La princesse ordinaire

680 73 30
                                    

Dans les contes de fées, les princesses finissent souvent, voire toujours, mariées à un prince. Un prince charmant, riche et même parfois intelligent ! Puis elles finissent leur vie tranquillement, en coulant des jours heureux auprès de leur mari adepte de chasse à courre et de dîners aux chandelles, tandis qu'elles préfèrent éduquer leurs enfants et traiter des sujets plus « maternels » avec leurs dames de compagnie.

Je détestais cette fin- là ! Elle restait puérile et candide.

" Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants... "

En effet, c'était à vomir, presque. Bien que les histoires d'amour me réconfortaient souvent, et me faisaient rêver, je restais insensible à cette phrase finale.

Sauf en ce moment, j'aurais bien aimé être à leur place.

« Tu la sens la fin, n'est-ce pas ? »

« Dis-lui pas ça, Zalgo sera peut-être un mari parfait ! »

« Gamine ! Tu ferais mieux de prendre tes jambes à ton cou et de te tirer d'ici ! »

« Fuir n'a jamais été la meilleure solution ! »

Par pitié, Conscience, tais-toi donc une bonne fois pour toute ! J'étais cuite, je le savais. Seule face à cette immense porte en bois blanc, dans ce couloir vide de toute personne, je me tenais là depuis un moment. Je me sentais belle, mais niaise. Je n'avais que l'air d'une guimauve délaissée au milieu d'un plateau-dessert vide ! Et pourtant, j'attendais... Je pouvais très bien m'enfuir, mais je restais plantée là, sagement.

- Ma douce ?

Je ne me retournai pas à l'entente de cette apostrophe. Zalgo.

Il pouvait essayer de m'amadouer, rien ne marcherait ! Pas même son charme ! Qu'il aille se faire voir !

- Voyons, ma Lou... Ne sois pas si pessimiste ! Tout est si précipité mais...

- Mais... Mais rien du tout ! RIEN !

Je fis volte-face et me jetai presque sur lui, malgré mes mains tremblotantes et mon cœur battant à tout rompre! J'attrapai le col de son costume blanc et commençai à le secouer avec force ! Je regrettai immédiatement mon geste lorsqu'un groupe de cinq gardes armés de baïonnettes se précipitait vers moi, l'un d'eux tentant de m'éloigner de Zalgo qui ne semblait pas plus ébranlé que ça ! Quel con !

- Allons, allons, messieurs ! Pardonnez ma future femme ! Elle est un peu angoissée, comprenez- là !

Les hommes, tous vêtus de combinaisons noires, se replièrent et remirent leurs armes en place sur leur épaule droite. Ils hochèrent le menton et retournèrent à leur poste sans plus de complications. Mal à l'aise, je baissai la tête, remettant en place mes cheveux, mon pendentif, ma robe...

- Tu es magnifique.

Je contractai la mâchoire, manquant de m'en prendre à lui une seconde fois.

- Lou, pourquoi être si négative en ce jour qui est censé être le plus beau de ta vie ?

Mon menton entre ses doigts gantés de soie blanche, son pouce essuyant mes larmes, ses lèvres sur les miennes, ce chaste baiser qui devint un échange brutal, emplit de haine et de passion ! Ô Zalgo ! Je te haïs...

Du moins, j'espérais te détester autant qu'il n'en faut pour ne pas dire « oui ».

***

- Pourquoi m'avoir demandée en mariage ?

- J'aurais aimé te répondre avec de simples mots comme : « Parce que je t'aime ». Mais il y a une autre raison, ma mie.

- Laquelle ?

Il était un automne... [Creepypastas]Kde žijí příběhy. Začni objevovat