De la peur nait l'erreur

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Pour le plaisir du lecteur, leur histoire fut courte.

Hélène avait une jumelle. Son nom ? Sarah.

Brunes, le nez droit, le regard sombre, des sourcils froncés dissimulés par les montures de leurs lunettes ; elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.

Toutefois, elles étaient bel et bien différentes.

Sarah était malade.

Et Hélène était là, pour elle, la suivant comme son ombre. Elle lui portait toujours son aide, elle lui offrait sa main pour qu'elle puisse marcher, l'attendait près de son lit lorsqu'il lui était difficile de se lever.

Finalement, leurs parents n'avaient eu qu'une seule et même enfant. Une petite fille à l'ossature si fragile, qu'elle avait eu besoin d'un double pour accomplir les quelques pas qui lui permettaient de franchir les grilles de l'école. On avait oublié Hélène.

- Nos parents n'avaient pas le temps, ni l'argent d'ailleurs ! Sarah était malade et elle n'avait que moi ! Et tu sais ce qu'ils ont fait ? Tu le sais, Jack !

La voix tremblotante, Hélène pointa un index sur le clown qui se tenait sagement assis dans l'un des fauteuils du salon des Farge, les débris de la porte gisant à ses pieds. L'air mesquin qu'il affichait lors de son arrivée s'était muté en un faciès sérieux, dénué de tout sourire.

- Tu sais ce qu'ils nous ont fait, nos propres parents, à Sarah et moi ? Ils nous ont séparées ! Du jour au lendemain, je n'ai... Plus-jamais-revu-ma-jumelle ! Les services sociaux m'ont emmenée dans ce foyer pour enfants, et ma sœur a été envoyée dans un hôpital... Tandis que nos deux ivrognes de parents récupéraient le fric qu'ils avaient fournis pour ma sœur... Alors tu parles, Jack ! Je n'avais que faire d'un clown qui grimpait à la fenêtre de mon dortoir pour me terrifier... Le devenir de ma sœur me terrifiait déjà bien assez pour qu'il y ait autre chose...

Elle agrippa ses épaules décharnées, sa peau couverte de frissons avait perdu de son éclat depuis bien longtemps. Secouée par les sanglots, elle tituba avant de rejoindre le canapé pour se laisser tomber dedans.

- As-tu fait la même chose avec ma fille ? As-tu cherché à la terrifier ?

Hélène plongea ses yeux sombres dans ceux du clown ; ils étaient clairs, lumineux, on aurait dit deux billes de verres.

- Non, ta fille était trop vieille pour que je cherche à l'effrayer'

- « Était » ? Où-est-Lou ? As-tu cherché à te venger de moi, en l'enlevant ?

L'entité se pencha en avant, ses lèvres noires s'étirant en un sourire moqueur.

- Ce n'est pas moi qui l'ais enlevée, chérie. Et puis, à quoi bon se plaindre ! Ta fille est devenue la première Dame de notre Monde !

- Comment ça ? Et de quel Monde parles-tu ?

Contre toute attente, Hélène se laissa glisser au sol, le visage sombre. Elle s'agenouilla aux pieds de Laughing Jack, et joignit ses mains devant elle, se mettant à prier.

- Aide-moi... Ma fille est tout ce que j'ai ! Elle est si pure, si belle... Mais elle est malade. Lou est malade, comme Sarah l'était. Et je me refuse... Je me refuse de perdre quelqu'un une nouvelle fois !

En un bruissement de cape, Jack quitta le fauteuil puis le contourna afin de pouvoir s'accouder au dossier, contemplant Hélène et sa posture vulnérable, qui relevait son visage baigné de larmes. Une voiture passa devant la demeure, attirant l'attention de Jack qui détourna la tête.

Il était un automne... [Creepypastas]Where stories live. Discover now