Who were you?

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- Parfois, j'ose penser que nous ne la retrouverons jamais...

- Comment peux-tu être aussi défaitiste, Anton ?

- J'aimerais ne pas l'être! Mais j'ai le sentiment qu'il lui est arrivé quelque chose d'inexplicable...

Hélène abattit son poing sur la table, ébranlant son bol de café froid. Elle plongea son regard sombre dans celui de son mari et maintint ce contact jusqu'à ce qu'il se détourne d'elle, de son visage fatigué, émacié, aussi dur que la pierre.

- Tu-n'as-pas-le-droit-de-penser-ça ! On va la retrouver !

- Mais enfin'

- ANTON !

Le bol vint percuter la surface lisse du sol et se brisa en mille morceaux, du café se répandant sur le carrelage. Soudain, Anton fit demi-tour et se précipita vers sa femme dont les joues se retrouvaient baignées de larmes. Mais au lieu de la serrer contre lui, il la saisit fermement par les épaules. À son tour, il transperça son regard du sien, plus clair.

- Hélène... Une organisation secrète ! Secrète, hein ! A été contactée pour la retrouver ! Ce n'est pas un détail ! C'est loin d'être anodin ! Lou n'a pas été enlevée par n'importe qui... Mais par... Une secte, que sais-je ! Une organisation déjà traquée auparavant... Et nous n'avons plus de nouvelles depuis des jours... Niet !Nada Hélène!

- Mais... ça ne prouve pas que tout est terminé...

Anton fronça les sourcils puis, remarquant que ses phalanges se crispaient sur les clavicules de sa femme, il les retira rapidement de sa peau d'albâtre comme s'il venait de s'y brûler. Il garda un œil sur elle, l'observant ramasser les débris de son bol cassé, ses pieds nus trempant dans le café renversé.

Puis en silence, il se détourna de sa silhouette accroupie, secouée de sanglots, assourdie par les battements de son cœur trop lourd.

***

" Les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon cœur d'une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure, je me souviens des jours anciens et pleure."

Merci, Verlaine. Lou aurait aimé te lire encore.

***

- Peut-être qu'ils se sont trompés...

- Que veux-tu dire ?

Jo releva la tête, le regard vide. Il toisa son fils quelques instants avant de lui reposer la question avec appui.

- J'entends par-là que... peut-être que ma fille n'a pas été enlevée, finalement. Peut-être qu'il s'agissait bel et bien d'une fugue !

- Hé ! Fiston... Pourquoi ce raisonnement ?

Anton Farge n'accorda pas un regard à son père, préférant fixer un point invisible, perdu entre deux cèdres.

- Lou a toujours été très discrète, peu bavarde... Je me demande si Hélène et moi n'avons pas échoué quelque part...

L'aïeul se tut, préférant laisser son fils continuer son récit, simplement parce qu'il ne pouvait pas l'interpeller sur ce sujet-là. Sur Hélène et lui.

- Hélène... Je ne l'ai jamais cernée complètement... Elle a toujours été un véritable mystère pour moi ! Froide, distante, puis souriante... Mais toujours silencieuse. T'sais Papa ! Quand je la vois maintenant, effondrée, accablée, hurlant à pleins poumons qu'elle retrouvera sa fille un jour... j'ai l'impression de la découvrir ! De voir qui elle est vraiment ! Pas toi ?

Le barbu soupira longuement, cachant ses lèvres sous sa grosse main ridée, rougie par le froid. Puis il lui répondit, tout aussi démuni que l'était son fils.

Il était un automne... [Creepypastas]Where stories live. Discover now