Chapitre 46 Fabio 3/5

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Elle s'est crue où ? Je ne saute pas sur tout ce qui bouge, et encore moins sur les filles bourrées qui ne savant pas ce qu'elles font, ni ce qu'elles disent. Non ! C'est un principe !

— Que tu dessoûles !

— J'ai encore toutes mes facultés, tu sais ?

— Je n'en doute pas, mais je pense que tu devrais aller te coucher. On en reparlera toute à l'heure, quand tu seras sobre.

J'ai déjà vu des hommes hors d'eux, mais c'est la première fois que j'ai le plaisir de côtoyer une fille qui ne sait pas ce qu'elle raconte. Depuis quand a-t-on toutes nos aptitudes à gérer les situations lorsque notre taux d'alcoolémie dépasse les deux grammes, sinon plus ?

— Pourquoi tu ne veux pas de moi ? pleurniche t-elle maintenant.

— Luisa...

Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire ? Rien ! Je suis persuadé qu'elle ne se souviendra pas de cette nuit. Alors pourquoi m'arracher les cheveux ? Ce que mes mains font à cet instant, je le précise, au cas où vous ne l'aurez pas compris. Inutile de me torturer.

Elle va bien finir par s'endormir et oublier toute cette histoire. Il faut juste que je trouve les bons mots pour la convaincre de monter jusqu'au dernier étage. Car j'ai une longue matinée qui s'annonce devant moi. Pas besoin de distraction !

— Je suis bien plus belle que ces femmes avec qui tu couches, m'assène t-elle en me mettant un gentil coup de pied sur ma hanche gauche avant d'attester : Et bien plus femme, à n'en pas douté !

Il n'y a aucune objection à ça, mais il hors de question que j'abuse d'elle. Elle n'est pas en situation d'exprimer ce qu'elle veut réellement. Je ne suis pas sûre qu'elle sache vraiment ce qu'elle fait, ni si elle a encore toute sa tête. La connaissant, j'en doute sérieusement. Elle ne serait jamais venue ici, qui plus est dans cette tenue, si elle avait eu toutes ses capacités neuronales.

— Tu as raison mmmm...

— Il n'y a pas de mais ! me coupe t-elle. Je veux seulement savoir pourquoi ?

— Car tu es ce que j'ai toujours rêvé d'avoir, sans pour autant le vouloir. Tu comprends ? récité-je à toute allure sans en saisir le moindre mot.

Cette avant-dernière phrase est sortie toute seule sans que j'aie à y réfléchir. Son empressement a eu raison de ma patience. Il fallait que je dise quelque chose. Voilà !

— Non ! finit-elle par dire après quelques secondes de silence.

Elle ne me facilite pas la tâche. Même complètement bourrée, elle trouve toujours le moyen de m'énerver avec ses questions débiles, mais je me résolu tout de même à lui expliquer, ce que moi j'ai cru percevoir de tout mon charabia :

— Tu es un rêve inaccessible...

— Si c'était vraiment le cas, je ne serais pas là, complètement nue dans ta cuisine à te supplier ? me coupe t-elle encore dans mon élan.

Cette fois-ci, je ne veux pas qu'elle ait le dernier mot.

— Luisa ! Tu mérites beaucoup mieux que moi. Toi-même tu penses la même chose, ne le nie pas !

— Ce n'est pas vrai ! Je t'aime, m'avoue t-elle droit dans les yeux avec plein de douceur et d'amour à revendre.

Elle est ivre, mais pourtant, elle semble honnête dans ses propos. C'est déroutant ! Je ne sais pas si c'est la boisson qui parle ou elle.

— Dit une femme complètement alcoolisée.

— Oui, je suis peut-être un peu soûle, mais je sais encore ce que je dis et ce que je ressens, affirme t-elle avec un regard de braises. Je t'aime comme une folle. Tu me rends dingue à bien des niveaux.

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant