Apprends-moi/fan-fiction camren

Partie 11

   Camila

A l'heure du dîner, Sofia et moi descendons prudemment l'escalier. On dirait que l'orage est passé, dehors comme dedans... Clara a retrouvé son air imperturbable. Mieux, elle sourit en sortant un gratin du four. Et mon père chantonne en préparant une salade. A débarquer comme ça, on jurerait qu'il ne s'est rien passé. Ou alors j'ai loupé la réconciliation. Je jette un coup d'œil du côté de Lauren. Elle met la table en silence.

- Lauren ! Tu t'assois à côté de moi, lance Sofia en tirant une chaise.

Perdu dans ses pensées, Lauren ébouriffe distraitement les cheveux de Sofia et s'installe à côté d'elle.

Le temps que je me retourne pour me laver les mains, tout le monde a pris place. Je suis la dernière à m'asseoir, et il ne reste plus que la chaise à côté de Lauren. Je m'approche, elle me jette un regard indéchiffrable, puis se tourne vers Sofia pour l'aider à nouer sa serviette. L'échange n'a duré qu'un quart de seconde, mais il a suffi à ce que mon cœur s'emballe. La proximité de nos corps me rappelle l'épisode de la piscine. Je n'ose plus faire un seul geste, de peur de me démasquer.

- Dans quelques jours, nous allons fêter notre anniversaire de mariage, annonce Clara, joyeuse, lorsque tout le monde est assis. Et nous en profiterons pour célébrer notre nouvelle famille !

- Et ce n'est pas une histoire de sang, mais de relations de confiance et de tendresse ! précise mon père.

J'ai beau faire un effort pour les féliciter et les remercier, j'y mets à peu près autant d'émotion que si je lisais la notice d'utilisation d'un grille-pain. Je sais que ces paroles sont la preuve d'une immense générosité : Clara me dit, à demi-mot, que je fais partie de la famille. Pourtant, je ne sais comment prendre cette annonce : ma famille, c'était ma mère et ma sœur.

A côté de moi, Lauren, qui aidait Sofia à couper sa viande, s'est figée. Son visage s'est brusquement décomposé et affiche une expression d'horreur.

- La famille, c'est quelque chose qui se construit, malgré les disputes, explique Clara en regardant sa fille dans les yeux.

Le visage affreusement pâle, elle repose bruyamment ses couverts puis quitte précipitamment la table.

- Tu restes à la maison, ce soir ! ordonne Clara.

Comme sa fille ne répond pas, elle lui annonce placidement que, de toute façon, elle n'ira pas bien loin puisqu'elle a planqué ses clés de moto.

Pour toute réponse, la porte de la chambre de Lauren claque.

- Donc, reprenons, fait Clara comme si rien ne s'était passé. Pour cette occasion, Camila, je préférerais que tu t'habilles autrement qu'en rockeuse amateur. Le mieux serait que tu retires les horreurs dans tes oreilles et que tu t'arranges pour être classe. On ne fête pas halloween.

Je manque de suffoquer. Je cherche du soutien auprès de mon père, mais il est occupé avec Sofia qui s'inquiète de voir Lauren quitter la table.

Je me lèverais bien en claquant la porte, moi aussi. Une famille comme ça, je m'en passerais. Mieux, je n'en veux pas ! Ils peuvent la faire sans moi, leur fête de la famille recomposée B.C.B.G. ! Le problème, c'est que je suis coincée ici. Si je prends la porte, je me retrouverai sans rien du tout. Seule, sans appui, je n'ai qu'une seule solution : me taire et serrer les dents.

Le soir, dans mon lit, il m'est impossible de trouver le sommeil. Un immense sentiment de solitude s'empare de moi et je ne cesse de ressasser les paroles de Clara, rongeant mon frein, me promettant de ne rien céder. Exceptionnellement Sofia dort dans sa chambre avec Léo, et je descends chercher un verre d'eau, histoire d'arrêter de ruminer dans mon lit. Là, j'entends du bruit.