Chapitre 27 Luisa 2/3

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— J'ai commandé une bouteille de vin blanc, me sort-il de ma torpeur. Je sais que les femmes apprécient davantage le blanc au rouge. J'espère de ne pas m'être trompé ?

Je jette un bref coup d'œil à l'étiquette et découvre avec surprise qu'il s'agit de la même bouteille que j'ai achetée à mon arrivée ici à la superette et que j'ai adoré boire.

— J'adore ce vin du Douro. Il est très parfumé et doux. Mais...

— Mais vous aurez préféré un rouge ? s'inquiète t-il.

— Non ! Pas du tout ! J'ai un petit problème avec les boissons alcoolisées, l'éclairé-je. Donc si vous le voulez bien, je me contenterai d'un unique verre ?

On ne peut pas dire que l'alcool et moi on fait bon ménage. Généralement, j'accompagne toujours mes amis avec un verre que je bois tout au long du repas, pas plus. Je refuse de réveiller la bête qui sommeille en moi.

— Pas de soucis. Je comprends ! Je vais demander une carafe d'eau.

Il s'exécute. Puis, il prend la bouteille de vin et me sert un fond.

— Je vous en verserais un autre plus tard dans la soirée, m'annonce t-il avant de remplir le sien au quart tout comme le mien.

Il est adorable. Il a tout de l'homme parfait jusqu'à présent.

Le serveur nous apporte l'eau qu'il dépose sur la table et repart aussi vite qu'il est apparu.

— Excusez ma question, mais vous n'êtes pas portugaise, si ? se renseigne Manu, tout inquiet par sa demande. Pas que vous ne parlez pas bien notre langue, je vous rassure. Vous avez ce petit accent charmant que je ne saurais définir d'où il vient.

C'est la première fois qu'on me titille sur ma façon de m'exprimer. J'ai pensé bêtement que personne n'avait remarqué que je n'étais pas d'ici. Alors, qu'en réalité, ils n'ont tout simplement pas voulu me vexer à en croire ce jeune homme.

— Je suis née en France, de parents portugais, lui annoncé-je tout simplement. Et c'est la deuxième fois que je viens au Portugal. A Lisbonne.

— Non, c'est vrai ? Deux fois en toute votre vie ?

— Oui, mes parents avaient beaucoup de travail. Ils bossaient durs.

Je n'ai pas l'intention de polémiquer sur ce sujet. Ça me fait encore souffrir de parler d'eux.

Manu peut croire tout ce qu'il veut sur ma famille. Il peut imaginer que mon père était maçon et ma mère femme de ménage, comme dans les clichés qu'on se fait des portugais en France. C'est son droit. Même si en réalité, ce n'était pas le cas.

Mon papa avait sa propre entreprise de maroquinerie. D'ailleurs, elle m'appartient à moitié. Je n'ai juste pas la motivation pour en devenir la gérante. Pour cela, après la mort de mes parents, j'ai affecté ce rôle au bras droit et grand ami de mon paternel tout en lui reversant la moitié des parts de l'entreprise. C'est ce qu'aurait voulu mon papa. Il tente, depuis, d'insuffler l'esprit de mon patriarche dans ses nouvelles créations et je dois dire qu'il n'a aucun mal à tenir sa promesse.

Quant à ma mère, elle était avocate dans le droit de la famille. Son métier était une vocation. Venir en aide aux enfants et aux mères dans le besoin était son combat de tous les jours. Elle refusait qu'un petit souffre à cause d'elle. Il était hors de question qu'elle perde une bataille. Je l'admirais énormément.

Ils étaient très attachés à leur boulot, mais ils prenaient toujours le temps pour moi. Ils abandonnaient leur projet en cours pour passer cinq, dix minutes, voire une heure et même toute une journée pour m'écouter et répondre à mes problèmes. Je les adorais. Ils étaient tous les deux mes modèles de perfection. Ils étaient mes piliers. J'aimerais tellement les rendre fiers. Ils me manquent terriblement !

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now