A cup of tea?

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- Son héritière ? Je suis très mal placée pour être... Enfin pour...

- Oh que si, Lou. Tu es la personne idéale.

- Mais enfin... Non ! Je ne connais rien à votre monde, je n'ai jamais tué qui que ce soit, je ne suis pas comme...vous !

Mon locuteur à cornes me saisit par le poignet et m'entraina hors de ma petite cellule, aussi appelée par Liu, mon « petit salon ». Nous parcourûmes de nombreux couloirs aux teintes sombres, puis traversâmes d'autres « petits salons » avant d'arriver au cœur d'un jardin couvert où mille et une plantes habillaient le verre granuleux de la voute qu'était le plafond. L'une des nombreuses servantes, que j'appellerais plutôt soubrette, se précipita jusqu'à moi pour m'aider à m'installer sur l'un des fauteuils de cuir pourpre que Zalgo me désignait de la main. Elle me servit une tasse de thé noir et me la tendit en m'adressant un sourire radieux. Je le lui rendis timidement avant de lui demander un sucre.

- Tu n'en n'auras pas besoin Lou, ce thé est bien meilleur sans !

Zalgo se tut puis me sourit, il fit un geste vague de la main, probablement pour indiquer à sa servante de s'en aller. Ou plutôt, de dégager!

- Bien, ici nous serons plus tranquilles et mieux installés.

Je gardais entre mes mains la tasse fumante mais ne l'approchais pas de ma bouche. Je levai vers Zalgo un regard noir et haussai les sourcils par simple provocation.

- Tout à l'heure, lorsque Liu t'a conduite auprès de moi, que nous avons fait connaissance, que je t'ai priée de me tutoyer ou bien de me traiter comme ton presque égal, tu m'as demandé de t'expliquer la raison pour laquelle j'avais ordonné à mon humble serviteur Offenderman, de te retrouver et de t'amener jusqu'ici ! Question que tu m'as d'ailleurs reposée il y a près d'une dizaine de minutes, si je ne m'abuse !

Je hochai vivement de la tête, ouvrant de grands yeux et dégageant les mèches rousses qui me barraient le visage, comme si elles m'empêchaient de tout comprendre. J'inspirai fortement et me redressai, prête à l'entendre. Pourtant, à la vue de mon changement d'attitude, Zalgo éclata de rire :

- Jolie petite poupée que tu es ! Attentive et consciencieuse, mais si inoffensive ! Quels monstres sont les sbires de Slenderman pour t'avoir autant perturbée ?

Son expression presque hilare changea trop brusquement pour qu'il y est un soupçon d'humanité dans cette magouille et se muta en un air sérieux mais attristé par quelques étoiles brillant au cœur de ses yeux, comme une pointe d'empathie.

- J'en suis sincèrement désolé. Ma Lou...

Je baissai la tête, gênée et confondue par ses paroles : était-il franc ? Non, pas le moins du monde ! Si ? Je l'ignorais. Je fronçai les sourcils et bus une gorgée de thé. En effet, la boisson était plus que satisfaisante ! Un vrai délice !

Nous restâmes silencieux quelques secondes jusqu'à ce que Zalgo vienne se placer à mes côtés, juste à mes côtés. Il me saisit une main et me força à le regarder, yeux dans les yeux. Comme la fève chocolat que l'on plongeait dans l'intense noir du café, ce noir imbuvable tant il était si fort, si concentré, si vertigineux. Zalgo inspira et se mit à me conter l'histoire la plus fantastique jamais entendue, le conte introuvable, inoubliable: mon conte.

- Notre monde a été fondé sur des mœurs peu attirantes... Nos ancêtres avaient un seul but, une seule raison de vivre, d'évoluer : le pouvoir. Ils souhaitaient conquérir votre monde à vous, les humains. Mais lorsqu'est venu mon temps de monter sur le trône, de prendre les commandes, les tiens avaient déjà pris conscience de l'existence potentielle d'un autre monde, plus sombre, plus bas que le leur. J'ai donc changé les règles du jeu, de mon jeu. Je ne cherchais plus à monter mon peuple contre le vôtre, ni à vous déclarer la guerre, mais plutôt à nous protéger !

Il était un automne... [Creepypastas]Where stories live. Discover now