Chapitre 37 Luisa 2/4

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Carla est en retard et je poireaute comme une idiote depuis plus de cinq minutes devant la pâtisserie. Je n'y suis pas entrée car je ne veux pas tomber sur qui vous savez... mais à force d'attendre en bougonnant dans ma barbe et en gigotant dans tous les sens pour me réchauffer, Maria vient à ma rencontre.

— Que fais-tu dehors par cette température hivernale ? me demande t-elle inquiète.

Il est vrai qu'il fait un froid de canard. Le soleil n'arrive pas à percer les nuages aujourd'hui. Le temps est humide et d'un triste, qu'on resterait bien au chaud chez soi sous sa couette.

— J'attends Carla qui se fait désirée, l'informé-je.

Je garde pour moi qu'à cette minute précise, je bénis sa belle et jeune employée de magnifiques, pour ne pas dire d'horribles noms d'oiseaux.

— Viens à l'intérieur, me propose t-elle si affectueusement, m'ouvrant même la porte de la boutique d'où émane une chaleur réconfortante.

— C'est gentil, mais elle ne va plus tarder maintenant, refusé-je sa proposition.

J'espère ne pas la vexer.

— Luisa ! Que se passe t-il ? Tu m'en veux ? J'ai fait quelque chose de mal ? s'alarme t-elle pour rien.

— Pas du tout ! Tu es la bienveillance incarnée.

Comment peut-elle penser une seconde que je puisse lui en vouloir ? Elle est la personne, avec Avo, qui m'écoute le plus et me console. Sans eux, je crois que je serais déjà partie d'ici. Ils ont ce petit truc qui me fait du bien sans même m'en rendre compte. Je tiens beaucoup à eux et je sais que c'est réciproque.

— Ça fait plusieurs jours que je ne t'ai pas vue ?

Voilà ! C'est bien ce que je disais. Je l'ai préoccupé avec mon absence prolongée, tout comme Avo. Je dois vraiment faire attention à eux. Ce sont des personnes âgées, et dès que nous changeons leurs habitudes, ils ruminent ou ils se font un sang d'encre.

— Je suis désolée mais j'étais très occupée, inventé-je un peu.

Je ne peux pas lui révéler ce qui s'est produit ces derniers jours avec qui vous savez. C'est son enfant chéri ! Inutile de la tracasser sur ce sujet. Et en plus, je n'ai vraiment pas le cœur d'aborder mon conflit perpétuel avec son fils.

Je ne m'étais pas promis de l'effacer de ma mémoire ? Décidément, les mauvaises habitudes ont du mal à disparaître, je suis comme Avo et Maria.

— Tu t'es remise à l'écriture ? en conclue t-elle à mon avantage.

Je ne vais pas la contredire.

— Oui !

Ce n'est pas un mensonge. J'ai bien écrit pendant ces derniers jours, c'est la pure des réalités en fait. Je ne vais tout de même pas lui dévoiler les vraies raisons, qui font que je ne viens plus la voir. Je préfère garder pour moi que son gamin est un véritable crétin.

— Je suis contente pour toi, m'annonce t-elle avec la banane. Tu vas fêter ça avec Carla ?

— Nous allons faire du shopping. J'ai besoin d'une nouvelle robe.

— Mmmmhhhh.... Pour Manuel ? fait-elle sa curieuse.

Je souris bêtement, au point que mes joues s'empourprent.

— Il est très bel homme ! atteste t-elle.

— Sans aucun doute ! Et pas que...

Ce gentleman a tout de l'homme parfait.

— Il est charmant, adorable, généreux, prévenant... me décrit-elle Manu à la perfection. C'est l'homme idéal, pas comme mon fils ?

Ça c'est sûr ! Son imbécile de rejeton à beau être l'homme le plus sublime qui m'a été de rencontrer, c'est également le plus détestable. Il n'est pas charmant pour un sou, ni adorable, ni généreux... Prévenant ? Il l'a été, mais très brièvement. Ce qui me turlupine, c'est qu'il peut être quelqu'un d'impeccable et la seconde d'après un rustre sans cœur. C'est une vraie énigme ce mec !

Pourtant, je sais avec certitude que je lui plais, mais j'arrête de me voiler la face. On n'est pas fait pour être ensemble ! J'ai besoin de quelqu'un, qui soit là en permanence, qui m'aime tout simplement, pas d'un lunatique qui ne sait pas ce qu'il veut. Stop ! J'ai dit et je me suis promise à moi-même de ne plus penser à cet ingrat. Je ne peux pas continuer ainsi ! Mon voisin est à présent une histoire ancienne.

— Je suis entièrement d'accord avec vous ! je la rejoins sur ses propos.

Ce qui aurait dû lui faire plaisir, mais non ! Son visage s'est durci, laissant place à de la tristesse.

— Tout va bien Maria ?

— Oui, ma jolie ! Je réfléchissais, justifie t-elle son mal-être.

Elle aurait certainement aimé que Fabio soit un peu plus comme Manu. Quelle mère n'aimerait pas avoir comme enfant, un homme charmant et attentionné ?

— Désolée ! J'ai dû aider ma maman, s'excuse Carla de son retard en s'approchant de nous, toute essoufflée et coupant court à notre conversation.

— Ce n'est pas grave ! On y va ? proposé-je sans attendre à la jeune femme.

Je ne veux pas que l'autre imbécile fasse son apparition et me gâche ma journée. Quant à Maria, je n'ai aucune envie qu'elle devine ce que je lui cache. Plus nos discussions sont éloignées de son puéril de fils, et mieux je me porte.

— C'est parti !

Elle m'attrape le bras et me pousse à la suivre.

— A plus tard Maria ! la salué-je.

Je suis si désolée de l'abandonner ainsi, mais je ne me vois pas polémiquer avec elle sur les qualités et surtout les gros défauts de son adolescent retardé.

— Amusez-vous bien ! nous souhaite t-elle avec son apparence ensoleillée qui cache au plus profond d'elle une grisaille tempétueuse.

J'aimerais tellement pouvoir l'aider. 




Publié le vendredi 9 février 2024

A demain pour le suite. 

Bonne journée ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now