Chapitre 43 Luisa

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Il est presque minuit quand je franchis la porte de la pâtisserie. Je croise les doigts pour ne pas tomber sur qui vous savez. Il pourrait gâcher ma soirée avant même qu'elle n'est commencée et je ne le veux pas.

— Tu es déjà là ! me dit Carla surprise de me voir.

Pourtant je l'avais prévenue par message que je descendais. Elle n'a peut-être pas eu le temps de consulter son téléphone.

— Tu n'es pas encore prête ?

Elle porte toujours ses vêtements de travail. J'en conclus donc que je suis en avance.

— Laisse-moi encore deux petites minutes et je suis à toi, m'informe t-elle en regardant sa montre.

Puis, elle disparaît derrière une porte et quand elle en revient, je suis en train de regarder un couple sur le banc en face de la boutique s'embrasser. Je me mets à rêvasser quand une voix ténébreuse me fait sursauter.

— Vous allez où comme ça ?

Non ! Ce n'est pas Carla, mais l'homme qui me fait tourner la tête à cent à l'heure.

— Boire un verre, lui communiqué-je en me retournant vers lui.

J'ai opté pour la vérité. Je ne veux pas qu'on se dispute, pas ce soir !

A en croire par sa tenue, lui aussi, est sur le point de sortir. Et je ne sais pas pourquoi, je sens monter une pointe de jalousie. Il faut dire qu'il est à croquer dans ce jean noir et sa chemise assortie. Un vrai tombeur !

Je ne pense pas me tromper en disant qu'il est en chasse. Je crains de ne pas fermer l'œil de la nuit par sa faute. Et cette idée me contrarie au plus haut point, car je refuse de les entendre jouir, lui et sa maîtresse d'un soir, sous mes pieds encore une fois. C'est une sensation horrible !

— Je peux venir ?

J'ai du mal comprendre ?

Il ne peut pas être sérieux, si ? Il veut vraiment sortir avec moi ? Du moins, avec Carla et moi ? J'étais loin d'imaginer après ce qui s'est produit dans son appartement qu'il veuille encore avoir quoi que ce soit à faire de ma personne. Il a été clair et moi aussi. Pourquoi ce revirement ?

Je devrais arrêter de réfléchir à son comportement idiot. D'ailleurs, plus je le fais et plus je saisis qu'il est une énigme pour moi. Alors à quoi bon s'infliger un tel travail ?

Mon premier réflexe était de décliner sa proposition de nous accompagner, mais après tout pourquoi pas ? C'est un peu grâce à lui que j'ai écrit ce livre. Sans son mauvais comportement envers moi, ce bouquin n'existerait pas.

— Vous pouvez venir mais comportez-vous comme un gentleman ! l'assené-je.

— Comme Manu ? me défie t-il. Et depuis quand on se re-vouvoie ?

— Exactement ! Au moins, lui, il connaît la galanterie. Et en ce qui concerne le vouvoiement, je pense que c'est mieux. Vous vouliez de la distance entre nous, en voici !

Son visage se tend. Son doux regard devient instantanément froid et sans charme. Visiblement, il n'aime pas mon concept d'espacement. Pourtant le fait d'utiliser la deuxième personne du pluriel nous empêche de trop nous attacher. On ne vouvoie pas ses amis. En clair, je préfère, cela m'aide à garder les pieds sur terre.

— Je suis prête ! On peut y aller ? nous surprend Carla vêtue d'un simple petit morceau de tissu pour jupe, on voit presque ses fesses.

Fabio est stupéfait ! Je n'en suis pas moins. Il la fixe la bouche grande ouverte. Je ne peux m'empêcher de la lui refermer.

— Arrête de baver de la sorte ! lui exposé-je. C'est ton employée ! avant de m'adresser à mon amie : Carla ? Tu compte sortir dans cette te...

— Alors on y va ? insiste t-elle sans me laisser finir ma phrase.

Manifestement, elle est parée ! Dois-je comprendre un message subliminal derrière cette mini jupette ? Car là, c'est loin d'être flagrant ! Je dirais même que c'est un peu tirer par les cheveux. Que compte t-elle entreprendre cette nuit avec ses gambettes dénudées à souhait ? Surtout, que ce n'est pas du tout son genre. Elle, qui est toujours si bien apprêtée.

En tout cas, je ne suis pas sa mère, je ne me vois pas par conséquent l'interdire de s'exhiber de la sorte, même si moi je n'oserais pas.

J'espère juste qu'elle sait ce qu'elle fait.

— En route ! attesté-je avant de lui préciser en fixant du doigt mon voisin qui ne s'est toujours pas remis de ce qu'il voit : Il nous accompagne.

C'est au tour de Carla d'être bouche bée par l'annonce que je viens de lui faire. Elle ne s'attendait pas à ça.

Finalement, je crois que j'ai bien fait d'accepter que Fabio vienne avec nous, il me sera d'une grande aide pour calmer les ardeurs de la jeune fille et de ceux qui vont lui roder autours.

— Mes demoiselles ! nous propose le Don Juan ses bras, ce qui n'est pas de refus.

Je m'accroche à celui de droite et Carla à gauche. Il peut être très serviable quand il le veut le beau gosse de service. Dommage qu'il ne le soit pas en permanence.

— Où allons nous ? me demande t-il.

Je regarde Carla en espérant qu'elle est un endroit à nous proposer.

— Au Troco ! me sourit-elle.

— Vous en êtes sûres ? rétorque Fabio surprit par notre destination.

A sa tête, je dirais bien plus encore, il n'est pas ravi de cette destination. Que cache cet établissement ?

Mon amie me fait dire oui tout en me regardant d'un air ahuri. Etrange !

— Va pour le Troco ! concordé-je avec le choix de la jeune femme en mini jupette.

Le sourire malicieux de Carla me surprend. Que manigance t-elle ?





Publié le vendredi 15 mars 2024

On se retrouve demain pour la suite de cette soirée qui s'annonce tourmentée. Je ne vous en dis pas plus.

Bonne journée ! 


L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now