Chapitre 36 Fabio 2/2

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Pour ne pas rêvasser dans mon salon, j'ai préféré descendre et me mettre au travail. Tourner en rond dans les pièces de mon appartement ne me réussi pas. J'ai failli me faire très mal aux mains en boxant mon sac de frappe. C'est ce qui arrive quand on ne maîtrise pas sa force.

Mon état de nervosité, dû à mes pensées traumatisantes et inconvenantes, envahissait chacun de mes nerfs et de mes membres, ce qui m'a conduit à extérioriser tout ce qui me comprimait. Impossible dans ces circonstances de me dompter. Je suis possédé ! J'ai pris conscience de ce qui se produisait uniquement quand la douleur s'est fait sentir à mes phalanges déjà très abîmées par les coups agressifs que je continuais à décharger sur le punching-ball. Doucement, je suis parvenu à me défaire de cette emprise et me suis décidé à exercer ma rage dans un tout autre domaine. La pâtisserie est mon exutoire qui me mène souvent à reconsidérer, voire à calmer mes maux.

Après trois bonnes heures à mélanger, fouetter les diverses préparations et tapisser les moules, je suis plus serein. J'ai bien avancé dans mon travail. Il ne me manque plus que les tornades Luisa à confectionner. Étonnement, ce sont les gâteaux les plus longs à réaliser. Je perds très souvent le fil de la recette. Je m'embrouille avec mes récipients et me trompe dans mes grammages. Inutile de me demander pourquoi tout ce cafouillage avec ce produit. Je sais exactement d'où me vient cette malencontreuse nervosité. Ce gâteau me fait penser un peu trop à ma charmante voisine.

Bref, je m'exécute et m'attelle à la tâche, ça me permettra peut-être d'aller me coucher à des heures convenables pour une fois. Il n'était pas encore vingt heures que j'étais déjà derrière les fourneaux. Si tout va bien, je serais couché un peu après l'heure de fermeture de la pâtisserie, si je ne décrète pas dans quelques minutes d'aller me libérer de mes tensions au Troco.

Je sors du congélateur mes saladiers réfrigérés, et fait monter la ganache au chocolat par mes robots. En gardant un œil sur mes mélanges, je prépare à côté les coques de chocolat qui viennent sublimer ce dessert. C'est à ce moment précis que ma mère débarque dans ma cuisine très remontée.

Que lui arrive t-il ?

— Qu'est-ce que tu lui as encore fait ?

— De quoi tu me parles ? fais-je celui qui n'a pas compris son allusion.

Pourtant, je sais très bien de qui elle me parle, mais je fais comme si je ne le savais pas.

Ma sœur a toujours eu le don dès son plus jeune âge de se défaire des problèmes en se faisant passer pour une personne qui n'était jamais au courant de rien. Et bien évidemment, tout retombait inévitablement sur ma personne. Si ce n'était pas elle, ça ne pouvait t'être que moi, aux yeux de mes parents. Surtout que je ne savais et ne sais pas mentir. Tout me tombe inlassablement dessus. Tout est de ma faute ! Rien ne change ! Pourquoi Joana ne m'a-t-elle pas appris à duper les gens ?

Son procédé m'aurait bien aidé à me défaire des foudres de la gentille et tempétueuse Maria.

— Luisa ! Pourquoi ne met-elle plus les pieds dans la pâtisserie ?

— Qu'est-ce que j'en sais ? Ce n'est pas car elle ne vient pas de la journée, qu'elle ne vient plus ! attesté-je.

C'est vrai non ? Elle a pu avoir un empêchement ou d'autres chats à fouetter. Bon, elle n'est pas sensé savoir ce qui s'est passé, hier, entre sa protégée et moi. Et pour tout dire, je n'ai pas l'intention de lui révéler. Elle me renierait à coup sûr.

— Cela fait plusieurs jours ! m'informe t-elle.

— Comment ça ?

J'étais loin d'imaginer que Luisa avait déserté ma pâtisserie. J'espère qu'elle n'est pas de celles à vouloir échapper à mes gâteaux sous prétexte qu'elles ne veulent pas prendre du poids... Elle va voir de quel bois je me chauffe si c'est le cas.

L'appart du Troisième (nouvelle version)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu