Chapitre 24 Fabio 1/2

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Il était quatorze heures, quand j'ai décidé de me lever. Je n'arrivais pas à dormir. Elle hantait et tourmente toujours mon esprit d'une telle manière, que le sommeil a du mal à être réparateur.

J'ai pris une douche, et à présent je suis devant une tasse de café bien fumante, il me faut bien ça si je veux tenir toute la journée éveillé, avec mon téléphone à la main, désireux de prendre connaissance des nouvelles du pays. Mais si j'avais su, je me serais abstenu. Il n'y a que des problèmes à en croire ce qui est écrit, même les résultats des matchs d'hier ne sont pas en ma faveur. Quelle ironie du sort !

Je jette mon smartphone sur le plan de travail et tente de réfléchir à un moyen pour me débarrasser de cette horrible boule que j'ai dans l'estomac. Mais plus je cogite sur le sujet et plus la grosseur prend de l'ampleur dans mon abdomen. C'est affreux !

J'avale le reste de mon café, avant de filer mettre des poings sur mon sac de frappe. C'est l'unique solution que j'ai trouvée, il y a quelques mois quand j'étais au bord du gouffre, pour vider ma frustration, ma douleur, mon envie de me détruire. Ce remède m'a sauvé à plusieurs reprises.

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Je frappe de toutes mes forces. Je tape à m'en faire mal. Je boxe avec fureur. On me prendrait pour un fou, si on me voyait faire. Et pourtant, mon mal-être ne fait que grossir en moi. Je ne sais plus comment faire pour qu'il disparaisse. Malgré toutes mes tentatives, il s'incruste telle une sangsue.

C'est cette locataire de malheur ! Elle est la raison de tous mes maux. Je ne réussis pas à oublier la dernière discussion houleuse que nous avons eu ensemble. Je sais que je suis responsable de tout ce binz, mais elle aussi. Pourquoi adore t-elle me provoquer ?

Il m'est difficile de supporter sa présence au dernier étage de cet immeuble, de ce fait elle pourrait comprendre, si elle s'intéressait un tant soit peu un peu à moi. Mais non ! Elle préfère me rendre la vie encore plus dure qu'elle ne l'est déjà.

Je voudrais pourtant pouvoir me comporter d'une autre façon avec elle, mais c'est plus fort que moi, je ne parviens pas à le faire. Je suis un abruti ! Mon mauvais comportement gagne toujours face à mon désir croissant de m'améliorer. Car oui, j'essaye tant bien que mal de ne plus être ce barbare sans nom. Cependant, mes idioties prennent le dessus, dominées par mes afflictions toujours aussi difficiles à recadrer.

Que me reste t-il à faire ?

Partir loin d'ici ? Oublier qu'elle existe ? Faire en sorte qu'elle disparaisse ? Mais comment ? Ou...

Qu'est-ce qui m'arrive ?

Je perds la tête ! Je ne devrais pas avoir ce genre de pensés. Je suis qu'un imbécile.

Il est certain que cette fille me plait, ou devrai-je plutôt dire que je suis subjugué, sous son charme. Son regard m'a envoûté. Pire, elle m'a ensorcelé par sa beauté naturelle et son caractère explosif. Comment résister à tant de faste chez une seule et unique personne ? Visiblement, c'est impossible !

Elle n'est pas la perfection incarnée, non. Elle est simplement la nana qui a tout pour rendre un homme fou amoureux d'elle, un idéal avec quelques malfaçons à nous donner la chair de poule. Elle fait peur. Elle me terrifie. Jamais je ne serais assez bien pour une demoiselle de sa trempe.

Alors pourquoi suis-je en train de m'imaginer ici, dans ce salon, assis auprès d'elle sur mon canapé en cuir tout en l'embrassant amoureusement ?

Je deviens fou !

Même si je pouvais envisager cette possibilité, jamais elle ne se concrétiserait.

Peut-être que j'aurais eu mes chances il y a cinq ans de ça, quand je n'étais pas encore ce mec détestable de tous. Mais voilà, elle a débarqué seulement maintenant, alors que je me bats avec fermeté contre mes démons. Et j'en bave énormément, à me maudire.

Il n'y a pas de place dans mon existence pour l'amour et encore moins pour une nana qui croit mieux savoir que tout le monde ce qu'est la vie. Je sais, je me contredis. Un coup, elle est parfaite et l'instant d'après elle est détestable.

Il n'y a plus de doute, je suis malade.

Attention ! Pas malade d'amour, non ! Juste déglingué par tout ce qui se produit autour de moi ces derniers temps.

J'ai besoin d'un répit. Je dois aller prendre l'air.

De toute façon, pourquoi je me prends la tête avec ça ? Pour elle, je ne suis qu'un crétin ! Elle me l'a assez répété. Et peu importe, elle est tombée, comme une idiote, dans les bras du beau Manu. Je n'ai aucune chance face à lui.

C'est peut-être ce qui m'a fait sortir de mes gonds hier. Je ne supporte pas de savoir, qu'il a encore gagné. Et que moi, je suis encore un looser. Comment a-t-il pu oublier ma sœur aussi facilement ? Je lui en veux, et pas qu'un peu.

Il faut que j'arrête une bonne fois pour toutes de penser à elle. Elle n'est pas du tout intéressée par moi, comment le pourrait-elle ? Je suis quelqu'un d'aigris, de triste, qui noie son chagrin dans le sexe avec des minettes paumées qui ne savent pas ce qu'elles veulent, tout comme moi. Je suis un vrai salopard, elle a raison ! Un homme défait, ou plutôt un être, une chose sans âme, sans vie, un misérable. Tout ce que les femmes comme Luisa évite de côtoyer.

Je suis damné ! Je suis né sous une mauvaise étoile.

Reste à la chasser définitivement de mon esprit. Et pour cela, elle doit être délogée. A défaut de mon appartement, elle devra se trouver un autre endroit, ou je ne m'appelle pas Fabio Monteiro.

***

Je sors prendre l'air. Je suis à bout. Me lamenter sur mon sort n'arrange pas mes problèmes. J'ai réussi à la supporter jusqu'ici, mais son manque d'empathie et son désir pour les mecs qui n'en valent pas la peine, ont eu raison de moi. Je ne réussis plus à tolérer sa présence au-dessus de ma tête. Elle doit déguerpir.

Et en plus, elle me fait presque oublier l'absence de la propriétaire des lieux où elle vit, alors que je ne le veux pas. Joana doit rester l'âme du troisième pour toujours. Sinon, où vais-je retrouver la chaleur, la joie de vivre, la beauté et la générosité dont elle resplendissait. Cet appart lui ressemble tant. Il est chaleureux, joyeux, très bien décoré et plus accueillant tu meurs. Ma soeurette dans toute sa splendeur. Même son côté enquiquineuse est représenté avec la fameuse envie de ma mère de me contrarier en le louant.

Quelle blague !

J'ai donc l'obligation de garder à jamais cet étage chargé de son aura. C'est une nécessité pour moi. Mais je me passerais volontiers de son mauvais caractère de petite peste. J'ai parfaitement le droit de vouloir sauver ce qu'il me reste d'elle. Qu'en déplaise à qui que ce soit !

Je regarde la façade de mon immeuble où s'affiche en grand le portrait de ma sœur, façon artiste de bande dessinée, dans l'espoir qu'elle vienne à répondre à mes interrogations, quand je suis rattrapé par ma mère.





Publié le vendredi 15 septembre 2023

Fabio tourne en rond. Son cœur balance de droite à gauche, sans vraiment savoir ce qu'il veut. Va-t-il enfin se laisser vivre ? Ce n'est pas sûr... 

La suite de ce chapitre demain. 

Bonne journée ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now