Chapitre 23 Luisa 1/3

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Confiance... confiance... Je ne sais vraiment pas comment m'y prendre pour tout arranger ? J'espère que d'ouvrir la nuit fera revivre un peu ce lieu, mais je ne suis pas douée dans ce domaine, je veux dire avec les chiffres. Moi, je suis plutôt lettre, littérature.

Mais je ne peux pas les abandonner, ce sont mes amies.

Je dois coûte que coûte gagner ce fichu pari, pour faire en sorte que Fabio devienne enfin quelqu'un de bien, afin qu'il finisse par manifester de l'attention aux autres. Il le faut absolument !

Je ne sais pas comment m'attaquer à ce problème. Mais pour l'heure j'ai un tout autre sujet à traiter.

J'ouvre mon pc. Je ne peux plus reculer. Je dois absolument écrire quelques lignes. Non ! Au moins tout un chapitre, si je ne veux pas que ma maison d'édition me lâche. Je ne pourrais pas le supporter. J'ai déjà bien trop perdu à cause de ce malheureux accident qui aurait pu être évité, si seulement il n'y avait pas eu ce chauffard alcoolisé au volant de sa camionnette.

Rien que de me remémorer ce fait, j'en tremble au point de devoir m'asseoir. Mon corps se transforme en un légume trop cuit. Mes jambes sont incapables de me tenir debout. Elles sont les premières à céder face à la crise qui s'abat avec force sur tous mes membres. Je me laisse quelques minutes pour reprendre mes esprits et surtout possession de mon anatomie, mais mon état reste inchangé. Je panique de plus belle.

Il n'y a plus qu'une solution qui s'offre à moi dans ces conditions, me re-concentrer sur un autre aspect de ma vie. Un, qui ne m'est pas étroitement lié. Je respire longuement et pointe l'écran devant mes yeux avec pour conséquence des mots, des phrases qui surgissent de nulle part comme par magie au bout de mes doigts qui ont repris l'exaltation d'avant la terrible tragédie.

J'ai du mal à croire ce qui m'arrive.


***

Il est près de vingt heures, quand j'entre à nouveau dans la boutique, elle est pleine à craquer. Que se passe t-il ?

On croirait que tout est gratuit, tellement les gens se bousculent tous pour accéder au comptoir. C'est inimaginable ! Encore ce matin, ils se demandaient comment refaire venir les clients. Manifestement, il suffisait d'ouvrir aux bons horaires, car entre le début de journée et ce soir, c'est le jour et la nuit. Il n'y a pas photo.

Plus aucune place assise. Je me dirige donc vers Carla pour lui proposer mon aide, elle semble dépassée par les évènements, elle s'agite dans tous les sens.

— As-tu besoin d'un coup de main ?

— Inutile ! On s'en sort. Je ne suis pas toute seule. Maria est là-bas.

C'est vrai, je regarde de l'autre côté du comptoir et je la vois servir deux nouveaux clients avec un ravissant sourire aux lèvres. Finalement, j'ai l'impression que toutes les deux gèrent à la perfection cette nouvelle affluence.

— D'où viennent tous ces gens ? demandé-je intriguée, à Carla, alors qu'elle dépose deux belles parts de gâteau au chocolat et deux cafés sur le plateau.

J'aimerais croire que tout ceci est grâce à moi, que la suggestion que je leur ai conseillée était ce qu'il fallait faire, mais le nombre de consommateurs présents me donne matière à réflexion. Comment ont-ils pu débarqués tous le même soir ? La première soirée d'ouverture ? Et surtout sans savoir qu'ils seraient ouverts ?

Je comptais sur le bouche à oreille pour emplir la pâtisserie dans les jours à venir. Je ne m'attendais pas à autant d'effervescence dès aujourd'hui.

— Je ne sais pas, c'est comme ça depuis mon arrivée.

Elle déguerpit à toute vitesse vers une table. J'en profite pour m'éclipser afin de ne pas l'accaparer. Elle a déjà énormément de choses à gérer, je ne vais pas en rajouter avec mes interrogations. J'en saurai plus demain.

— Je vais en cuisine le temps que ce petit monde disparaisse ! la préviens-je.

J'entre dans l'antre de monsieur Monteiro et m'assieds sur un tabouret, sans prendre la peine d'allumer la lumière. J'ouvre mon ordinateur sur la page en cours et me mets au travail. Je dois absolument avancer. J'ai promis à mon agent de lui envoyer un premier jet d'ici sous peu.

J'ai retrouvé l'inspiration. En réalité, une idée saugrenue m'est venue d'écrire sur ma vie quotidienne. Tout à commencer, le jour, où Fabio m'a traitée plus que mal dans son appartement, irritée et hors de moi, j'ai voulu extériorisé ma colère en écrivant, et depuis je ne fais que rabâcher mes mésaventures avec cet énergumène, cet imbécile de voisin, qui n'est pas si idiot que ça, vu son cursus scolaire. Mais je ne sais toujours pas pourquoi, il a ce don insupportable de m'énerver ? En tout cas, je lui dois au moins un truc, il a eu le mérite, sans le savoir, de me défaire de ma page blanche. C'est une prouesse en soi.

Je commençais tout juste à écrire quand j'ai aperçu une ombre venant de nulle part. J'ai cru dans un premier temps, que c'était mon imagination qui me jouait des tours, mais non, il est là ! Il m'observe.




Publié le vendredi 8 juillet 2023 

J'espère que cette partie de chapitre vous a plu ? 

La suite demain. Soyez au rendez-vous ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant