Chapitre 47 Luisa 3/4

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Plus les minutes passent et plus tout s'éclaircit dans mon esprit. Il y a encore quelques trous que j'ai du mal à combler, deux ou trois, mais pour le reste ça tient la route.

Comment j'ai pu faire une telle chose ? Une telle idiotie ? Stupidité ! Où est donc passée ma dignité ? Je l'ai égaré ce n'est pas possible autrement. Comment j'ai pu m'infliger cette humiliation ? Ma tête m'a abandonné. En tout cas, elle s'est enfuit l'espace d'un instant pour me laisser tout le loisir du monde, pour me ridiculiser face à ce monsieur qui me fait tourner en bourrique depuis mon arrivée. Je ne vais jamais pouvoir remédier à ça. Il va me le rappeler sans cesse.

Je n'aurais pas dû boire autant. On devrait nous dire que l'abus d'alcool au-delà d'être mauvais pour la santé et également un poison nocif pour notre dignité et notre honneur. Quelle honte ! Qu'est ce qui m'a pris ? Comment vais-je pouvoir le côtoyer après ça ?

Je dois sortir de la baignoire, dans laquelle je m'étais accroupie lorsque les premières images de ma déplorable attitude de cette nuit me sont apparues. Après un long moment d'hésitation, en espérant encore de tout cœur que ce ne soit qu'un mauvais rêve et que je vais me réveiller dans mon lit avec mon pyjama sur le dos, je sors enfin de ma niche complètement gelée, mais l'esprit un peu plus clair. Cependant les preuves sont là ! J'ai un grand bleu sur la fesse, certainement dû à ma chute de tout à l'heure, et en plus, la bouteille de tequila est presque à sec. Elle ne se serait pas vidée toute seule.

Enroulée dans une serviette je me dirige vers ma chambre complètement décontenancée. Je n'en reviens pas de m'être à nouveau ridiculisée, et encore devant lui, par-dessus le marché. J'ai perdue la tête, il n'y a plus de doute. Je ne vois pas d'autres explications à mon comportement. Je me répète, je sais. Je suis folle, carrément inconsciente, je dirais même. Je ne vais plus oser sortir d'ici. Je vais rester enfermée à vie. Ça m'apprendra à faire n'importe quoi.

Ne faisant pas attention à où je vais, je me cogne pour la énième fois sur ce fameux tiroir récalcitrant.

— Zut ! Ça ne va pas s'arrêter ! Vais-je réussir à faire quelque chose de bien aujourd'hui sans me tuer ? J'en doute.

Voilà, que je me parle à moi-même maintenant, je suis devenue cinglée, c'est une certitude. De toute façon, seule une déséquilibrée se serait dévêtue et se serait exposée devant un mec qui n'a jamais rien demandé. Je devais vraiment être affreusement désespérée pour en arriver à cette extrémité. Je dois absolument me ressaisir, et oublier, une bonne fois pour toutes, cet homme qui ne me désire pas.

A présent, j'aimerais effacer toute cette histoire, arrêter de me tourmenter de la sorte. Je ne peux plus y faire quoi que ce soit d'ailleurs. Le mal est fait !

Ce constat m'horripile et m'irrite, je ne parviens pas à contrôler mes pulsions.

Décidément, mon début, non, ma fin de journée démarre sur les chapeaux de roues. Je me défoule sur le fichu tiroir et le fait valser à terre. J'espère ne pas l'avoir cassé avec mon emportement. Ce serait une grosse perte.

Cette commode est très sympathique et ravissante. Elle porte uniquement le poids de ses années.

J'ai cherché dans les brocantes vers Paris ce genre de vétuste des années soixante-dix, sans succès. Les meubles que je parvenais à dénicher étaient tous dans de piteux états. Ce n'est pas le cas de celui-ci. Hormis, ce compartiment qui lutte à se refermer complètement, aucun autre dégât n'est à constater.

J'aimerais connaître les belles adresses de Maria. J'irai bien y faire un tour. Elle a su donner à ce lieu une atmosphère accueillante avec des objets tous différents des uns des autres. Je prends énormément de plaisir à vivre ici. Je ne veux rien abîmer.

Après avoir repris mes esprits et surtout mon calme, je m'affaire à réparer mes bêtises. Je ramasse mes affaires qui ont volé dans les airs, et les empile sur le dessus de la commode. Puis, je récupère le tiroir, vérifie qu'il n'y a rien de casser et je tente de le remettre en place. Cependant, une partie du compartiment reste à l'extérieur. Je décide de le retirer du meuble et essaye de repérer qu'est-ce qui peut bien empêcher l'emboîtement. Ce que je découvre à l'arrière de la commode me fait sursauter avant de prendre conscience qu'il ne s'agit que d'un carnet, un vieux cahier abîmé sur les pointes et les côtés que je retire du fond du mobilier.

C'était sûrement pour cela que le tiroir refusait d'aller jusqu'au bout complètement. Maria m'avait prévenu que ce fichu casier avait du mal à se refermer correctement, mais elle se refusait à toute modification dans la pièce. Va savoir pourquoi ?

Je dépose le manuel sur le lit, récupère la caisse à terre, l'introduit dans sa case, et miracle, sans aucune résistance le tiroir s'emboîte totalement au reste du meuble. J'y dépose mes affaires qui se trouvaient au dessus et le referme correctement.

Je dois penser à prévenir Maria de ce petit détail. Je m'empresse de faire une petite croix sur ma main, afin de ne pas oublier de l'informer.

Puis, j'enfile des vêtements bien chauds et confortables, saisis le calepin et file en cuisine me préparer un café bien corsé, afin de me réveiller de ma nuit trop longue ou trop courte. J'ignore à quelle heure je me suis couchée.

Ensuite, je m'installe sur mon canapé avec dans les mains ce maudit journal. A qui pouvait-il appartenir ?

Je caresse de mes doigts la couverture abîmée rouge bordeaux quand je suis envahi de millions de picotements. Je me couvre de mon plaid mais les frissons ne cessent pas. Je n'arrive pas à me réchauffer, j'ai froid.

— Avec toutes mes sottises, j'espère ne pas avoir attraper froid ? pensé-je tout haut.

Je me blottis sous ma grosse couverture avec ma tasse fumante dans les mains et le livre entre mes cuisses.

J'ouvre le bouquin et le referme immédiatement. Le nom affiché sur la première page m'a fait sursauter et un courant d'air s'empare de mes tripes. Que fait son journal ici ? Dans ce meuble ? Dans ma chambre ? Dans mon appartement ? 




Publié le samedi 13 avril 2024

J'espère que vous êtes impatients ou impatientes de découvrir à qui appartient ce journal et ce qu'il contient ? 

Pour le savoir, il vous faudra attendre demain 9h. 

Bonne journée ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now