Le maître

820 86 49
                                    


Au secours ! Faites que je me réveille ! Que tout cela se termine au plus vite ! Par pitié ! Aidez-moi...

Maman, Papa, êtes-vous là ? Croyez-vous toujours à mon retour ? Mamie, Papi... Pensez-vous toujours à moi ? S'il vous plait... Croyez-y encore. Ayez espoir. Donnez-moi une dernière impression de vivre encore, d'être belle et bien là, parmi vous, dans votre cœur. Car ici, à chaque instant, j'ai l'impression de mourir cent fois, de succomber mille fois à mon asthme, de me noyer dans ma cellule. Je me suis perdue... Où ça ? Je ne sais plus. Dans mes cauchemars ? Peut-être. Mais ils sont bels et bien réels, eux, ils mettent tout en œuvre pour me rendre folle, ils veulent que je devienne l'une des leurs, une tueuse, une psychopathe, un monstre. Non, je n'exagère pas ! Enfin, je ne crois pas... Je ne sais plus.

***

- Un délai de trois jours ? Trois putains de jours pour la retrouver ! Il a craqué Mister Poulpe ! Et puis à quoi ça sert ?! Cette meuf est incapable de nous servir ! Ça fait combien de temps qu'elle est là ? Deux semaines, j'sais pas ! Et elle ne fait rien... Elle se bat pas, elle tue pas. Tss... Stupide décision !

Et le garçon défiguré continua de déblatérer toutes sortes de critiques sur la rouquine, absente depuis deux jours déjà. Il ne tenait plus compte de la grotesque marionnette décolorée qui l'accompagnait, préférant se plaindre et geindre en faisant de grands gestes. Pourtant, les clowns étaient réputés pour ne pas garder leur langue dans leur poche ! Isn't it ?

- Jeff, Jeff, Jeff... Cesseras-tu un jour de te plaindre ? Voilà presque quatre ans que je te connais et jamais tu n'as cessé de remettre en cause un quelconque problème, conséquent ou non d'ailleurs !

- Jack ! Tu vas pas me faire croire que tu l'apprécies ! Si ? Elle sert à rien.

Le clown échappa un rire discordé faisant s'envoler des branches des pins alentours quelques corbeaux rouspétant pour avoir été dérangés.

- Je te ferais remarquer qu'il n'y a pas grand monde qui semble l'apprécier ! Mais disons qu'elle me plait bien, à moi... Ahahah ! Elle a de beaux... Deux bons poumons ! Uhuh...

Les compères rirent en chœur, brisant le calme naturel de la forêt. Malgré leur débat interminable sur l'intégration de Lou, ils ne restaient pas moins déconcentrés sur leur mission : la retrouver. Bien sûr, ils ne partaient pas sans indices ! Miss P. et ses dons de voyante les avaient mis sur la voie : Lou devait probablement se trouver au Nord de la forêt. Qu'y avait-il au Nord ?

***

- Putain mais j'ai faim !

- Arrête de te plaindre ! Tiens ! Prends un bonbon, sale gosse !

- Tu sais où tu peux te les foutre, tes sucreries ?!

- Très bien. Alors tu n'as qu'à attendre !

- Attendre quoi ?! Le déluge peut-être ? J'ai faim, point barre ! En plus j'me plains pas ! Je constate.

- Tu constates en gueulant.

- Peut-être, mais je reste affamé.

- Je te signale que si Môsieur s'était gardé de dévorer à pleines dents le déjeuner-dîner-petit-déjeuner préparé si gentiment par Miss P. en trois minutes, il n'en serait pas là à crier famine au plein milieu d'une forêt.

L'ado se renfrogna, croisant les bras sur sa poitrine, levant exagérément le nez en l'air tel un gamin en pleine crise. Il stoppa sa marche et s'adossa au tronc d'un arbre, refusant d'aller plus loin.

Il était un automne... [Creepypastas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant