Chapitre 49 Luisa 2/3

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Trois semaines se sont écoulées depuis que j'ai quitté l'appart du troisième. Vivre avec Avo a été un véritable plaisir. J'ai adoré partager ma vie avec lui. Il est très charmant et un excellent conteur d'histoires. Sa vie aurait fait un très bon roman, et plus encore, un merveilleux film. Tout ce que cet homme a vécu est à marquer sur des pierres blanches. C'est un survivant ! Inutile de préciser, que je n'ai pas vu le temps passé en sa compagnie.

Sa maison est à son image, une caverne d'Ali Baba. Elle n'est pas ce qu'on pourrait penser de lui en le voyant, avec de gros meubles rustique des années soixante, non. Son intérieur est plutôt un cabinet de curiosité, il a des objets en tout genre, du monde entier.

La plupart des meubles sont en bois exotique, j'ai l'impression de voyager au fil des nombreuses pièces. Dans ma chambre, j'ai la sensation d'être au bord de mer, alors que dans la salle de bain dans un grand hôtel de luxe, dans le séjour en Asie et sa cuisine n'a rien à envier aux plus grands chefs étoilés. Mais la pièce que j'affectionne le plus, c'est la bibliothèque, pas par ses nombreux livres hétéroclites, mais par l'impression qu'elle me donne d'être dans un cocon. Dans ce lieu, je me sens à l'abri et protégée du monde extérieur, de la vie en générale.

Chaque pièce est parsemée de petites figurines, de mobiliers, d'étoffes, de sculptures, de tapis dénichés au quatre coins du globe, avec chacun une histoire différente, qui nous donne l'envie de voir de nos propres yeux ces endroits romanesques.

J'ai vraiment beaucoup apprécié la présence d'un tel homme dans ma vie. Tous les jours, j'avais droit à une anecdote étrange, ou bien romantique, ou tout simplement inoubliable. Avo est un monsieur qui a beaucoup voyagé, qui est un doux rêveur. Il croque la vie à pleines dents, même si parfois le destin ne lui a pas facilité les choses.

Il a été marié trois fois et à chacune des disparitions de l'être aimé, il a dû se relever et continuer à vivre. Le plus dur a été selon lui, quand il a perdu sa seconde épouse, il était inconsolable. Comment aurait-il pu ne pas l'être ? Ce jour là, il a également perdu son unique enfant, sa fille tant désirée.

Il était désemparé, jusqu'au jour où une vieille dame lui a dit « La vie est un chemin semé d'embûches, le vrai bonheur est au bout de la rue lorsque l'on n'attend plus rien de la vie... ».

Et, c'est à ce moment précis, qu'il est devenu la personne qu'il est aujourd'hui, un homme sage. Il n'attend plus rien de son existence et se contente de ce qu'on lui offre. Parfois, c'est l'extase m'a-t-il avoué et d'autres fois c'est beaucoup moins drôle, mais il l'accepte, et poursuit sa route en se disant que ce n'est pas encore fini.

Et à la date d'aujourd'hui, il ne regrette rien de sa vie, bien au contraire, il a su trébucher pour mieux se relever. Il a fait des rencontres époustouflantes. Il a vécu des choses merveilleuses. Et il se dit toujours prêt pour d'autres aventures. Un monsieur exceptionnel ! Un grand père extraordinaire !

***

Il est temps pour moi de quitter cette adorable et prestigieuse maison du bonheur, de quitter cette ville, ce pays qui est devenu en moins de trois mois mon chez moi. Je repars en France dans cinq heures. Je ne sais pas si je reviendrais dans cette magnifique ville où j'ai fait de formidables rencontres, Avo, Maria, Carla, Manu, et sans oublier Fabio. Sans qu'il ne le sache, il a réanimé mon cœur, et rien que pour ça, je le remercie.

Je ne peux plus rester. On m'attend à Paris avec impatience. Stella a fait tout son possible pour retarder au maximum ma venue, mais à présent, je ne peux plus reculer. Ma maison d'édition compte sur moi pour la promotion de mon livre. Mon éditrice attribut dès lors un grand succès à ce dernier roman, alors qu'il n'est pas encore dans les librairies, mais les commandes ne cessent d'augmenter au fil des heures. J'espère qu'ils ont tous raison, et que ma romance rencontrera le prestige qui lui est déjà annoncé.

Je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour que mon ex-voisin impétueux le lise et se rende compte de tout l'amour que je lui porte. Tout est entre ses mains maintenant.

— Je file Avo, je suis en retard.

— Tu pars déjà ? me demande t-il en se levant de son canapé, surpris par mon empressement.

— Non, je vais faire mes adieux à Maria et Carla. Je reviens après te faire un gros bisou, lui promets-je.

J'ai hésité à prévenir Maria de mon départ, elle, qui ne m'a toujours pas totalement pardonné d'avoir quitter l'appartement de sa fille. Elle gardait espoir que je revienne sur ma décision. Or, je n'ai pas pu céder à son désir.

A présent, en plus d'être partie de son immeuble, elle doit se faire à l'idée que je pars loin d'elle. Elle m'a confié, pas plus tard que la semaine dernière, qu'elle me considérait comme son enfant d'adoption, et qu'elle regrettait amèrement que son fils ne voie pas ce qu'elle a vu entre lui et moi dès le tout premier jour.

Elle garde espoir qu'il reconsidère les choses, et je dois dire que je suis de tout cœur avec elle. Ces trois semaines passées sans le voir ont été une torture. Il me manque terriblement. J'ai la sensation d'avoir perdu une partie de moi depuis mon départ de l'appart. Il est ce morceau, cette part de mon cœur qui me permet d'avancer. Sans lui, je ne sais pas si j'en serais capable. Il me semble n'avoir jamais autant aimé quelqu'un, un autre homme, du moins pas que je m'en souvienne, que cet énergumène.

Comme me l'a si bien appris Avo, l'avenir me conduira à ce monsieur si tel est mon destin.

— Entendu ma jolie ! Ton bouquin représente à la perfection le personnage de Fabio, m'informe t-il tout sourire.

J'ai offert pour Noël un exemplaire de mon nouvel ouvrage à Avo. Il était très fier d'être le premier à pouvoir le lire, et depuis je l'entends rire aux éclats dans son fauteuil, alors que je me battais avec ma valise dans ma chambre.

— Cet écrit a été un vrai défouloir pour moi, m'empressé-je de lui raconter, avant d'enfiler mon manteau.

— Ça se ressent. Une bonne thérapie en somme, devine t-il comme un expert de la chose.

— En effet ! A tout à l'heure ! dis-je en l'embrassant sur le front et le laissant à sa lecture.

Lui, aussi, va terriblement me manquer. Comment vais-je pouvoir le quitter ? Le fait d'y penser, me donne les larmes aux yeux. 




Publié le jeudi 18 avril 2024

A cette après-midi pour la suite ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Onde histórias criam vida. Descubra agora