#ASSISTANTE | 35

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TINA

∞ ∞∞ ∞

Rien ne sert de s'entêter ou de se prendre le chou sur une chose qui n'existe pas ailleurs que dans l'esprit retors de Reed.

— Je vais y aller...

— Pas question !

— Tu es sur les nerfs, Reed. Je sens bien que ma présence ne fait qu'augmenter et alimenter ta colère.

— Reste.

Sa détresse me touche sans que j'arrive à savoir ce qui la provoque. Enfin, si. J'en suis le centre névralgique. Ce nerf, qui irradie dans tout son corps et qui le fait souffrir.

— Tu dois savoir...

— Mais enfin de quoi parles-tu ?

— Je ne sais pas comment te le dire sans que tu pètes un câble.

— Certainement pas comme ça !

— Alors peut-être que, de cette façon, tu capteras mieux.

En l'espace d'une seconde, Reed me soulève, me pose sur la table sur laquelle nous avons mangé et m'embrasse avant que je n'aie eu le temps de dire ouf. Son baiser, aussi surprenant qu'imprévisible, est terriblement agréable. À la fois doux et conquérant. Maîtrisé et indomptable. Brider et incontrôlable.

Complètement paumée, je le repousse alors que je n'ai qu'une envie. Celle qu'il recommence. Encore et encore. Accroché au pan de sa chemise, je bloque mon regard perdu dans le sien.

— Tu joues à quoi ?

— À rien. J'essaye de réactiver ta mémoire !

— Je n'ai rien oublié de ton dernier baiser...

Une étincelle brille dans ses iris redevenus noisette. Un espoir en attendant que je termine ma phrase. Il est suspendu à mes lèvres. Ses mains me tiennent toujours de chaque côté de ma taille. Ses doigts impriment son impatience dans mon épiderme. Le contact est chaud et passe la barrière du tissu fin de ma combinaison. Je me sens bouillir de l'intérieur. C'est un véritable brasier que Reed vient d'allumer en m'embrassant.

Juste un baiser.

Pourtant je dois tenter de faire abstraction de toutes ces émotions, qui sont dangereuses.

— ... Même s'il remonte à sept ans.

Bien sûr, il m'a embrassé hier, mais comment le comparer au tout premier qu'il m'a donné dans ma chambre. Sur mon lit, alors que nos corps étaient entrelacés, que je voulais qu'il soit mon premier. Celui-là d'événement est classé dans mes « souvenirs précieux » et jamais, au grand jamais, je ne l'oublierai.

Ses mains se crispent et cette fois-ci la douleur ajoute une brûlure à la combustion qu'il a fait naître en moi. Ses mâchoires se serrent, se contractent et il va finir par se péter une dent s'il continue à les maltraiter ainsi.

Alors je laisse aller mes doigts sur son visage tendu. Je caresse chaque muscle facial pour tenter de les détendre. Pour gommer cette contrariété qui me bouleverse. Pour masquer cet air réprobateur, qui souligne ses lèvres, que je voudrais encore embrasser.

— Ce n'est pas un bon souvenir pour toi ?

Ma voix est aussi douce que le sont mes caresses sur son menton, ses pommettes. Sur son front, qui se détend petit à petit pour effacer ces rides d'expression qui le barrait.

— Si, ma Libellule, mais il n'est pas le seul.

— Je n'ai en rien oublié celui d'hier, mais je n'ai pas encore eu le temps de le classer.

BAD BOY or BOSS | TerminéeWhere stories live. Discover now