Chapitre 14 Fabio 2/2

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A bout de force, je me dirige vers la salle de bain pour prendre une autre douche, la troisième depuis le début de la journée. Je suis encore aller courir. Je ne fais que ça. Courir. Encore et encore. Et malgré tous mes efforts, rien ne semble guérir le mal qui m'habite. On m'a jeté un sort. Je ne vois que cette possibilité. Ou je suis maudit, voilà tout.

Depuis quelques années, la fatalité s'abat sur moi. Quand je pense sortir un peu la tête de l'eau, je replonge plus profondément. C'est un cycle infernal.

Alors que je commençais à peine à reprendre goût à la vie suite à la mort de mon père, c'est Joana qui m'abandonne sans m'avertir. Puis, quelques mois après, quand je me disais qu'il fallait envisager de renouer avec les gens qui m'entourent, j'ai eu la désagréable surprise de constater qu'il n'y avait plus rien à sauver, Livia s'en est allée. Et lorsque ma petite routine me permettait d'aller un peu mieux, voici, qu'un ange, devrais-je plutôt dire un petit démon du nom de Luisa, apparaît par enchantement à l'étage du dessus. C'en est trop pour moi ! Ça m'empêche d'avancer.

Quand vais-je retrouver une existence normale, sans cette boule permanente en plein milieu de ma poitrine ?

Je sors de la salle de bain, toujours avec l'esprit totalement embrouillé, avec pour seul vêtement une serviette enroulée à la taille quand on sonne à ma porte.

Qui ose me déranger ? Je ne suis pas d'humeur ! Je m'avance donc à reculons vers l'entrée de mon appartement. J'hésite à ouvrir. Je regarde à travers le judas et ma surprise est immense. Que vient-elle faire chez moi? Et ainsi ?

Elle est différente aujourd'hui. Je ne saurais dire qu'est-ce qu'elle a changé. Ah ! Si ! En y regardant de plus près, ça saute aux yeux. Elle n'a pas sa choucroute sur la tête. Elle ressemble à Fifi Brindacier, en plus jolie, avec ses deux nattes de chaque côté de son visage. Mais tout ceci ne m'informe pas du pourquoi de sa venue...

Pour le découvrir, je n'ai qu'une solution, lui ouvrir.

Seulement, je n'ai aucune envie de me prendre la tête avec elle, ou avec qui que ce soit. Je dois rester calme. J'ai rendez-vous dans moins d'une heure à Belém pour parler avec mon amie psy. Je ne veux pas m'emporter contre elle, une fois de plus. Elle finirait par me tourner le dos, si je continue à la blâmer pour mon mal-être.

J'ai compris il y a peu, que si je voulais réellement m'en sortir, il faudrait que je me décide à me confier. Pourtant, la tâche s'avère plus compliquée qu'il n'en paraît. Tout d'abord, je ne sais pas par où commencer. Puis, il est très difficile d'exprimer ce que je ressens au plus profond de moi. Et pour finir, je ne sais pas si je dois tout révéler ou uniquement les points importants. Et je dois dire que toutes ses questions ne m'aident pas non plus. J'ai la sensation de comparaître devant un juge pour faute grave, alors que je ne me souviens pas, avoir un jour été un hors-la-loi.

Mais revenons à ma sublime et impétueuse voisine qui attend impatiemment que je lui ouvre ma porte.

— Je sais que vous êtes là ! m'alerte t-elle, avant d'insister. Alors, ouvrez !

Et pourquoi, je céderais à son caprice ? Elle veut peut-être me montrer qu'elle est plus forte que moi ?

Elle semble perdre patience. Une folle à lier s'empare de son corps, et tambourine à ma porte jusqu'à ce que celle-ci s'ouvre. Elle perd l'équilibre et est sur le point de se vautrer, la tête la première, quand je m'interpose et la rattrape de justesse au vol.

Elle se retrouve dans mes bras et je sens subitement la température grimper entre nos deux corps. C'est insoutenable ! Je dois faire quelque chose. Je tente de mettre un peu d'espace entre nous, mais elle me retombe systématiquement dessus. Elle semble avoir perdue l'usage de ses jambes. Je n'ai pas d'autre choix que de la retenir fermement contre moi. Que lui arrive t-il ?

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now