Chapitre 28 Fabio 3/3

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— Bonjour, belle inconnue, dis-je dans la langue de Molière.

Ça marche à tous les coups de parler français. Les femmes en sont enchantées et celle-ci ne masque pas son désir. Elle se tourne complètement vers moi avec un énorme sourire, tout en triturant une mèche dorée de sa longue chevelure. Elle est séduite. Et je peux affirmer que moi aussi. Elle est encore plus belle de près, et quand elle bouge ses délicieuses lèvres pulpeuses pour me complimenter, je suis aux anges :

— Olà, beau prince charmant.

Comment ne pas être sous le charme ?

Je pense que je vais passer un agréable moment en sa compagnie. Je crois pouvoir en déduire que nous sommes ici pour la même chose elle et moi. Ça tombe bien ! Je ne me voyais pas encore patienter dans mon coin qu'une nouvelle occasion se présente.

— Je vous offre un verre ? lui proposé-je.

— Oui, avec grand plaisir.

Nous conversons de ses études en droit et de son job qu'elle effectue le week-end dans un supermarché pour se permettre quelques sorties entre amis et de se payer de quoi manger pendant tout le mois. Elle vient du nord du pays. Ses parents ont à peine les moyens de lui payer sa colocation dans la capitale, c'est pour cela qu'elle bosse. Sinon, elle devrait dire adieu à son rêve de petite fille de devenir juge pour enfants. Et elle s'y refuse.

Je ne peux que la comprendre. Je ne pourrais plus vivre sans pâtisser. J'ai voulu mettre de côté ce songe de gamin pour devenir quelqu'un de plus instruit, dont mon père aurait été fier. Mais au bout du compte, mon choix ne m'a apporté que des frustrations. Heureusement, que je me suis réveillé à temps.

Aujourd'hui, je sais que c'est mon travail qui me tient debout. Sans cette passion pour la cuisine, je me serais effondré à coup sûr à la mort de ma sœur, pour ne plus revenir. J'ai compris tout ça, il y a peu, lorsque j'ai refait les comptes, et que j'ai réalisé que nous étions dans le rouge depuis des mois. J'allais perdre ce qui me maintenait en vie. Je me suis donc réveillé pour la seconde fois, et j'ai décidé de mettre en œuvre tout ce que j'avais appris durant mes études de gestion pour sauver mon entreprise, et je dois avouer que c'est également pour ne pas rester derrière ma belle voisine, qui est très douée pour trouver des solutions qui me déplaisent, mais qui font leur effet. Je devais à tout prix être meilleur qu'elle, surtout dans ce domaine dont je suis l'expert.

Elle croit sûrement que c'est son idée, d'ouvrir la nuit, qui est la raison de tout ce peuple dans ma boutique le soir, mais sans ma brillante intervention auprès des médias, rien de tout cela ne se serait réalisé. Parfois, je me surprends moi-même. C'est fou d'être aussi ingénieux !

Non ! Non ! Je ne suis pas en train de me vanter. Enfin, un peu. Mais tout ce que j'affirme est vrai. Je suis un dieu dans ce domaine. Mon ancien employeur a tout fait pour me dissuader de quitter sa société. Il m'a même offert le double de mon salaire, c'est pour dire à quel point mon travail était apprécié.

Il m'arrive parfois de me demander, quelle aurait été ma vie, si j'avais continué à redresser des entreprises au bord de la faillite... J'aurais certainement été bien plus riche mais moins heureux d'exercer un métier qui ne me plaisait pas plus que ça.

Malgré le fait que j'aime ce que je fais, suis-je chanceux pour autant ?

J'ai bien peur que ce ne soit pas le cas, et que je n'arrive pas à l'être un jour. Le bonheur n'a jamais été vraiment mon copain. Il est plutôt destiné à celui qui vit pour lui, or, moi, j'ai toujours fait question de vivre pour les gens que j'aime. Voilà, pourquoi je refuse de m'éprendre à nouveau pour quelqu'un. Je sais que cela ne m'apportera que des problèmes, et non ce qu'un être humain recherche : le bien-être.

Bref ! Il est inutile de s'épancher sur ce sujet plus longtemps. Je dois travailler.

Il m'a fallu moins d'une heure pour ramener la belle blonde chez moi et plus de deux heures pour complètement l'épuiser. Je ne m'étais pas trompé. Elle aussi était en recherche d'un partenaire pour la soirée. On a baisé une bonne partie de la nuit, elle était insatiable, et moi fou de joie. Il faut dire que j'en ai bien profité aussi. Après trois orgasmes et deux magistrales chutes de mon lit, elle a fini par s'endormir en position fœtale.

Quant à moi, je me suis levé, j'ai pris une longue douche et me suis mis au travail. Avec la nouvelle amplitude horaire d'ouverture de la pâtisserie, la demande de gâteaux a explosé. Je dois préparer davantage de pâtisseries. Les gens raffolent de mon dernier nouveau né, la tornade Luisa. C'est comme ça, que j'appelle le fameux gâteau au chocolat caramel, mais chut ! Ça doit rester mon petit secret.

Il est dix heures passées quand je décide de monter me coucher. Je suis exténué, je ne fais même pas l'effort d'aller jusqu'à ma chambre, je m'allonge sur mon canapé. Je ferme les yeux et au lieu de dormir, je suis attiré par ce fichu bouquin qui traîne sur ma table basse.

Je l'ouvre et me met à le lire sans faire de pose. Cette histoire est très semblable à la mienne. Je ne peux pas m'arrêter de lire. Je veux connaître la fin. Comment a-t-elle fait pour revenir parmi les vivants ? Elle, qui se dit morte à jamais.

L'auteur a su choisir les mots, on croirait qu'elle a lu en moi, tellement ce qu'elle décrit, ressemble comme deux gouttes d'eau à ma souffrance, au désarroi dans lequel je suis depuis le terrible événement qui a chamboulé toute ma vie.

Je me demande au fond de moi, si je parviendrais un jour à sortir la tête de l'eau... J'ai beau faire tous les efforts possibles et imaginables, rien n'y fait, la douleur est toujours là, gravé en moi. Rien ne semble l'apaiser. Même pas mon envie de m'en sortir.

Je pensais Luisa très forte, mais maintenant je la trouve impressionnante, incroyable. Après la lecture des quinze premiers chapitres qui me révèlent les épreuves qu'elle a enduré, j'en conclu qu'elle est un roc. Je suis époustouflé par ce petit bout de femme. Elle est vraiment étonnante !

La fatigue prenant le dessus, je me vois fermer les yeux, puis m'endormir vers l'heure du déjeuner. La fin de ma lecture devra attendre.




Publié le dimanche 15 octobre 2023

J'espère que ce chapitre vous a plu ? 

Exceptionnellement, il n'y aura pas de chapitre publié la semaine prochaine. 

On se retrouve donc le vendredi 27 octobre pour la suite. 

Bon dimanche ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum