L'attente (1ère Partie)

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Les murs d'une ville ne restaient jamais neutres bien longtemps. Même s'il s'agissait d'un immeuble neuf. Ce matin, à l'aube, un homme en combinaison bleue, portant une casquette de même couleur sur son crâne dégarni, avait parcouru de long en large et en travers la petite ville qui, autrefois, abritait trois adolescents, amis depuis un moment. L'homme avait sorti de sa boge une liasse d'affiches qu'il s'était mis à placarder sur de nombreux murs, tagués ou non, récents ou pas. Sur chacune : trois visages.

Trois visages qui affichaient une expression enjouée.

Trois visages que nous n'avions plus vus depuis longtemps.

***

- Ici, la salle de spectacle ! Ah ah ! Par-là, les coulisses ! Mais ça... Ah ah... Vous n'y accéderez que plus tard ! Pour l'instant, passons à ce qui... Aaah... doit être notre tâche principale...

Le clown défit sa parure de plumes et la suspendit délicatement au porte-manteau qui trônait au milieu d'un bric-à-brac mêlant accessoires de parade et costumes à paillettes. Il joignit ses mains griffues et poussa un énième soupir avant de se tourner brusquement vers le duo d'adolescents qui tremblait de se retrouver dans un tel endroit, à la fois magique et lugubre. Les tentures du cirque, rayées à la verticale, teintes de noir et de blanc, apportaient au lieu une immensité surréaliste. Malgré le manque crucial de couleur pour un cirque, de nombreuses façades étaient maculées d'éclaboussures douteuses, allant du rouge vif au noir. La salle de spectacle, comme présentée plus tôt, semblait s'étendre sur des dizaines et des dizaines de mètres. Comment un cirque aussi gargantuesque pouvait-il passer inaperçu aux yeux de nombreuses personnes ?

Pourquoi n'en avait-on jamais parlé ?

Parce qu'il n'était pas commun aux autres cirques. Les spectacles proposés étaient-ils similaires aux autres ?

Non, bien sûr que non !

- Allons, allons ! Ne vous laissez pas distraire par la beauté de mon royaume... Le temps presse mes amis ! Hé hé hé...

Laughing Jack, malgré ses ricanements incessants, semblait... perturbé ! Une pointe d'amertume accentuait le sarcasme de sa voix, la rendant plus effrayante encore ! Agacé par le manque de réaction de ses « invités », il les rejoignit à grandes enjambées et les poussa jusqu'à une porte en bois peinte de rouge, dont la poignée et l'encadrement étaient faits de bronze noir. Il leur fit signe d'attendre « deux minuscules secondes » et se volatilisa, revenant l'instant d'après avec un Jeff en furie sur son épaule :

- Les trapèzes sont pour les artistes ! Or...Tu n'en n'es pas un ! Jeffrey...

Le gamin grommela quelques injures à l'égard de son ami et finit par se calmer, préférant être reposé au sol.

- Après cet entretien avec... Euh...

- Slenderman ?

- Oui ! Voilà ! Après cet entretien avec... lui ! Vous nous libérerez n'est-ce pas ?

Une lueur d'espoir naquit au sein des yeux de Fred, sa tempe drôlement palpitante dévoilant son état de stress. Il espérait ! Il espérait grandement être libéré !

- Bien sûr ! Bien sûr qu'on vous relâchera ! Mais cependant... Il faut y aller ! Hé hé hé !

Un cliquetis se fit entendre et la porte face à eux s'ouvrit.

Malheureusement, elle ne donnait accès à rien.

Peut-être à un néant.

A un trou noir vide et sans fin.

Une main des plus glacées s'appuya dans leur dos et Axelle et Fred, hurlèrent en chœur, après avoir été propulsés en avant, tombant dans les profondeurs de cette pièce obscure et sans limites.

Il était un automne... [Creepypastas]Where stories live. Discover now