Décisions

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Alors que Zalgo faisait les cent pas dans le petit salon qui jouxtait sa chambre personnelle, Charly se contentait de l'observer d'un regard absent, son visage toujours marqué par les coups de son ami, tandis que son père, Abraham, se tenait droit dans son fauteuil. Il lorgnait la tignasse blonde qu'arborait le jeune homme qui, contrairement à lui, était totalement affalé sur un boudoir.

Zalgo se planta devant eux, les poings sur les hanches, l'air grave.

- Comme vous le savez, Abraham, je vais être père.

Charly se redressa brusquement, les yeux écarquillés :

- Quoi ?! Zagi' ! Comment as-tu'

Mais l'Empereur le fit se taire d'un geste de la main. Aussitôt, il se renfonça dans son siège sous le regard méprisant de son père.

- Tu l'aurais su si tu ne t'étais pas absenté de nouveau, fils.

- Pardonnez-moi, père, mais moi je suis encore jeune, et c'est à moi que l'on confie les missions, pas à vous !

- Si j'étais toi Charly, je la fermerais...

Le vampire contempla son ami qui se tenait au rebord de la fenêtre. Sa voix était rauque et hésitante ; rien à voir avec son ton habituel, son assurance arrogante.

Quelque chose clochait.

- Comme prévu Abraham, je vous charge de retrouver mon descendant. Du moins, de me le ramener lorsqu'il sera temps... Vous et moi savons où il se trouve, et je ne remets pas en doute vos capacités pour ce genre de devoir !

- Je vous remercie, Sire.

Abraham se pencha en avant afin de saluer l'Empereur puis se redressa difficilement, évitant soigneusement le regard moqueur de son fils qui ne pouvait s'empêcher de rire face à ses salamalecs.

« Si vous étiez aussi respectueux envers moi, père... »

Charly sortit de ses pensées lorsque Zalgo posa les yeux sur son visage encore ébréché par ses coups.

- Inutile de t'annoncer que tu ne participeras pas à ce genre de mission, Charly.

- Bien entendu, Sire ! Je me ferai un plaisir de rester ici, mon derrière posé sur ce siège, les pieds en éventail... Hé hé hé...

Abraham lui jeta un regard noir, ses poings si serrés que ses longs ongles crochus perforaient la chair de sa paume couleur de nacre. Mais Zalgo, qui avait remarqué la tension entre les deux individus, stoppa le jeu d'un raclement de gorge et intima à Abraham qu'il pouvait disposer.

Lorsque le vieux vampire eut quitté la pièce, le démon bondit sur le dossier du boudoir sur lequel était affalé son ami, le regard vide. Il le contemplait d'un œil suspicieux, cherchant le moindre détail qui justifierait son attitude provocatrice.

Comme son regard fuyant, ou la présence de ce creux entre ses sourcils clairs.

- Hé ! Qu'est-ce qu'il t'arrive Charly ?

- Et toi... Il t'arrive quoi aussi ?

Zalgo leva un sourcil, le menton en avant.

- Tu l'aimes ?

- De qui tu parles ?

- À ton avis, Zagi' ! De l'enfant d'chœur dont la disparition te rend si aigri !

- Ah ah ! Ne me dis pas que tu parles de Liu, là ? Il a autant de place dans mon cœur, que ton père n'en a dans le tien !

Le blond releva les yeux, détaillant le visage de son ami qui avait pris un air moqueur.

Il était un automne... [Creepypastas]Место, где живут истории. Откройте их для себя