Partie 75

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Camila

Le lendemain, à l'aquarium, un coup d'œil au planning des salles m'apprend que je suis postée dans la partie tropicale. Je retrouve avec joie les poissons colorés des récifs coralliens. L'aquarium est encore peu fréquenté et cela me laisse un peu de répit pour observer les mouvements agiles des habitants à écailles du bâtiment.

Je commence à me sentir chez moi ici aussi.

Rapidement cependant, je piaffe d'impatience et fais les cent pas dans la salle. Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Dinah pour ma pause déjeuner, et j'ai hâte de retrouver mon amie.

Quand mon collègue vient enfin me remplacer, à 13 heures, je file plus rapidement qu'un banc de sardines. Dianh m'attend déjà devant l'entrée de l'aquarium. La blonde semble radieuse, et elle m'accueille avec une exclamation enthousiaste.

- Tu te rends compte ! s'écrie-t-elle en me prenant par le bras. C'est notre première pause déjeuner ensemble à New York !

- On en avait rêvé, tu t'en souviens ? lancé-je à mon tour.

- Bien sûr que je m'en souviens !

Avec un regard complice, nous effleurons toutes les deux la flèche que nous nous sommes fait tatouer sur le bras, signe du lien indéfectible qui nous unit.

- Trêve de rêveries..., dis-je. Je meurs de faim !

- J'ai justement repéré un petit bar, au coin de la rue, explique Dinah en indiquant une enseigne sur laquelle clignotent les mots « César at Home ! »

L'intérieur est chaleureux et sans prétention : tables de bois un peu écaillées, chaises en fer dépareillées, plantes vertes et cadres vintage.

Nous nous installons à la terrasse, à l'ombre d'un grand parasol qui nous abrite du soleil estival. Je soupire de bien-être. Ce moment représente plus pour moi qu'un simple déjeuner avec ma meilleure amie. C'est le symbole d'une nouvelle vie qui démarre et qui s'ouvre sur un avenir plein de promesses. Je vis avec Lauren, j'ai un travail, et je déjeune avec ma meilleure amie dans une ville qui nous a longtemps fait rêver.

- Alors ? demandé-je en fixant Dinah droit dans les yeux d'un air inquisiteur.

- Je crois que je vais prendre la salade César, jette-t-elle négligemment en jetant un œil au menu. On dirait que c'est leur spécialité. D'où le nom du resto, j'imagine. Et il se trouve que je n'ai jamais mangé de bonne salade César, alors...

- Je te parle de Darren ! la coupé-je en riant.

- Ah ! Darren... Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?

- Il se passe quelque chose entre vous...

- Hum... Je ne te dirai rien de ce qui se passe après 20 heures...

- J'en déduis que vos nuits sont torrides... Tout se passe bien, donc. C'est le grand amour ?

Dinah a soudain plongé le nez dans son menu, dissimulant son visage.

- Attends, Dinah, je rêve, là, ou tu es en train de rougir...

- Rougir, non, je ne pense pas. Je crois plutôt que j'ai pris un coup de soleil en t'attendant...

- Je crois surtout que c'est la première fois que je te vois changer de couleur... J'en déduis donc qu'il s'agit bien d'amour.

- Il est un peu tôt pour dire quoi que ce soit, reprend mon amie plus sérieusement. C'est un peu le coup de foudre... ça ne m'est jamais arrivé, je ne sais pas trop comment faire.

- Tu as l'air de gérer ça très bien, dis-je en souriant.

- Je préfère attendre, avant de m'emballer, confie-t-elle.

- Je me trompe ou t'es déjà un peu emballée... ?

Un air très sérieux passe sur le visage de Dinah. Cet air-là non plus, je ne le lui ai jamais vu.

- Oui, justement, je fais gaffe. Je ne voudrais pas me prendre une grosse claque, explique-t-elle. Mais pour l'instant, ça se passe bien. Assez parlé de moi. Et toi ?

- Moi, je pensais prendre la salade Lunch time, dis-je en l'imitant.

- Ça s'est passé comment avec Alejandro et Clara ? insiste-t-elle.

- Pas trop mal, dis-je.

- Ils ont fini par comprendre ?

- Comprendre, non. Ils sont toujours braqués contre nous. Mais ils ont accepté de me laisser voir Sofia. Et c'est tout ce qui compte finalement. On ne leur demande pas leur avis quant à notre relation. On s'aime, un point c'est tout.

Un franc sourire s'affiche sur le visage de mon amie, qui lève le poing en l'air.

- Je suis heureuse pour vous. Vous avez bien raison. Vous avez de la chance, dit-elle, songeuse.

Dinah sort alors une liste de sa poche. Elle me tend le papier.

- J'ai sélectionné les lieux qu'on doit absolument tester, maintenant qu'on est à New York.

Je souris.

- Des lieux branchés ?

- Exactement. Je suis sûre que Lauren, Darren, Matt et Theo seront ravis de se joindre à nous.

Je jette un œil à la liste et souris.

- On en a pour l'année, là, non ?

- On n'a pas quitté Los Angeles pour rien. On est à New York, Mila !

Mon téléphone portable interrompt ma lecture du top 75 des lieux incontournables selon Dinah. Je jette un œil au numéro et fronce les sourcils avant de reposer l'appareil sur la table, devant moi.

- Tu ne réponds pas ? demande Dinah intriguée. Il y a un problème ?

Je montre l'écran à Dinah en faisant attention de n'appuyer sur aucun bouton pour ne pas décrocher par erreur.

- C'est un appel masqué. Je ne peux pas savoir d'où ça vient. On a tenté de me joindre quatre fois depuis hier matin. De la publicité, probablement. Je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un qui veut me vendre des volets roulants, un climatiseur ou que sais-je encore, dis-je en haussant les sourcils.

- Si tu as reçu quatre appels, c'est peut-être important..., remarque Dinah.

- Si c'est important, on finira bien par me laisser un message !

- Il faut faire un peu attention tout de même, non ? Tu ferais peut-être mieux de prendre l'appel une bonne fois pour toutes, pour qu'on arrête de t'appeler...

Le téléphone a cessé de sonner.

- Trop tard... Tu sais qu'il y a une super exposition sur les baleines, à l'aquarium ? On pourrait y aller ensemble, ce soir...

- Ce soir, pas possible..., souffle mon amie un peu vite.

J'imagine que Darren a quelque chose à voir avec ça, mais je n'ai pas le temps de lui demander des explications, car nos salades arrivent et je meurs de faim.

A la fin de notre pause déjeuner, je regagne l'aquarium. Nous nous sommes promis de nous voir très souvent pour déjeuner, et cette vie me plaît décidément beaucoup.

Quand je pourrai faire des études, je serai vraiment retombée sur mes pieds...

Chaque chose en son temps, songé-je en me perdant dans la contemplation d'un banc de poissons-bagnards.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now