Chapitre 31 Luisa 2/3

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Arrivant dans la cuisine, je découvre une assiette de pâtes déposée sur la table, prête à être dégustée. Mon adorable voisin a fait les choses en grand. Je pense n'avoir jamais utilisé autant d'ustensiles depuis mon arrivée dans ce pays. Je n'ai jamais vu cette pièce dans cet état. On croirait qu'un ouragan est passé par là. Et il se nomme sûrement Fabio Monteiro.

— Vous n'êtes pas encore en train de manger ? s'extasie mon voisin à l'arrière de mon dos.

Je le croyais parti. Je me retourne pour confirmer qu'il ne s'agit pas d'une hallucination, et me retrouve nez à nez avec son regard de tueur. Je reste figée le temps de reprendre mes esprits.

— Ça va être froid ! m'explique t-il.

Et la seconde d'après, il n'est plus là.

Qu'est-ce qui m'arrive ? Je deviens folle à ma parole !

Je n'y comprends plus rien. Il est là. Il s'éclipse. Puis, il revient. Comment ne pas perdre la tête ?

Où est-il passé ?

Je regarde autour de moi, plus de Fabio nulle part. Il va me rendre chèvre à force d'apparaître et de disparaître.

— Vous me faites très peur ? me fait-il sursauter. Vous vous sentez bien ?

J'arrête de me secouer dans tous les sens et fixe le fantôme de mon voisin qui se trouve désormais dans ma cuisine.

— Comment... êtes vous... arrivé... jusqu'ici ? bégayé-je, terrifiée par ce que je vois et ne vois pas.

C'est officiel, mon cerveau disjoncte !

— Je crois que vous avez besoin de vous restaurer. Vous semblez perdue !

En gros, il me traite de névrosée.

Le pire, c'est qu'il a sûrement raison.

— Luisa ? Tout va bien ?

— Par où êtes vous passé ? Répondez moi !

Je n'en démords pas. Il doit y avoir une explication. Il le faut ! Je refuse de croire qu'en plus de mes membres, mes méninges, elles aussi me lâchent. Je ne pourrais pas le supporter.

D'ailleurs, rien que d'y penser je sens que je perds pieds. Heureusement, mon sauveur est là. Il me rattrape et me maintient tout contre lui.

— Ne me lâcher pas ! le supplié-je.

Je sais par habitude maintenant que je suis incapable dans ces circonstances de me tenir debout toute seule. A la place de mes jambes, se trouve désormais du coton tout mou et distendu.

— Vous m'expliquez ? me demande t-il tout en me prenant dans ses bras tellement fermes que je ne risque pas de me retrouver au sol.

Je réponds à son interrogation par un non de la tête, espérant que cela suffise. Je n'ai aucune envie de lui avouer ma paranoïa. Si j'avais encore un doute le concernant il y a peu. Il a totalement disparu. Il est bien réel. C'est simplement mon esprit qui me jouait des tours. Je devrais penser à consulter.

Il me pose sur une chaise et la pousse jusqu'à la table. Me met l'assiette de pâtes devant ma bouche et m'assène de son plus terrifiant regard de manger. Je ne le contredis pas, rien qu'à la vision de ce plat alléchant, la faim s'est fait savoir, des gargouillis dans le ventre en témoignent, laissant mon trouble de côté.

— Vous ne connaissez pas les épices ? me demande t-il brutalement alors qu'il s'applique à nettoyer ma gazinière.

Il faut dire que je ne suis pas un grand cordon bleu. Je me débrouille mais sans plus. Et en ce moment, je me contente d'ingurgiter des aliments. Cuisiner me fatigue ! Je passe mon temps à grignoter qu'à manger un vrai repas.

— Non !

— J'espère que ce ne sera pas trop fade ? s'excuse t-il.

— Vu l'odeur, je dirais que c'est parfait ! le rassuré-je.

J'empoigne ma fourchette et savoure la seconde d'après ma première bouchée, et je lui demande très gentiment :

— Vous ne m'accompagnez pas ?

Il me jette un petit coup d'œil avant de reprendre son rangement. A présent, il entasse tous les ustensiles dans l'évier et fait couler l'eau chaude dessus avant de m'informer :

— Je l'ai fait pour vous.

— Ne vous faites pas prier, prenez une assiette dans l'armoire et joignez-vous à moi, il y en a assez pour deux !

— Si ça peut vous faire plaisir.

Il coupe l'eau du robinet, attrape un plat et s'assied face à moi. Puis, il se sert une bonne rasée de pâtes au poulet. Finalement, il avait faim ! Je vais profiter de cet instant de complicité autour d'un bon repas pour en savoir plus à son sujet.

— Hummm... C'est un délice ! m'emporté-je par l'explosion de saveur qui s'échappent de mes papilles. Vous me surprendrez toujours !

Qui l'aurait cru ? En plus d'être un remarquable pâtissier, il est un bon cuisinier, un véritable chef des fourneaux. Il est impressionnant ! Il a vraiment tout du mec parfait. De mon homme idéal.

— Donc je marque un point ! m'expose t-il joyeusement.

— Vous pourriez être un type bien, si vous ne vous conduisiez pas comme un rustre ?

C'est vrai ! Pourquoi est-il si méchant ? Insupportable ?

— J'ai mes raisons pour me comporter de la sorte, m'indique t-il avant d'engloutir une grande bouchée de son délicieux festin.

— Je serai ravie de les entendre ? insisté-je voulant en connaître davantage sur lui.

Mais ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ? Soudainement, j'ai peur de ce qu'il peut m'apprendre. Si les soupçons concernant sa sœur se révèlent être vrais, je ne saurais quoi lui répondre...

— Vous êtes impossible ! Dès, que vous êtes arrivée ici, vous vous êtes cru chez vous. Vous vous fichez de tout et de ce que les autres peuvent ressentir... Tout ce qui compte pour vous, c'est votre bien être. Vous vous fichez de moi, de mes sentiments, de ce... déballe t-il avant de s'arrêter net.

Il a une dent contre moi, je l'avais compris, mais j'ignore ce que j'ai fait pour mériter un tel affront. Et non, je ne me soucis pas que de moi, bien au contraire. Depuis mon accident, je me préoccupe plus de la vie des autres, de la sienne en l'occurrence, car la mienne n'a plus d'intérêt. J'aimerais pouvoir lui venir en aide, comme l'espèrent sa mère et Avo. Néanmoins, je ne peux rien faire pour lui, s'il refuse de me parler. Il ne sait que m'aboyer dessus. On croirait que ma simple présence ici le fait souffrir. Pourquoi ai-je ce ressenti ? Alors que je n'ai rien fait qui puisse lui donner cette impression. 





Publié samedi 18 novembre 2023

Dans la prochaine partie Luisa va se confier à Fabio, et le comportement de celui-ci va lui déplaire ? 

Que va t-il encore faire de condamnable ? 

A demain pour la suite de ce chapitre. 

Bonne journée ! 


L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now