Chapitre 21 Luisa 1/2

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Suite à la soirée Fado, je suis bien décidée à en savoir plus sur mon imbécile de voisin. J'ai passé une grande partie de ma nuit à me demander ce qui liait Fabio à Manu. Et pourquoi mon voisin ne l'aimait pas.

Je suis persuadée, mais je ne sais pas comment l'expliquer, que Manu est la clé à tous mes problèmes.

Ce ne peut pas être une coïncidence d'être tombée sur lui. Je suis certaine que nous devions nous rencontrer.

Qu'elle était la probabilité de nous croiser à cette soirée ? Si Fabio ne m'avait pas lâché la main, jamais, je ne me serais retrouvée bousculée par un individu aussi attrayant que l'énergumène qui m'accompagnait.

Ces deux là ne se parlent pas, et pourtant je sais qu'ils ont un vécu ensemble, leurs regards ne me trompent pas. Reste à savoir lequel ? Et je n'ai qu'un seul moyen pour le savoir.

Installée, au bord de la fenêtre de mon salon, dont le temps ne donne pas envie de traîner dehors, je saisis que je ne peux plus reculer.

Bientôt, le bel étalon aux yeux émeraude n'aura plus de secret pour moi. Je prends sa carte, celle qu'il m'a gentiment offerte hier soir, avant que Fabio ne m'extirpe à lui.

Personne ne pourra me convaincre du contraire, ce beau mâle a beaucoup de choses à me raconter sur son amitié ou sa simple relation avec l'ours mal léché d'en dessous.

Oui ! Je ne me suis toujours pas remise du comportement abject de mon voisin du début et de la fin de soirée. Il n'a vraiment aucune considération envers les gens qui l'entourent. Il se prend sûrement pour le roi du monde. Je dois le faire redescendre de son piédestal. Sinon, qui le fera ?

Il ne peut pas me traiter de la sorte. Je ne suis pas son toutou ou un objet qui lui appartient. Je suis un être humain qui a des droits et je compte bien le lui montrer la prochaine fois qu'il s'aventura à me mener à la baguette. Sa chance a été que Maria soit présente. Je ne serai pas si clémente lors de notre future rencontre. Il va voir de quoi je suis capable !

Je me décide enfin. J'attrape mon téléphone et compose le numéro du chevalier servant de la nuit dernière. Au bout de deux sonneries, une voix masculine me répond.

— Allo, Manu Madeira, que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour, c'est Luisa, on s'est vu hier soir...

— Oui, vous êtes la femme qui était avec Fabio ?

Il m'a reconnu, c'est déjà ça. Mais en ce qui concerne son ami ou son ennemi, il a tort. Je ne suis pas avec lui. Je l'ai seulement toléré le temps d'une soirée pour faire plaisir à sa merveilleuse maman.

— Oui... Non... bégayé-je avant d'affirmer, je ne sors pas avec lui !

Il est hors de question qu'il reste avec cette impression. Fabio et moi, ce n'est pas possible ! Ni même envisageable. On s'entretuerait à coup sûr.

Un blanc s'impose entre nous, avant qu'il ne le rompe de nouveau avec une allégation erronée :

— Vu son comportement, j'aurais dit le contraire.

Il a tout simplement été fidèle à lui-même, un emmerdeur de première, aimerais-je lui révéler, mais s'ils sont amis, je ne voudrais pas le vexer, ni même le contrarier. Alors, j'opte pour quelque chose de plus soft.

— Non, vous n'avez rien à craindre. Il se mêle seulement de ce qui ne le concerne pas !

Comment peut-il croire que je suis avec ce crétin ? Il a beau avoir de sublimes yeux verts, il est aveugle, ma parole ! Car sinon, il aurait vu qu'entre cet imbécile de première et moi, il n'y a que de l'antipathie et de l'animosité.

— Vous en êtes certaine ? Il est du genre très possessif lorsqu'il s'agit de ses partenaires.

Mais en quelle langue dois-je lui dire ? Il ne comprend pas ou il fait celui qui n'en a plus rien à faire de moi ? Fabio l'aurait-il menacé ?

Me voici encore en train de me faire des films. J'oublie que je ne suis pas dans mes romans mais bien dans la réalité. Il va falloir que j'arrête de me prendre pour une de mes héroïnes. Je dois laisser mon imagination débordante au placard.

C'est difficile à le croire, je le reconnais, mais je revis.

Après tant d'années, enfermée entre quatre murs, j'ai la sensation étrange d'être en plein milieu d'un rêve et même par moment en plein cauchemar. C'est ridicule, je sais. Je dois me formaliser que je suis bien vivante et prête à rattraper le temps perdu. Bon, je suis consciente que je ne pourrais pas revenir en arrière, je dois apprendre à exister par moi-même et aller de l'avant. Se raccrocher au passé ne m'aide en rien. Je suis à un tournant de ma vie et pour cela je dois faire un pas vers mon avenir.

Mon interlocuteur doit absolument comprendre qu'il n'y a aucun risque à sortir avec moi.

— Je vous certifie qu'il n'y a vraiment rien entre nous. Votre ami est juste un siphonné du ciboulot, m'emporté-je plus que je ne le désire. Il croit pouvoir contrôler la vie de tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin.

— Je préfère ça, dit-il dans un soulagement. Alors vous êtes d'accord pour dîner avec moi ?

Il est plutôt direct comme gars. J'apprécie son enthousiasme.

— Oui, avec grand plaisir ! avoué-je dans un soupir.

— Demain soir ? me propose t-il.

Moi, qui étais impatiente de découvrir des informations, il va falloir que j'attende encore un peu.

— Oui, pas de soucis ! confirmé-je.

Je ne veux pas louper ma chance avec mon empressement. Après tout, j'ai attendu près d'un mois pour en savoir plus, je peux bien patienter encore un jour.

— Je passe vous chercher vers dix neuf heures trente ?

— Je préférerai qu'on se retrouve directement au restaurant, si ça ne vous dérange pas ?

Je ne veux pas qu'il tombe sur mon voisin. Il est hors de question qu'il sabote de nouveau une de mes soirées avec son comportement puéril.

— Entendu, vingt heures au restaurant de la place près du parc. Vous connaissez ?

— « Brasso do mar » ? demandé-je confirmation.

— Oui.

On y mange très bien. Le week-end dernier, j'ai eu la flemme de me faire à manger, je suis donc aller faire un petit tour, et je suis tombée sur ce restaurant blindé de monde. Je suis rentrée à l'intérieur, où j'ai discrètement aperçu une petite table dans un coin inoccupée. J'ai demandé à l'un des serveurs s'il y avait de la place pour moi, et j'ai été heureuse d'entendre : « Toujours pour une belle demoiselle ».

— Je connais. Ils ont une très belle carte.

Je suis ravie d'y retourner en bonne compagnie cette fois-ci.

— Alors à demain, vingt heures ?

— J'ai hâte d'y être, l'informé-je de mon impatience.

Il est vrai, je ne tiens plus en place. Quand je raccroche, je suis déjà dans ma chambre en train de choisir mes vêtements pour la journée. Que vais-je mettre ? 





Publié le vendredi 25 août 2023

Un rendez-vous avec le séduisant Manu, qu'en pensez vous ? 

A demain pour la suite ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now