Chapitre 15 Luisa 1/3

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Je suis sur cette célèbre avenue dans le quartier de Belém, riche en histoire. De l'autre côté de la rue se trouve le Tage surplombé par deux magistraux monuments, la Tour de Belém construite au seizième siècle qui domine le fleuve du haut de ses trente-cinq mètres et l'édifice des découvertes bâti vingt ans après la foire internationale de 1940, il a été érigé à la mémoire des navigateurs portugais du quinzième et seizième siècle.

De l'autre côté, où je me tiens, se trouve le monastère des hiéronymites, dont sa construction date des années quinze cents. Selon l'adage, il aurait été planifié en l'honneur du retour de Vasco de Gama de son tout premier voyage en Inde. Le cloître renferme une richesse architecturale impressionnante. C'est d'une grande splendeur ! Je ne peux que tournoyer dans ce magnifique patio.

Je suis une adepte de tout ce qui touche de près ou de loin à la religion. Pas que je sois une grande pratiquante, c'est tout l'inverse. Je trouve que ces lieux sont chargés d'histoires, bien plus qu'un simple monument lambda. Je suis émerveillée par les vitraux, les images, les dorures ainsi que les beaux autels que nous offres les églises, les cathédrales, les sanctuaires, les mosquées, les synagogues et sans oublier les monastères ou les couvents. On croirait qu'ils se ressemblent tous, mais c'est faux. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que rien n'est à l'identique.

Je suis également partisane de la bonne gastronomie. C'est tout naturellement que je me dirige à présent vers la pâtisserie qui vend les véritables Pasteis de Belèm à deux pas du monastère. D'après la légende, cette recette ancestrale est tenue secrète depuis toujours. Elle a vu le jour après la révolution libérale de 1920, qui déclarait la fermeture des monastères et des couvents dès 1832. Pour arriver à survivre, un moine a eu l'idée en 1837 de vendre de petites tartelettes de flan aux touristes arrivant par bateau à vapeur, Belém n'étant pas relié à Lisbonne à cette époque. Et on connaît tous le succès de ces pasteis aujourd'hui. Elle est mondiale.

Je me rends compte qu'il faut vraiment les désirer ses minuscules gâteaux. Il est près de dix-neuf heures et il y a encore une file d'attente monstre devant la boutique. Je me mets donc à la suite et attends impatiemment mon tour. Ils ont intérêts à valoir le coup. J'espère ne pas me retrouver avec le même genre de pâtisserie qu'ils nous vendent dans les grandes surfaces.

Depuis mon arrivée dans cette ville, je me suis dit que je devais absolument visiter cette zone occidentale de Lisbonne. Mais ma peur des transports m'en a empêché jusqu'ici. J'ai pris mon courage à deux mains, suis descendue à la Baixa et je suis montée dans un tram qui m'a mené tout droit à Belém. Et me voici en train de déguster un exquis Paltel de nata recouvert de sucre et de cannelle. Un véritable délice ! Sa crème est d'une onctuosité remarquable. La pâte est très croustillante. Le tout a un goût de reviens-y.

Je ne cède pas à mon envie de tous les dévorer et les garde pour mon petit déjeuner de demain matin.

Je traverse la route et me voilà au bord du Tage. Je longe le fleuve pendant plus d'une demi-heure, à scruter les va-et-vient des passants. Puis, je décide de me trouver un restaurant dans le coin. J'ai envie de poisson.

J'arrive presque à la Tour de Belèm. Non, loin de là, je vois un petit restaurant au bord de l'eau avec une immense grande terrasse. Je m'avance pour aller découvrir la carte quand mon regard se pose sur une personne qui ne m'est pas inconnu assise à une table. Que fait-il là ?

Je tente de dévier mes yeux, mais c'est trop tard. Il m'aperçoit et me jette des balles à blanc tellement il est furieux.

Il se lève, embrasse sur la joue une séduisante belle femme en escarpins vertigineux, qui se met à son tour sur ses longilignes gambettes. Elle est renversante. Ses cheveux d'un blond soyeux me rendent extrêmement envieuse. Cette déesse d'un autre monde est tout simplement parfaite ! Elle est mon opposée, ça ne fait aucun doute.

Je poursuis mon chemin jusqu'à l'entrée du restaurant, mais je ne peux ne pas jeter un dernier coup d'œil aux deux amis à ma droite. Ils sont bien amis, hein... ? Il ne l'a pas embrassé sur les lèvres.

Et qu'est-ce que ça peut me faire ? grogne mon esprit.

En effet, sa vie ne me regarde en rien. Alors, pourquoi, je me sens soudainement si tourmentée par ce qu'il fait avec cette femme ? Serait-ce une pointe de jalousie qui voit le jour ? Non ! C'est ridicule !

Et sur ces mots, je rentre dans le restaurant et commande une truite grillée au feu de bois. Ce n'est pas mon déluré de voisin qui va me couper l'appétit. 







Publié le vendredi 14 juillet 2023

Voilà ! J'espère que ce petit cours d'histoire sur la ville de Lisbonne vous a plu ? 

On se retrouve demain pour la suite. 

Bonne journée ! 

Ps : petit dédicace à une de mes lectrices qui fête son anniversaire aujourd'hui. 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now