Partie 41

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   Camila

La porte de la cuisine vient de s'ouvrir. Alejandro et Clara entrent, suivis de Sofia et Léo.

- Bonjour vous deux, vous êtes déjà debout, lance Clara, rayonnante.

En l'occurrence, je suis assise. Ma discussion avec Lauren m'a coupé les jambes et je me suis laissée tomber sur une chaise, à côté de la table. Lauren et moi grommelons toutes les deux un « bonjour » maussade qui laisse penser que nous venons tout juste de nous réveiller.

À la radio, un animateur explique que la tempête qui a soufflé sur Cuba cette nuit a fait de gros dégâts dans le sud de la région et il énumère les dommages. Alejandro jette un œil dans le jardin et dresse à son tour le bilan de la nuit.

- Ce n'est pas non plus la fin du monde, conclut-il, surtout si on s'y met tous.

Dans le jardin, peut-être pas, mais dans ma tête, c'est autre chose.

Mon père se sert un café et s'assoit à table. Clara fait griller des toasts. Sofia se verse des céréales. Je jette un œil à la pendule, il est 10 heures. C'est la première fois que je vois mon père se réveiller si tard et ne pas avoir l'air pressé de suivre un emploi du temps militaire.

Tout le monde est autour de la table et il n'y a pas de tension. À part celle qui grésille entre Lauren et moi. Mais celle-ci, elle ne compte pas, puisqu'elle n'a pas le droit d'être.

À la fin du petit déjeuner, tout le monde est réquisitionné pour remettre le jardin en état. Lauren fait équipe avec Sofia pour ramasser les branches dans la partie qui donne sur l'océan. Moi, je me dirige vers le coin opposé.

Je vais considérer que je suis en quarantaine. Il faut que je m'efforce de me tenir loin de Lauren le temps que ma décision soit bien solide et que mon cœur ne se mette plus à battre n'importe comment dès qu'elle paraît.

À l'autre bout du jardin, Sofia ne quitte plus Lauren d'une semelle et elle semble rassurée sur l'absence de relation entre son idole et moi. J'espère seulement qu'elle n'éprouvera pas le besoin d'en parler à Clara... Léo semble avoir oublié la scène de la veille, lui aussi. Il mordille le bas du pantalon de Lauren comme pour la supplier de jouer avec lui.

Je tente de m'accrocher aux visages détendus et souriants d'Alejandro et Clara pour me conforter dans l'idée que j'ai fait le bon choix. La nuit que nous avons passée marque clairement le début de quelque chose. Je me débrouillerai pour faire taire ce que je ressens. Et j'y arriverai.

J'y arriverai ?

Un éclat de rire de Sofia me fait lever les yeux vers Lauren, qui porte un transat au-dessus de la tête. Je ne sais pas ce que lui raconte Lauren, mais la petite rit aux larmes. Moi je vois plutôt la silhouette musclée et féline de Lauren. Ensuite, elle hisse Sofia sur ses épaules pour que celle-ci détache elle-même une branche qui pend à un arbre. Avant de la faire descendre, elle la fait tourner comme un avion.

Un sentiment amer me traverse. La parenthèse de sensualité se referme, adieu, les shoots d'émotion. Je viens de troquer tout cela contre une situation calme et rassurante. Et j'en ai besoin.

Pourtant, je souffre quand je tourne les yeux du côté de Lauren.

Soudain, mon père s'approche de moi, les sourcils froncés ; il semble préoccupé.

- Camila, je veux te dire quelque chose, annonce-t-il.

Il me débarrasse des branches que je portais et les jette sur un tas qui sert pour le feu de bois.

Apprends-moi/fan-fiction camrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant