Chapitre 27 Luisa 1/3

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Je suis encore en retard. Comment je fais pour ne jamais être à l'heure ? Le temps passe trop vite, je ne vois que ça. Ou bien, je suis maudite ?

Je dois avouer que j'ai passé plus d'une demi heure à tourner en rond dans tout mon appartement à la recherche d'un foulard qui était finalement à l'entrée, accroché à une patère sous mon gilet. L'idiote que je suis avait oublié qu'elle avait préparé ses affaires la veille pour ne pas courir dans tous les sens le moment venu.

Visiblement, tout dysfonctionne chez moi. Je pensais naïvement que j'avais encore toute ma tête, mais visiblement elle aussi me lâche de temps à autre, tout comme mes membres. Je crois que j'ai des soucis à me faire. Le stress n'est pas très bon pour moi. Je prie intérieurement pour ne pas qu'il prenne le dessus. Ah ! Non ! Pas ce soir !

Il faut que je garde toutes mes facultés si je veux réussir à faire flancher ce bel étalon aux yeux d'un vert étincelant. Je ne vais pas le nier, il est très séduisant. Son regard est saisissant. On ne peut pas l'oublier. On ne voit que ça. Du moins, c'est ce qui m'a frappé lors de notre rencontre impromptue. Même si le reste de son anatomie n'est pas mal non plus. C'est pourquoi je n'ai eu aucun mal à provoquer ce nouveau rendez-vous avec lui. Peut-être que je n'aurais pas osé s'il ne correspondait pas du tout à mon style d'homme. Il m'a fait quelque chose. Je ne sais pas quoi, ni pourquoi, mais il m'inspire confiance. Pas comme mon imbécile de voisin qui adore me perturber et me casser les pieds.

Je crois que je vais passer une bonne soirée en sa compagnie. En tout cas, s'il ne me tient pas rigueur pour mon malheureux petit retard.

N'est-il pas déplacé en France d'être ponctuel chez un hôte ? J'ai toujours entendu dire qu'il fallait leur octroyer le quart d'heure de politesse. J'ai donc voulu faire de même avec cet inconnu, même s'il n'a pas vraiment de plat à mitonner ou de table à dresser. Espérons qu'il comprenne. Il m'a semblé être assez gentil. J'espère ne pas m'être trompée ?

Aller ! Finis de se poser autant de questions ! Je suis devant le restaurant. Il est trop tard pour faire marche arrière. Il m'a vu, me salue avec un splendide sourire. Je peux affirmer qu'il ne doit pas trop m'en vouloir. J'entre dans ce qui pourrait communément s'appeler un bistrot chic à la portugaise.

L'endroit est typiquement représentatif du pays. Il y a des azulejos en partie basse des quatre murs de la pièce, un magnifique et imposant bar en bois travaillé et pour décoration des guitares portugaises sont suspendues sur le plus grand mur, ainsi que des portraits de femme avec des châles suspendus à leurs épaules sur les trois autres. J'imagine que ce sont des grandes dames du Fado qui se sont produites en ce lieu. Le week-end, essentiellement, la nuit tombée, ce tout mignon estaminet doit se transformer en Maison où l'on chante la mélancolie. Un petit coin doit leur être réservé. Je vois d'ici l'endroit où se produiraient les chanteuses ou les chanteurs et leurs musiciens, un petit carré surélevé au centre de l'immense pièce étriquée. Les tables sont toutes carrées avec des nappes en papier blanc, qu'on n'hésite pas à assembler pour de grandes tablées. Je trouve cet endroit très accueillant, peut-être un peu dû au fait que la personne que je rejoins me couvre d'un regard plein d'attention.

 Je m'avance doucement vers Manu, qui se lève pour m'accueillir avec ravissement quand je suis à deux mètres de lui.

— Désolée pour le retard ! murmuré-je à son oreille après lui avoir fait la bise.

— Ce n'est pas grave, l'attente était bien méritée. Vous êtes resplendissante ! m'affirme t-il, avec son regard fixé sur mon décolleté plongeant.

J'ai mis tous mes atouts en valeur avec cette jolie petite robe noire. Elle souligne à la perfection les courbes de mon corps sans trop les mouler et dévoile la naissance de ma poitrine. Une robe qui me rend sexy, mais pas vulgaire. Du moins, elle me fait me sentir attrayante. Mais la réalité peut être tout autre... Mon but est de subjuguer le beau Manu afin qu'il ne puisse pas me résister très longtemps. Je dis ça, mais je ne suis pas très douée pour séduire les hommes, c'est plutôt eux qui viennent vers moi et qui tentent de me charmer. C'est pour cela que j'ai misé sur ma sublime tenue. Je ne veux pas repartir de ce rendez-vous bredouille. Il doit absolument me confier tout ce qu'il sait au sujet de Fabio Monteiro.

— Vous n'êtes pas mal non plus, le complimenté-je à mon tour.

Il est très attrayant avec cette chemise blanche cintrée et ce jean brut qui doit lui faire de belles fesses. Mais ce que j'admire avant tout, ce sont ses yeux, je suis comme éblouie par un splendide soir d'été verdoyant ou bien une nuit d'hiver céleste admirant la beauté d'une magnifique aurore boréale en pleine obscurité alors qu'on est mi-novembre et qu'il fait délicieusement doux. C'est dingue l'effet qu'ont ses iris sur moi.

Je camoufle mon sourire en déviant mon visage vers la table. Ma timidité refait subitement surface. Et pour ne pas montrer ma gêne je décide de prendre place. Il me devance et prend l'initiative d'écarter un peu ma chaise afin que je m'y asseye confortablement, puis s'installe en face de moi. Un vrai gentleman ! Comment ne pas craquer pour ce bel apollon des temps modernes ?




Publié le vendredi 6 octobre 2023

Un début de chapitre qui vous annonce quoi ? 

Il faudra revenir demain pour en savoir plus. 

Bonne journée ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now