Et si l'histoire commençait... Ici

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   La nuit était tombée depuis longtemps et pourtant je me battais toujours pour trouver le sommeil. Ma lampe de chevet toujours allumée, l'ampoule diffusait un halo chaleureux et relaxant, mais pas assez pour me détendre entièrement. J'avais l'impression d'en savoir trop, à votre avis, que ferait un voleur s'il savait qu'on l'avait aperçu ? Je ne préférais pas savoir.

   Étendue sur ma couette, les mains croisées sur le ventre, je me concentrai sur ma respiration et tentai de détendre mes muscles, seulement, l'angoisse me crispait et je ne cessais de contracter la mâchoire. Je me rappelai de la dernière fois où j'avais ressenti une telle peur : cela faisait bientôt deux ans, et pendant deux mois je n'avais pas été capable de dormir une nuit complète, Axelle, ma meilleure amie, et moi, avions regardé un film d'horreur et je ne m'en étais pas remise avant longtemps. Je souris à ce souvenir mais fus sortis de ma rêverie très rapidement lorsqu'un bruit anormal retentit entre les murs de ma chambre : quelque chose était tombé au sol, sur le pas de ma porte, dans le couloir. Je me redressai vivement et posai un pied au sol, je me ravisai à aller jeter un coup d'œil au travers de la serrure et m'enfouis sous la couette très rapidement tout en éteignant la lumière. Le couloir n'était pas allumé, ça ne pouvait donc pas être Mamie qui ne verrait rien ou encore moins Papi. Une sueur froide parcourut ma nuque, mon dos, mes reins : j'avais peur. Était-ce le voleur ? Ou l'un de ses acolytes ? Pire encore, le gang tout entier! Je fermai les yeux et serrai les poings le plus fort possible, m'obligeant à penser à autre chose qu'à l'individu qui errait derrière ma porte. Bien sûr, ce fut impossible et j'attendis sous la couette, les yeux grands ouverts, que le silence se fasse. En effet, il pesait dans la maison depuis longtemps déjà mais je ne cessai de croire qu'un autre fait allait se produire, perturbant une nouvelle fois ma nuit déjà bien gâchée. Mais rien n'eut lieu...

                                                                                               ***

- Lou ?

   Fatiguée, je grognai en m'extirpant de mon lit et ouvrit à Odette qui s'apprêtait à entrer.

- J'en connais une qui a passé sa nuit sur l'ordinateur !

   Je fis comme si de rien n'était et lui affirmai que je serai en bas dans cinq minutes. La porte refermée, j'ouvris ma fenêtre et aérai ma chambre tout en repensant à ma nuit plus qu'étrange. Il fallait que je sache, il fallait que j'en parle. J'enfilai un pull et descendis, résolue à obtenir des réponses.

***

- Non, j'me suis pas levée cette nuit, pour une fois ! Pourquoi cette question, ma chérie ?

   J'inclinai la tête sur le côté et plissai le front.

- Euh... Pour rien ! Juste comme ça !

   Papi Jo nous rejoignit dans la cuisine et s'assit à la table, en face de moi.

- T'as encore entendu un loir, c'est ça ?

   Je ris nerveusement et répondis négativement.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Grogna Jo, dépliant son journal.

   Odette, un sourire narquois bombant sa pommette droite, plaça ses poings sur les hanches et lança :

- Ta P'tiote entend des « choses » !

   Étonnement, Jo ne releva pas et se contenta d'hausser les sourcils avant de reprendre sa lecture. Je terminai mon petit-déjeuner et proposai mon aide à Odette pour le ménage.

- Au fait, gamine !

   Avant de quitter la pièce, je me retournai et interrogeai Papi Jo du regard :

- Moi aussi, c'te nuit, j'ai entendu un bruit ! Comme une cuillère tombée sur le sol !

   Je confirmai son impression et m'apprêtai à sortir pour de bon :

- Mais... ça devait être Coussin, le chat !

   Je souris et m'en allai, « Ouais, ça ne devait être que lui ! », évidemment !

                                                                                             ***

  Ils savaient, ils savaient tous! Villageois, grands-parents, tout le monde ici semblait être au courant de l'identité de ces voleurs. Mais alors, pourquoi faisaient-ils les ignorants? Pour me protéger? Me protéger de quoi? Ce ne sont que des voleurs, n'est-ce pas? Le visage sombre, je faisais les cent pas dans la salle à manger, dos à la baie vitrée. Jamais je n'avais été aussi préoccupée par un tel évènement, et je l'aurais été encore moins si je n'avais pas cherché à découvrir l'origine du responsable des craquements de feuilles dans le fourré l'autre jour! Je soupirai de nouveau et m'assis sur le sol, grattant nerveusement les cuticules de mes doigts.

- Bah alors, Lapin?

  Je me retournai, surprise:

- Papi!

  Il s'approcha de moi et, les mains dans les poches, fixa le fond de son jardin assombri par la nuit qui venait de tomber.

- Qu'est-ce que tu fabriques, toute seule, assise sur le sol?

 Je haussai les épaules et me relevai, gênée de mon attitude.

- J'allais me coucher, à demain!

  Jo m'ébouriffa les cheveux et me souris, je l'aimais bien mon Papi, il ne parlait pas beaucoup, mais au moins, ses rares paroles n'étaient pas à ignorer. Bien qu'il plaisantait très souvent! D'un pas silencieux et hésitant, je montai les marches et me rendis à ma chambre, cette nuit-là, je fermai la porte à clef et pris soin de fermer les volets. Je devais dormir, dormir en paix, sans rêves, sans bruits étranges, sans peur.

                                                                                               ***

  Un cliquetis répétitif, quelques craquements et je me réveillai une nouvelle fois en plein milieu de la nuit. À tâtons, je cherchai l'interrupteur de ma lampe de chevet, mais étrangement, je le trouvai plus éloigné que d'habitude, je m'avançai un peu et découvris ma tête de la couette, seulement, je remarquai que les volets étaient ouverts et pus distinguer, dissimulé dans l'ombre au fond de la pièce, entre l'armoire et la commode, une silhouette. Je ne cherchai pas à gesticuler d'avantages et retins un cri de surprise en plaquant ma paume contre ma bouche. Bientôt, je n'entendais plus que les rapides battements de mon cœur et me reculai le plus possible contre le mur, mon corps tout entier tremblotant. Je ne perdais pas des yeux la silhouette qui semblait me fixer et une fois coincée entre le mur et le risque de me faire attraper par je-ne-sais-qui ou bien pire encore, je ne pus retenir mes larmes. La silhouette sembla s'activer et se redressa de toute sa hauteur, en silence. Et là, je le reconnus. Il s'agissait bien de l'homme qui s'était enfuit dans les bois, du voleur! Il s'avança au centre de la pièce et je pus apercevoir son masque grâce à la faible luminosité que dégageait la lune, il portait bel et bien le même que la dernière fois. Paniquée, je me recroquevillai du mieux que je pus et plissai les yeux, des larmes coulant de plus bel sur mes joues, le suppliant du regard. L'homme, toujours silencieux, s'approcha de nouveau et lorsqu'il fut à moins d'un mètre de mon pauvre corps secoué de sanglots, se pencha vers mon visage et murmura:

- Il serait préférable que tu te rendormes...

  Tout se passa très vite, il plaqua brusquement un tissu imbibé d'un liquide froid sur le bas de mon visage et me tint la nuque, pressant fort la cotonnade humide. Je ne tardai pas à faiblir et n'eus le temps de crier que je sombrai déjà... Dans un profond sommeil.

  Merci d'avoir lu, j'espère que le début de la fanfiction vous plait, n'hésitez pas à me le faire savoir!

  Lucie Draw

Il était un automne... [Creepypastas]Where stories live. Discover now