Chapitre 44 Fabio

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Nous entrons au Troco, dans ce bar qui est blindé comme de coutume et je dirige les filles tout naturellement vers le fond de la salle où personne ne vient en règle générale, du moins pas les habitués. Je sais que je serais tranquille ici et que Fredo et Francisco ne m'apercevront pas. Je ne veux pas que les filles les rencontrent.

J'aime bien séparer ma vie. D'un côté tout ce qui a attrait à ma pâtisserie et ma famille, et de l'autre un coin où j'aime bien venir pour oublier la première partie de ma vie. C'est peut-être idiot, mais c'est comme ça que je vois mon existence, en deux parties bien distinctes.

— Et finalement, nous sommes venus fêter quoi ? demande Carla une fois installée très impatiente de savoir ce que nous cache Luisa.

Et j'avoue que je suis très curieux moi aussi. J'espère que ce n'est pas son mariage avec qui vous savez ? Je suis anéanti rien que d'y penser. C'est une option, non ?

Je suis fou ! Vous pouvez le penser ! En tout cas, c'est ce que je pense de moi. Un mariage ? Quelle idiotie ! Ils se connaissent à peine. Il faut que je me soigne.

— L'édition de mon prochain roman, nous informe la principale intéressée toute pimpante.

Un soulagement sort de ma bouche, mais je pense que personne ne l'a entendu, trop accaparé à entendre les acclamations de la sulfureuse Carla. Ouf !

— Waouh ! C'est super ! Je suis contente pour toi, s'exclame la petite en sautant dans les bras de son amie pour la serrer fort, presque à l'étouffer.

J'ignorais qu'elle s'était remise à écrire. Je pensais qu'elle n'arrivait plus à mettre en page sa vie. Au bout du compte, les bons airs de mon pays, lui ont fait du bien, plus qu'à moi.

— Fabio ! Tu ne l'as félicite pas ? m'interpelle mon employée.

Il est vrai, avec toutes ces émotions, j'en ai oublié de la complimenter.

— Toutes mes félicitations ! la congratulé-je vivement. Je ne savais pas que tu avais repris l'écriture.

— Tu ne peux pas tout savoir non plus, me contre t-elle.

Mais pourquoi tant de hargne ? Je n'ai rien fait de mal. J'ai seulement soulevé un point qui me semblait important. Je suis très heureux pour elle. Je savais qu'elle était venue ici pour retrouver sa plume, et je suis ravi qu'elle ait enfin renoué avec l'écriture.

Je sais, ô combien, il est difficile de ne plus faire ce qu'on aime. Ça m'a pris énormément de temps pour parvenir à recréer de nouvelles pâtisseries. Et cela est redevenu possible grâce à elle. Mais elle l'ignore. Tout comme je ne savais pas pour son regain à raconter des histoires.

Je ne me démonte pas et poursuis mon investigation.

— Et alors de quoi parle ce nouveau roman ? fais-je mon indiscret.

— Surprise ! Je ne dévoile jamais mes histoires avant le lancement.

Elle me ment. Je le sens. Luisa a ce petit rictus au coin des lèvres qui se soulève quand elle tente de dissimuler quelque chose. Je ne suis pas dupe ! Elle ne m'escroquera pas.

— Et moi, je suis le roi de la pâtisserie ! Baliverne ! Tu ne veux pas nous le dire, c'est tout ! l'accusé-je de nous mener en bateau.

Elle croit tromper qui ?

— Non, pas du tout ! essaye t-elle de se justifier sans trouver les mots.

Pourquoi ? Je l'ignore, mais je compte bien le découvrir.

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant