Apprends-moi/fan-fiction camren

Partie 10

   Camila

Est-ce que j'ai rêvé ce qui vient de se passer ?

Après avoir eu chaud dans les bras de Lauren, je grelotte, dans mon paréo mouillé.

Je ne comprends pas ce qui vient d'arriver. J'ai failli couler. Lauren s'est précipitée pour me tirer de l'eau et s'est montrée des plus attentionnées. Puis elle m'a envoyée promener sans autre forme de procès. Et si je n'avais pas vu une immense tristesse au fond de ses yeux, je l'aurais rembarré aussi sec en la priant d'aller se faire voir une bonne fois pour toutes. Mais elle a eu l'air si bouleversée que les mots m'ont manqué. Qu'est-ce que j'ai dit de si terrible ? Qu'est-ce qu'elle cache, cette cicatrice, pour la mettre dans un état pareil ?

- Camila ! Sofia ! Rentrez, vite !

Un peignoir de bain en forme d'ours à la main, Clara court vers moi. Les nuages s'amoncellent, le tonnerre a commencé à gronder. Je ne m'en suis même pas aperçue.

Au milieu de la piscine, Sofia non plus n'a rien remarqué, trop occupée à jouer.

- Pourquoi on ne peut pas jouer encore, Clara ? proteste-t-elle en sortant de l'eau.

Clara revêt Sofia de son peignoir et la frictionne en l'entraînant vers la maison, suivie de Léo qui arbore toujours sa bouée.

- Parce qu'il va pleuvoir !

- Je suis déjà mouillée !

- Tu vois bien que la tempête se lève !

- Justement ! Léo et moi, on jouait aux naufragés.

Installée au salon, je me sèche distraitement. Toute mon attention est portée sur le ciel. S'obscurcissant de minute en minute, il devient rapidement noir comme en pleine nuit, et des torrents de pluie s'abattent soudain sur la maison.

Et dire que Lauren est là-dessous... Je l'ai vu partir à moto. Clara a tenté de l'en empêcher. Là, je la comprends. C'est hyper dangereux de sortir à moto par ce temps. Qu'est-ce qui la pousse à faire ça ? Est-ce que c'est le genre de meuf qui a besoin de sensations fortes pour se sentir exister ?

J'ai l'impression de jouer un jeu dangereux, moi aussi. Alors que Lauren venait de m'envoyer balader de la plus incompréhensible des manières, je n'avais qu'une envie : partir avec elle. Monter derrière elle et serrer mes bras autour de sa taille, me retrouver proche d'elle comme au bord de la piscine. Tout mon corps a tressailli quand nous nous sommes retrouvées côte à côte. Dans son regard, il y avait une lueur à la fois douce et sauvage, qui m'a touchée jusqu'au plus profond de moi-même.

Et rien que d'y penser, j'ai l'impression de sombrer dans l'inconnu.

Personne ne m'a jamais fait cet effet-là.

On fait quoi dans ces cas-là ?

Bientôt, les éclairs s'abattent sur le jardin, immédiatement suivis de roulements de tonnerre. Sofia s'approche de moi et glisse sa main dans la mienne.

- Elle est partie où, Lauren, avec sa moto ? chuchote-t-elle après s'être assuré que notre père n'est pas dans la pièce.

Inutile d'ajouter les foudres de notre père à celles de l'orage.

- Je ne sais pas, Sofia.

- Elle a pris un parapluie ?

- Je ne pense pas.