, j'ai créé ce lieu avec ma sœur. Elle, elle vendait les gâteaux, faisant du charme aux clients, et moi je pâtissais et gérais l'affaire. On était un duo de choc, jusqu'à... Bref ! C'était le bon temps !

Maintenant, je n'ai plus cette hargne qui m'habitait, qui faisait de moi quelqu'un de passionné, de généreux, d'enthousiaste, non, maintenant, je suis comme une carpette qu'on peut piétiner. Je suis un bon à rien !

Du moins, jusqu'à aujourd'hui... Ce gâteau au chocolat caramel est une tuerie, je suis sûr de son succès !

— Il a tout abandonné du jour au lendemain ? s'informe Luisa de mon changement de carrière.

— Oui ! Ça l'a pris sur un coup de tête, atteste ma mère.

— Waouh ! Je ne sais pas, si j'aurais eu le même courage ? se questionne t-elle.

Tandis, que ma jeune recrue se goinfre de ma nouvelle recette.

— J'ai essayé de le dissuader mais il m'a dit, qu'il savait ce qu'il faisait, et je l'ai cru.

Je voudrais tellement revoir dans les yeux de ma maman, la fierté qu'elle ressentait lorsqu'elle venait donner un coup de main à ma sœur, car la maison ne se désemplissait jamais. Elle n'avait que des éloges envers nous. Son regard resplendissait de bonheur.

Tout cela me manque, mais plus encore, j'aimerais que ma mère redevienne fière de son gamin. Je la déçois et c'est ce qu'il y a de plus dur à supporter. Je donnerais tout ce que j'ai pour retrouver son respect.

Pourquoi est-ce si difficile de se reconstruire ?

— Ses pâtisseries sont des délices. Pourquoi ne met-il pas en œuvre ce qu'il a appris pendant ses études pour redresser l'affaire familiale ? l'interroge mon insupportable voisine, qui est à l'afflux du moindre détail me concernant.

— Car il a baissé les bras, avoue ma mère, complètement dépitée.

— Non ! Si c'était vraiment le cas, il n'inventerait pas de nouvelles créations, lui explique ma ravissante et effroyable locataire du troisième, pensant constamment tout savoir. Il faut qu'il se motive, s'il ne veut pas tout perdre.

— Oui, mais la motivation n'est pas son point fort depuis quelques années. Tout ça lui appartient et il s'en fout royalement, expose ma maman, cette fois-ci en larmes.

Elle me fend le cœur. C'est si compliqué.

Si elle savait à quel point j'aimerais me ressaisir, mais à chaque pas que je fais pour aller de l'avant, des souvenirs, des photos, des messages, des regards, des cauchemars me font revenir en arrière sans que je puisse me retourner de nouveau. C'est affreux, cette sensation de faire du surplace et ne pas pouvoir avancer.

J'ai mal et je ne peux rien changer à cela.

— Ça va s'arranger ! Je vais trouver une solution. Fais-moi confiance ? annonce Luisa à l'unique femme de ma vie, celle pour qui je ferais tout et n'importe quoi.

Puis, elle se lève, chuchote quelques mots à son oreille et quitte la boutique pour se rendre chez elle, du moins, atterrir au troisième de cet immeuble.

Comment peut-elle être aussi sûre d'elle ? A-t-elle des dons de voyance ?

On ne guéri pas du jour au lendemain. Il faut du temps. Je doute qu'elle possède un médicament miraculeux contre la douleur causé par le deuil.

Ces choses ne s'arrangent pas en un clic, non. J'ai essayé beaucoup de remèdes : les somnifères, les antidépresseurs, l'alcool et bien d'autres produits illégaux en tout genre pour aller mieux, mais aucun de ces éléments n'a eu l'effet escompté. Chaque jour qui passait était une torture. Si aujourd'hui je tolère mieux cette souffrance, elle est continuellement présente et persistante en moi. Elle refuse de m'abandonner. C'est un châtiment, une punition pour n'avoir pas pu sauver ma sœur. Ou bien...

Je suis maudit voilà tout !





Publié le samedi 2 septembre 2023

Comment avez vous trouvé ce chapitre ? 

J'aimerais avoir vos retours sur cette histoire. Comment la trouvez vous ? Qu'est ce que vous modifieriez? Qu'attendez vous pour la fin de cette histoire ?

On se retrouve la semaine prochaine.

Bonne rentrée ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant